25 septembre 1939, bombardements massifs de Varsovie
Durant l’invasion de la Pologne, les Allemands procédèrent à de nombreux bombardements de la capitale. Ceux du 25 septembre 1939 se démarquent par leur violence et les dommages infligés à des cibles civiles.
Invasion de la Pologne par l’Allemagne et l’URSS
.En aout 1939, l’Allemagne nazie et l’Union Soviétique signèrent un pacte de non-agression assorti d’un protocole de coopération militaire et de partage de la Pologne. L’accord fut mis en application par Hitler le 1er septembre 1939 puis par Staline le 17 septembre. Les Allemands lancent 1,5 million de soldats, 3 500 chars et 2 500 avions. Les Soviétiques déploient 500 000 hommes, 4 700 chars et 3 300 avions. La Pologne ne peut pas rivaliser et est rapidement submergée sur tous les fronts, dans l’attente d’une intervention occidentale qui ne viendra pas.
La capitale, Varsovie, est une cible prioritaire pour les bombardements allemands. Dès le premier jour de la guerre, les agresseurs effectuent des raids sur la ville, à commencer par les aéroports et les gares. Cependant, les quartiers résidentiels et les immeuble d’habitation furent aussi visés. Les victimes civiles des premiers jours se comptent déjà en dizaines.
Après une semaine de combats, les troupes allemandes approchent de Varsovie et débutent son encerclement. Une partie de la défense anti aérienne, qui jusque là parvenait à infliger des dégâts à la Luftwaffe, est évacuée vers le sud. La ville devient à partir de là vulnérable aux raids aériens, d’autant plus que les Allemands ne se préoccupent pas des destructions et des souffrances infligées aux civils.
25 septembre, bombardement massif de Varsovie
.Les Polonais ne font pas partie des peuples à ménager, ils sont destinés à être colonisés puis éliminés. Leur culture doit être effacée : les aviateurs allemands reçoivent l’ordre d’attaquer le patrimoine architectural de Varsovie : le Château Royal, de nombreux palais et la vieille ville sont ainsi bombardés.
Les Allemands témoignent ainsi de leur volonté génocidaire. Le 13 septembre, jour de Roch Hachana, célébrant le nouvel an juif, les allemands bombardent les rassemblements religieux et notamment ceux ayant lieu au grand cimetière juif, y tuant plus de 130 personnes. Ils bombardent aussi les églises, les cathédrales, les hôpitaux ainsi que les centres pour réfugiés.
Alors que la résistance militaire polonaise avait quasiment cessée, une semaine après l’invasion soviétique, les Allemands n’étaient toujours pas parvenus à pénétrer dans la capitale. Afin de mettre définitivement fin à la volonté de la garnison de Varsovie, ils décidèrent de mener une puissante offensive aérienne le lundi 25 septembre.
La Luftwaffe effectua ce jour 1 200 sorties, lâchant environ 600 tonnes de villes. L’assaut était mené par Wolfram von Richthofen, cousin du „Baron rouge” Manfred Von Richthofen. L’objectif était clairement de semer la terreur parmi la population de la ville. Les Allemands utilisèrent la technique du tapis de bombes, devant ravager des zones entières. De nombreux hôpitaux furent détruits, entrainant la mort de centaines de patients et de personnels médicaux.
Par ailleurs, la Luftwaffe employa 50 tonnes de bombes incendiaires contre le centre-ville, provoquant de nombreux incendies. De par l’ampleur inédite des moyens utilisés et des destructions, ce jour entra dans l’histoire sous le nom de „lundi noir”. Au total, sur la durée des bombardements, entre 10 et 25 000 personnes furent tuées, plusieurs dizaines de milliers furent blessées, 10% de la superficie de la ville a été rasée et de nombreux bâtiments notables furent détruits ou endommagés, dont le Château Royal, le Grand Théâtre, la Philarmonie Nationale, l’Université de Varsovie, de nombreux palais, bâtiments gouvernementaux, musées et édifices religieux.
Les bombardements du 25 septembre, qui durèrent toute la journée, na laissèrent pas le choix aux autorités de la ville. Le 27, elles demandèrent un armistice et le lendemain, elles signèrent l’acte de capitulation de Varsovie.
Une occupation totalitaire et génocidaire est mise en place par les Allemands, qui verra l’extermination d’une grande partie de la population civile de la ville, dont la totalité des 300 000 Juifs qui y habitaient avant la guerre. Pendant l’Insurrection de Varsovie, en aout 1944, les Allemands massacrèrent 200 000 civils Polonais puis rasèrent quasi intégralement la ville.
„La Pologne toujours impactée par la guerre 1939–1945”
.Dans un article paru dans „Wszystko co Najwazniejsze”, Arkadiusz Mularczyk, secrétaire d’Etat polonais à la politique européenne, rappelle que la Pologne a subi des pertes critiques pendant la Seconde Guerre mondiale et qu’un véritable bilan de cette période doit être soumis à l’Allemagne :
„Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Pologne a subi les plus grandes pertes humaines et matérielles (par rapport au nombre de personnes et à la valeur des biens nationaux) de tous les pays européens. Cet état des choses résultait principalement de la politique de l’occupant allemand motivée par la conviction que la population polonaise était racialement inférieure. Les Allemands ont délibérément et de manière organisée mené une action d’extermination de la société polonaise, tout en la surexploitant économiquement et humainement, notamment à travers le travail forcé. En spoliant les dépôts bancaires, en imposant des charges fiscales excessives et en transférant les coûts de la guerre et de l’occupation sur la société polonaise, les Allemands ont drainé le capital national accumulé au cours des siècles. Le point culminant de cette politique destructrice a été la démolition de Varsovie et de milliers d’autres villes et villages”.
„L’impact de la guerre – en termes de ressources démographiques, économiques, infrastructurelles, scientifiques, éducatives, culturelles – continue à être ressenti. Chaque année du conflit et de l’occupation a enfoncé toujours plus profond l’État polonais dans une dégradation de toutes les sphères de la vie publique, économique et sociale. Sans ce vécu douloureux, la Pologne serait aujourd’hui à un stade de développement civilisationnel complètement différent. En effet, plusieurs générations de citoyens polonais ont dû entreprendre un énorme effort de reconstruction du pays ruiné”.
„Jusqu’à ce jour, l’Allemagne n’a pas rendu compte des spoliations systématiques d’œuvres culturelles et d’art appartenant à l’État polonais et à ses citoyens. Les successeurs légaux du Troisième Reich ne se sentent aucunement obligés d’indemniser les crimes perpétrés dans les territoires polonais occupés, ils ne montrent aucune volonté ni de réparer les dégâts, ni de restituer les ressources pillées. De plus, l’Allemagne remet en question sa responsabilité politique et juridique envers la Pologne pour les conséquences de la Seconde Guerre mondiale, son action se limitant à des gestes symboliques et des déclarations sur la responsabilité morale”.
Nathaniel Garstecka