
Il y a 140 ans était fondée l’Alliance Française

L’institution a pour objectif de promouvoir la langue et la culture françaises. L’Alliance Française dispose aujourd’hui d’un réseau international dense.
L’histoire prestigieuse de l’Alliance Française
.C’est le 21 juillet 1884 qu’est instaurée l’association „Alliance Française”. Ses créateurs sont Paul Cambon, chef de cabinet de Jules Ferry, et Pierre Foncin, géographe, historien et inspecteur général de l’enseignement secondaire. Elle a pour objectif „la propagation de la langue française dans les colonies et à l’étranger”, afin de renforcer la position de la France après la défaite contre la Prusse en 1871. Très rapidement, l’Alliance Française gagne en influence et de nombreuses personnalités rejoindront son conseil d’administration : Ferdinand de Lesseps, Louis Pasteur, Ernest Renan ou Jules Verne. Sa présidence sera exercée entre autres par Paul Deschanel et Raymond Poincaré.
Après 20 ans d’existence, elle dispose de 150 bureaux en France et de 450 à l’étranger, sur tous les continents. En 1919, l’école principale est ouverte au 101 boulevard Raspail, à Paris. Elle se spécialisera dans la formation des professeurs de français, puis dans l’enseignement de la langue aux étudiants étrangers.
Aujourd’hui, le réseau est constitué de 830 écoles, comités et bureaux, répartis dans 134 pays. 8 000 professeurs y enseignent, pour 500 000 élèves. L’Alliance Française organise aussi divers événements culturels, plus de 25 000 par an. L’institution permet entre autres de passer les examens du DELF („Diplôme d’études en langue française”) et du DALF („Diplôme approfondi de langue française”), utile aux étudiants étrangers afin de certifier leur niveau de français.
L’école de Paris reçoit chaque année 12 000 étudiants de 160 nationalités différentes, avec un record de 32 000 en 1979. Elle collabore étroitement avec les ministères de l’Éducation nationale, des Affaires étrangères et de la Culture. Traditionnellement, le Président de la République est président d’honneur du conseil d’administration de l’Alliance Française.
„Epouser le français”
.Le président actuel de la Fondation depuis 2020, Yves Bigot, directeur médiatique (notamment TV5 Monde), rappelle, dans un entretien avec le magazine en ligne „lesfrancais.press”, la vocation de l’Alliance : „Nos missions communes sont de promouvoir et enseigner le français au plus grand nombre possible partout dans le monde, dans le cadre du multilatéralisme et du multilinguisme, en conjonction avec les ministères concernés bien sûr, ainsi qu’avec l’Institut Français”.
Il ajoute, au sujet de la langue française et des étudiants qui se sont lancés dans son apprentissage : „C’est une langue compliquée, le français. Mais merci de l’avoir choisie. Vous verrez, Balzac, Hugo, Rimbaud, Céline, Tremblay, Mabanckou, Daoud, Dicker, Truffaut, Arcand, Poelvoorde, Charlebois, Manset, Stephan Eicher, Soprano, Roméo Elvis, c’est mieux dans le texte qu’en traduction et en sous-titrage. Et tellement de choses merveilleuses se sont exprimées et s’expriment encore dans cette langue tellement riche et précise. Epouser le français, c’est en adopter – potentiellement – les valeurs, l’héritage, le patrimoine, et l’avenir, culturel, professionnel, économique”.
„Lumières sacrées de l’esprit”
.En octobre 1943, le général de Gaulle prononça un discours à l’occasion du 60ème anniversaire de l’Alliance Française. Il débuta notamment par ces paroles : „Lorsqu’un jour l’historien, loin des tumultes où nous sommes plongés, considérera les tragiques événements qui faillirent faire rouler la France dans l’abîme d’où l’on ne revient pas, il constatera que la résistance, c’est-à-dire l’espérance nationale, s’est accrochée, sur la pente, à deux môles qui ne cédèrent point. L’un était un tronçon d’épée, l’autre, la pensée française.
„Je dis bien la pensée française. Ah ! certes, il n’est que trop vrai que quelques-uns de ceux qui, dans notre pays, maniaient une plume connue, ou qui s’étaient élevés, en fait de science ou d’art, au degré de notoriété qui séduit les académies, ont pu scandaliser le monde par leurs abandons, quelquefois par leurs reniements. Il y a là un des côtés les plus douloureux de ce calvaire du bon sens et de l’honneur qu’aura été la guerre de terreur et de corruption menée par l’Allemagne d’Hitler. C’est un fait, cependant, que la dignité de l’esprit fut sauvegardée malgré toutes les épreuves. Elle le fut, d’abord, par les plus grands”.
Il conclut son discours ainsi : „Dans une page admirable et récemment écrite, François Mauriac dépeint la place de la Concorde, vide et muette, telle qu’elle l’est le soir, en vertu des ordres de l’ennemi : „On dirait, dit-il, que Paris, accroupi au bord de son fleuve, cache sa face dans ses bras repliés.” Oui, la France, comme le Paris dont parle Mauriac, peut être contrainte aujourd’hui de dérober ses traites aux outrages et aux crachats des ténèbres. Mais voici, à l’horizon, les premiers rayons de l’aurore. Voici l’annonce de la fierté retrouvée, de la force renaissante, de la grandeur réapparue. Bientôt, oui, bientôt, dénouant les mains sanglantes derrière lesquelles elle abrite sa douleur, la France dévoilera au monde son visage renouvelé. Si ce visage va paraître dur de toutes les larmes qui le creusent, tendu de tous les espoirs qu’il découvre, il sera, nous en sommes sûrs, éclairé plus noblement que jamais des lumières sacrées de l’esprit”.
Nathaniel Garstecka