En Estonie, afficher des symboles soviétiques est passible d’une amende
La police estonienne inflige des amendes à ceux qui affichent en public des symboles liés au totalitarisme communiste. L’Estonie entend ainsi lutter contre la propagande russe.
Estonie: Interdiction de la symbolique soviétique
.Le Parlement estonien a voté, en avril 2022, une loi pénalisant l’affichage de symboles soviétiques dans l’espace public. A cela s’ajoute l’interdiction de promouvoir l’agression russe en Ukraine, déclenchée le 22 février 2022.
En un peu moins d’un an, la police estonienne a relevé 1 300 cas d’utilisation de tels symboles, et a puni les contrevenants d’amendes allant de 20 à 740 euros. Plusieurs situations ont entraîné des arrestations.
Le dernier cas en date, rapporté par l’agence de presse estonienne BNS, est celui d’un citoyen estonien ayant reçu une amende de 400 euros pour avoir exhibé le blason de l’Union Soviétique comprenant l’étoile rouge, la faucille et le marteau.
Un autre symbole interdit est le ruban de Saint-Georges (jaune/orange et noir), qui est associé aux décorations militaires russes et qui est utilisé aujourd’hui en Russie pour représenter la politique expansionniste du pays en Europe de l’est. Il a d’ailleurs été aussi interdit en Ukraine.
Désoviétisation de l’espace public
.L’une des tâches les plus fastidieuses dans l’ancienne sphère d’occupation russe et soviétique est la désoviétisation de l’espace public. Le démantèlement des monuments soviétiques n’est toujours pas achevé dans de nombreux pays, que ce soit en Estonie ou en Pologne.
La Pologne, néanmoins, poursuit ses efforts d’assainissement. Dans les douze mois qui ont suivi l’invasion russe de l’Ukraine, ce sont 30 monuments qui ont été retirés, la plupart du temps glorifiant l’Armée rouge. L’Estonie, de son côté, a procédé à la destruction de 400 monuments sur la seule année 2022. L’exemple le plus marquant a été la décision de la Lettonie d’abattre le grand obélisque (80 mètres de haut) de Riga à la gloire des troupes communistes.
Ces pays souhaitent ainsi rappeler au monde entier qu’ils ont été des victimes du totalitarisme soviétique, que l’alliance entre Staline et Hitler a permis le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et l’occupation de l’Europe centrale et de l’est par des régimes dictatoriaux et génocidaires. Pour les peuples de cette région, la fin de la guerre en 1945 ne signifie pas la libération, mais la poursuite de l’occupation criminelle jusqu’à la chute du mur de Berlin et la dislocation de l’URSS.
A l’inverse, la Russie de Vladimir Poutine réhabilite les grands criminels de l’époque soviétique. Des bustes de Staline ou de Dzierzynski ont été inaugurés récemment dans le pays, la remise en question de la doxa officielle sur le rôle de l’URSS entre 1939 et 1941 est sévèrement réprimée et la symbolique soviétique est omniprésente dans l’espace public et l’armée russes.
„Il ne peut y avoir d’accord pour la commémoration du régime totalitaire communiste”
.Dans un discours prononcé à Washington à l’occasion de l’inauguration du Musée des victimes du communisme et publié dans „Wszystko co Najwazniejsze”, Karol Nawrocki, président de l’Institut polonais de la Mémoire Nationale, a rappelé qu’on ne peut accepter aucune forme de commémoration du régime totalitaire communiste :
„Il est aujourd’hui plus clair que jamais que l’éradication des noms de rues et des symboles promouvant le communisme est de la plus haute importance. Bien que l’Union soviétique se soit effondrée il y a 30 ans et que ses crimes aient été examinés en profondeur, il existe de nombreux endroits dans le monde où l’on trouve encore des monuments commémorant l’Armée rouge, ainsi que des rues ou des places portant le nom de dignitaires soviétiques. Il est grand temps d’agir. Rien qu’en Pologne, on compte encore une soixantaine de monuments soviétiques”.
„Il n’y a pas de place pour de tels monuments et symboles marqués de l’étoile rouge dans l’espace public de la Pologne libre, indépendante et démocratique, ni dans l’Europe libre. L’étoile rouge, tout comme la croix gammée, est à l’origine du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Après 1945, elle a représenté l’asservissement et la colonisation de l’Europe centrale et orientale par l’Union soviétique”.
„Le retrait de ces monuments est également important pour notre avenir, car si le système communiste n’est pas tenu responsable de ses crimes et si ces symboles ne disparaissent pas de l’espace public, les despotes de ce monde y verront un encouragement à commettre leurs méfaits”.
Nathaniel Garstecka