Billet d'humeur - Le piège tendu à Marine le Pen s’est refermé

Pendant que tout le monde, moi y compris, réfléchit aux options juridiques qui s’offrent à Marine le Pen pour se tirer d’affaire, moins nombreux sont ceux à avoir saisi le piège réel et multidimensionnel dans lequel se trouve le Rassemblement National.
Le piège tendu à Marine le Pen s’est refermé
.L’aspect juridique, bien sûr, pour commencer. Ayant fait appel, Marine le Pen est considérée comme présumée innocente dans cette affaire des assistants parlementaires. Pourtant, elle est toujours inéligible du fait de l’exécution provisoire de sa peine, ordonnée par le tribunal. Cela signifie qu’elle doit attendre l’appel pour espérer voir sa peine levée ou réduite. Fort heureusement, ou pas, la cour d’appel a indiqué que son jugement devrait s’effectuer au cours de l’été 2026, soit à moins d’un an de l’élection présidentielle. Impossible d’estimer cependant ce qui se passerait en cas de pourvoi en cassation.
L’aspect politique à court terme, ensuite. Etant inéligible malgré son appel, Marine le Pen ne pourra pas se présenter à une éventuelle élection législative anticipée d’ici au moins le verdict. Le RN peut donc désormais craindre une nouvelle dissolution, alors que jusqu’à peu, il semblait la souhaiter. L’attitude du groupe de Marine le Pen à l’égard du gouvernement de François Bayrou risque donc de changer, d’autant plus que ce dernier s’est bien gardé d’attaquer le RN sur la question des assistants parlementaires.
Puis, l’aspect politique à moyen terme. C’est peut-être ici que les dommages risquent d’être les plus douloureux. L’avenir politique de Marine le Pen repose désormais entre les mains des juges de la cour d’appel. Ils peuvent très bien abaisser sa peine d’inéligibilité à deux ans, ce qui lui permettrait de se présenter en 2027. Ils peuvent aussi se contenter de lever l’exécution provisoire, ce qui n’arrangera pas la dirigeante du parti de droite. Un pourvoi en cassation rendrait alors à nouveau applicable son inéligibilité. D’autant plus que Marine le Pen continue à clamer son innocence, elle n’acceptera sans doute pas juste la réduction de sa peine.
Dans ce contexte, la question se pose de la candidature du RN à l’élection présidentielle. La triple candidate et double finaliste malheureuse a exclu pour l’instant de nommer ouvertement son remplaçant, préférant maintenir officiellement sa propre candidature. Or, le parti va perdre plus d’un an à attendre le verdict de l’appel, sans aucune garantie que celui-ci soit favorable. L’accélération de la procédure d’appel est donc plutôt une mauvaise nouvelle. Dans un délai «classique», le verdict n’aurait peut-être pas été rendu avant la présidentielle, ce qui aurait réglé la question. Cette élection ne se prépare pas au dernier moment, et la campagne doit s’adapter au candidat. Si, à l’issue du procès, Marine le Pen est toujours inéligible, ce qui est probable, Jordan Bardella et le parti auront donc perdu un an.
A cela s’ajoute le simple fait d’être condamné. On se souvient du fameux «qui imagine de Gaulle mis en examen ?» de François Fillon, quelques mois à peine avant d’être lui-même mis en examen, et refuser de se retirer de la course à l’Elysée. Les Français accepteront-ils de voter pour quelqu’un de fraîchement condamné dans une affaire de «détournement de fonds publics», quoi qu’on pense de l’absurdité de cette accusation? Le piège est en train de se refermer.
Une maternelle forcée de déménager
.A Saint-Ouen, dans la banlieue nord de Paris, les parents d’élèves d’une école maternelle ont voté pour déménager les classes, en raison de la menace que faisait peser sur la sécurité des enfants le trafic de drogue. Les dealers avaient l’habitude de jeter des sachets de drogue dans la cour de l’école.
Confrontée aux narcotrafiquants, la puissance publique recule, une fois de plus, incapable de rétablir l’ordre à proximité des écoles. Démission collective de nos gouvernements, manque cruel de courage politique, catastrophe pour l’image du pays à l’international. «Mexicanisation», comme le disent les policiers et même Bruno Retailleau.
Nathaniel Garstecka