Débat sur le choix du nouveau chef de l’OTAN
Il n’a toujours pas été décidé qui remplacera, en octobre 2024, Jens Stoltenberg au poste de secrétaire général de l’OTAN. Les pays du flanc est espèrent que le choix se portera sur eux.
Qui pour succéder à Jens Stoltenberg ?
.Ce sera un choix crucial. En octobre 2024 s’achèvera la mission de Jens Stoltenberg à la tête de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, principale alliance militaire de l’Occident. L’ancien Premier ministre de Norvège avait été nommé au poste de secrétaire général de l’OTAN en 2014, un an après avoir quitté le pouvoir dans son pays. Il succédait à Anders Fogh Rasmussen qui lui-même avait été auparavant Premier ministre, du Danemark.
Une seule nouvelle opération a été lancée au cours de la période durant laquelle M. Stoltenberg a exercé ses fonctions : „Resolute Support Mission”, qui consistait à former les forces de sécurité afghanes.
Son mandat a aussi et surtout été marqué par un regain de tensions avec la Russie et la Chine, ainsi que par un renforcement du flanc est de l’alliance avec l’accession de la Finlande (celle de la Suède est en attente de validation par la Turquie et la Hongrie) et un rôle accru de la Pologne, de la Roumanie et des pays baltes en tant qu’Etats en première ligne face au retour de l’impérialisme russe.
Dans ce contexte, ces pays ont avancé leurs candidatures pour le choix de la succession de Jens Stoltenberg. Ca a été le cas notamment de Kaja Kallas, Premier ministre d’Estonie et elle-même citée comme potentielle candidate au poste de secrétaire générale de l’OTAN, malgré le scandale qui l’a touchée en 2023 : son mari, Arvo Hallik, est accusé d’avoir continué à faire des affaires en Russie après l’invasion de l’Ukraine en février 2022, et ce alors que Mme Kallas s’est montrée très active pour faire passer des sanctions contre Moscou et inciter les capitaux étrangers à sortir de Russie.
Le ministre des Affaires étrangères de Lettonie, Krisjanis Karins a déclaré à son tour que les pays de la „Nouvelle Europe” devraient être ainsi mis en avant. Comme autre argument, il a avancé le fait que les Etats du flanc est de l’OTAN étaient ceux qui avaient le plus augmenté leurs dépenses militaires, qui contribuaient de cette manière le plus aux objectifs de l’OTAN et que le choix du futur secrétaire général de l’alliance devrait s’appuyer là-dessus.
Les dépenses militaires comme critère de choix ? La Pologne championne
.Ainsi, les dépenses militaires de la Lettonie ont effectivement augmenté de 2,07% du PIB en 2021 à 2,27% en 2023, l’objectif de l’OTAN se situant à 2%. Parmi les autres pays de la région, la Roumanie est passée de 1,86% à 2,44%, la Finlande de 1,4% à 2,45%, la Lituanie de 1,97% à 2,54% et l’Estonie de 2,02% à 2,73%.
Si les Etats-Unis restent stables à 3,5% du PIB de dépenses militaires, c’est la Pologne qui se situe en tête du classement, tant du fait de son niveau de dépenses que de la progression effectuée depuis 2021. En effet, Varsovie a hissé son budget de 2,2% du PIB à 4%, ce qui constitue un record au sein de l’alliance. La Pologne compte ainsi satisfaire au mieux aux exigences de l’OTAN, prouver qu’elle est un pays sur lequel compter et se préparer à des provocations et des déstabilisations venant de l’est.
Notons que la plupart des pays d’Europe de l’ouest et du sud n’atteignent même pas le minimum de 2% établi au sein de l’alliance : la France se bloque à 1,9%, l’Allemagne a progressé de 1,24% à 1,76%, l’Italie a baissé son budget, de 1,57% à 1,46%, l’Espagne aussi, de 1,26% à 1,04%. Parmi les plus fortes baisses, on remarque celle de la Grèce, de 3,7% à 3,01%, alors qu’elle était jusqu’en 2021 le meilleur élève de l’OTAN.
Les efforts de la Pologne ont été incarnés notamment par Mateusz Morawiecki, Premier ministre de 2017 à 2023, Mariusz Blaszczak, ministre de la Défense de 2018 à 2023, et surtout Andrzej Duda, Président de la République depuis 2015.
Si l’idée du ministre letton des Affaires étrangères, M. Karins, est retenue, c’est logiquement sur l’une de ces personnes que le choix devrait se porter pour le poste de secrétaire général de l’OTAN, d’autant plus qu’elles militent pour un renforcement des relations entre l’Union européenne et l’alliance atlantique.
„La défense de notre frontière orientale est aujourd’hui un élément clé de la raison d’Etat polonaise”
.Lors de son discours du 15 aout 2023 à l’occasion de la Fête de l’Armée polonaise, le Président de la République de Pologne, Andrzej Duda, a loué les efforts de la Pologne en matière de réarmement et la position de son pays au sein de l’OTAN :
„La sécurité de la Pologne dépend de notre force, mais aussi de nos alliances, nous le savons très bien. C’est pourquoi nous sommes un membre actif de l’OTAN depuis des années. Un allié fiable qui a fait ses preuves. Nos soldats ont participé à de nombreuses missions durant lesquelles ils ont versé leur sang”.
„Le succès du sommet de l’OTAN à Varsovie en 2016 a permis de renforcer le flanc oriental de l’Alliance. En huit ans, la présence des troupes de l’OTAN en Pologne a augmenté. En 2015, seules quelques centaines de troupes alliées se trouvaient temporairement dans notre pays. Aujourd’hui, il s’agit de plusieurs milliers de soldats, y compris la présence permanente de l’Armée Américaine. Notre coopération en matière de sécurité avec les États-Unis n’a jamais été aussi bonne qu’aujourd’hui”.
„Les décisions du sommet de l’OTAN de Vilnius, qui s’est tenu [en juillet 2023], constituent un autre succès pour la Pologne. Les experts du monde entier le confirment. Il s’agit du passage d’une politique de dissuasion à une politique de défense. Des plans de défense sont élaborés, de nouveaux commandements sont créés et une force d’intervention rapide de 300 000 hommes est en cours de préparation. Nous ne serons pas défendus par de simples déclarations, mais par des plans concrets et des forces militaires provenant des différents pays de l’alliance”.
„Le flanc oriental de l’OTAN a été considérablement renforcé ! C’est aussi la raison pour laquelle la Pologne est aujourd’hui en sécurité ! Depuis plus d’un siècle, les États-Unis jouent un rôle clé dans la sécurité de l’Europe. En Pologne, nous nous en souvenons très bien ! „
„C’est pourquoi j’ai proposé que l’une des priorités de la présidence polonaise de l’Union européenne au premier semestre 2025 soit d’approfondir, de renforcer la coopération entre l’Union et les États-Unis. Nous persuaderons tous les pays de la communauté de le faire.”
Nathaniel Garstecka