29 aout 1944, déclenchement de l’insurrection slovaque

Slovaquie

La Slovaquie avait passé la plus grande partie de la guerre en tant qu’alliée du III Reich. A l’approche des armées soviétiques, la résistance slovaque décida d’une grande insurrection afin de pouvoir se trouver dans le camp des vainqueurs.

La Slovaquie dans la Seconde Guerre mondiale

.La Première République Tchécoslovaque est, dès l’accession d’Adolf Hitler au pouvoir, une cible diplomatique et potentiellement militaire pour l’Allemagne nazie. Des populations d’origine allemande habitent la région des Sudètes et la Slovaquie montre des signes de volonté d’indépendance. C’est après l’Anschluss de l’Autriche en mars 1938 que les événements s’accélèrent. Hitler exige de pouvoir exercer une „protection” sur les populations „opprimées” de la région des Sudètes. Le Président de la Tchécoslovaquie, Edvard Beneš, demande le soutien des Français et des Britanniques, qui refuseront de le lui accorder. Les Accords de Munich (septembre 1938) entérinent les projets allemands : Hitler annexe la région des Sudètes au III Reich.

Au même moment, les Allemands incitent les Slovaques à déclarer leur indépendance. Un gouvernement autonome est formé, avec le prêtre catholique Jozef Tiso à sa tête. En mars 1939, Hitler soumet un ultimatum au nouveau président tchécoslovaque, Emil Hacha. Ce dernier consent à capituler. Les Allemands forment le „Protectorat de Bohême-Moravie” et accordent son indépendance à la République slovaque. Cette dernière s’allie au Reich et met en place un régime totalitaire à caractère national-catholique, fondé sur le Parti populaire slovaque d’un autre prêtre catholique, Andrej Hlinka.

Si les Allemands occupent militairement la partie occidentale de la Slovaquie et que la Hongrie annexe une partie du sud-est, la grande majorité du pays est sous l’autorité du gouvernement de Tiso. Ce dernier fait adhérer son pays aux alliances militaires allemandes et le fait participer aux campagnes à l’est, notamment l’invasion à de la Pologne en septembre 1939 puis à celle de l’URSS en juin 1941.

Le régime s’appuie sur son armée, sa police, mais aussi sur une formation paramilitaire employée à la traque des opposants : la Garde Hlinka (du nom du fondateur du Parti populaire slovaque). Les Juifs sont particulièrement visés, Tiso souhaitant participer activement à la Shoah.

Une insurrection slovaque désorganisée

.Bien que la République slovaque dispose d’un appui populaire, le pays n’étant pas dévasté par la guerre ou les bombardements, plusieurs mouvements de résistance tentent de se mettre en place. Le gouvernement tchécoslovaque d’Edvard Beneš en exil à Londres, le Parti communiste, des militaires et des policiers désertant l’armée et la police slovaques. De nombreux petits groupes essaimèrent, surtout dans les régions montagneuses du pays, mais ne parvinrent pas à s’unifier, malgré les tentatives de Beneš.

A l’été 1944, les Soviétiques lancèrent l’Opération Bagration. Partant de Biélorussie et d’Ukraine occidentale, ils atteignirent Varsovie, le sud de la Pologne, l’est de la Slovaquie et le nord de la Hongrie. Les Allemands, qui avaient déjà occupé la totalité de la Hongrie en mars 1944, décidèrent d’en faire de même avec la Slovaquie, afin d’empêcher un éventuel retournement d’alliance de leur allié. S’inquiétant de ces événements, la population slovaque commença à se détacher du Parti populaire slovaque et du régime de Tiso. Les rangs de la résistance grandissaient, jusqu’à atteindre un effectif de plusieurs dizaines de milliers d’hommes.

En aout 1944, la défaite de l’Allemagne nazie ne faisait plus aucun doute. Beneš, qui avait signé un accord avec les communistes et que ces derniers ne respecteraient que partiellement, confia le commandement de l’insurrection à venir au général Ján Golian. A l’annonce de l’occupation de la Slovaquie par les troupes de la Wehrmacht, le signal du soulèvement fut donné. Les insurgés parvinrent à occuper le centre du pays et établirent leur quartier général à Banska Bystrica. L’objectif de l’insurrection était militaire et politique. Militairement, il s’agissait en grande partie de prendre le contrôle du Col de Dukla dans les Carpates afin de sécuriser un passage pour les troupes soviétiques, afin que celles-ci puissent participer à la libération du pays. Politiquement, il s’agissait d’abattre le régime de Tiso pour pouvoir ainsi rallier le pays aux Alliés et s’asseoir à la table des vainqueurs.

Du fait du faible équipement des insurgés, de leur désorganisation et de la contre-offensive des Allemands, des Hongrois et des loyalistes slovaques, aucun des objectifs n’a pu être atteint. 40 000 soldats et SS furent envoyés afin d’écraser l’insurrection. Staline ne montra aucune volonté particulière de soutenir le gouvernement tchécoslovaque en exil et l’insurrection. Au même moment avait lieu celle de Varsovie, qui fut aussi traitée de manière hostile par Moscou.

Le 8 septembre, une armée soviétique tenta de franchir le col de Dukla, sans succès. Isolés et brouillés avec les résistants communistes, les insurgés de la „1ère armée tchécoslovaque en Slovaquie” qui tenaient le centre du pays furent petit à petit repoussés par les Allemands. Au fur et à mesure qu’ils reprenaient du terrain, ces derniers, assistés de la Garde Hlinka, commirent des crimes contre les populations locales, rasant des villages et massacrant leurs habitants.

Fin octobre 1944, l’insurrection avait été vaincue. Ses dirigeants furent capturés par les Allemands et exécutés. Les combattants survivant (10 000 avaient été tués au combat) rejoignirent les mouvements de partisans dans les montagnes et continuèrent la lutte. A la fin de l’année, les Soviétiques lancèrent une nouvelle offensive, sur la Slovaquie cette fois-ci. Les forces allemandes et hongroises furent rapidement battues. Début avril 1945, l’Armée rouge entra dans Bratislava, mettant fin au régime de Tiso et à la République slovaque.

La Tchécoslovaquie fut recréée à l’initiative d’Edvard Beneš mais le pays fut immédiatement occupé par l’Armée rouge. Un totalitarisme en remplaçait un autre.

„L’Europe centrale comme une communauté des aspirations”

.Dans un article publié dans „Wszystko co Najwazniejsze”, le Président de la République de Pologne, Andrzej Duda, évoque les axes de coopération des pays d’Europe centrale :

„Trois domaines de coopération en Europe centrale méritent une attention particulière. Leur impact dépasse le cadre régional, car ils s’avèrent essentiels au niveau européen, transatlantique et même planétaire. Le premier est le Groupe de Visegrád, le projet politique commun le plus ancien, réunissant la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie. Initié en 1991 comme une plate-forme de dialogue politique et de coordination d’actions visant l’adhésion de ses États-membres à l’Otan et l’UE, le Groupe a prouvé son utilité aussi une fois ces objectifs stratégiques atteints. Aujourd’hui, il reste un des plus importants facteurs d’animation de la coopération régionale en Europe centrale et de la recherche de positions communes quant aux affaires européennes”.

„Le second domaine de coopération est le Groupe des neuf, formé en 2015 à Bucarest, réunissant les États de la frontière est de l’Otan : la Pologne, la Roumanie, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la Hongrie, la Slovaquie, la République tchèque et la Bulgarie. Il a pour but de rassembler les efforts en vue d’assurer là où ce sera nécessaire « une présence militaire forte, crédible et équilibrée » de l’Otan dans la région.”

„Dans une large mesure, le Groupe B9 doit être perçu comme une réponse à la politique de plus en plus agressive de la Russie, à la violation des frontières et de l’intégralité territoriale de l’Ukraine qui sont un danger pour la sécurité régionale et transatlantique. Nous n’avons aucune envie de rester des observateurs passifs de ces processus”.

„Le troisième domaine par lequel s’exprime notre volonté de coopérer étroitement dans la région est l’Initiative des Trois Mers, initiée en 2015 par moi-même et la Présidente de Croatie Kolinda Grabar-Kitarović, et regroupant les États situés entre les mers Baltique, Adriatique et Noire : l’Autriche, la Bulgarie, la Croatie, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la République tchèque, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie. L’objectif de l’Initiative est de promouvoir des investissements communs dans les infrastructures, le transport, l’industrie énergétique et les nouvelles technologies, afin de stimuler la relance économique dans nos pays et la convergence au sein de l’Union européenne tout entière. La carte des liens économiques en UE montre clairement la domination des transferts horizontaux Ouest-Est au détriment des transferts verticaux Nord-Sud. Il s’agit aussi bien des transferts de personnes, de marchandises, de services et de capitaux, que du réseau des infrastructures : autouroutes, voies ferroviaires, plate-formes de correspondances, pipelines, lignes de haute tension, etc. L’Initiative des Trois Mers, en renforçant structurellement cette partie de l’Europe, en la complétant d’ « échafaudages » manquants, assurera plus d’intégration non seulement à la région elle-même, mais également à l’Union européenne dans son ensemble”.

Nathaniel Garstecka

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