
Le Président polonais Andrzej Duda a commémoré les 19 ans de présence de la Pologne au sein de l’Union Européenne.
La Pologne dans l’UE : 19 ans.
.Une déclaration commune a été prononcée à ce titre avec le Premier ministre Mateusz Morawiecki. Rappelons que la Pologne a rejoint l’UE le 1er mai 2004, en même temps que de nombreux pays de l’ancien bloc de l’est et d’anciennes républiques soviétiques. Elle en est le 6ème pays le plus peuplé et le plus étendu.
Le Président a tenu à partager son enthousiasme au sujet du bilan de ces 19 années, de cette „participation à ce grand projet de liberté qu’est l’Union Européenne”. Il a mis en avant les aspects économiques de cette réussite : la liberté de circulation et „le rattrapage effectué par rapport aux pays les plus riches de l’Union”. Comparant la situation de la Pologne avant et après 2004, il a déclaré : „Nous voyons aujourd’hui les effets de notre présence dans la communauté européenne sur notre mentalité et nos infrastructures”, et il a enchaîné : „Nous vous en sommes tous reconnaissants”.
M. Andrzej Duda a poursuivi en notant que l’entrée dans l’Union avait été validée par referendum (77% de votes favorables) et encouragée à l’époque par le pape Jean-Paul II. Il a rappelé que le pape avait souhaité que les Polonais „apportent leurs valeurs à cette Europe de l’ouest qui en a tant besoin”. Enfin, il s’est montré satisfait que l’Union soit encore „une association d’États-nations souverains” pouvant „défendre leurs intérêts propres”, comme lors des votes sur les sanctions contre la Russie. C’est la preuve, selon lui, que „l’UE est capable de mener une politique commune”.
Une ligne directrice pour l’avenir
.Après avoir décrit les succès passés, le Président Andrzej Duda a tracé une ligne directrice pour l’avenir de l’Union. Il a commencé par signifier qu’il fallait que les opinions de tous les pays („des plus grands aux plus petits”) soient prises en égale considération. Ainsi, la Pologne se montre toujours favorable au concept d’Europe des nations en opposition à celui d’Europe fédérale.
Le Président a mis l’accent sur les projets d’élargissement de l’UE. Il a cité les candidatures de l’Ukraine, de la Moldavie et des pays des Balkans, qui devront être examinés lors de la présidence polonaise du Conseil (au premier semestre 2025): „L’une de nos priorités lors de notre présidence sera la candidature de l’Ukraine et de la Moldavie. C’est notre responsabilité historique. Nous allons tout faire pour que l’Ukraine devienne le plus rapidement possible membre de l’Union européenne. Nous sommes favorables à la politique de la porte ouverte, c’est pourquoi nous portons aussi nos regards vers les Balkans occidentaux”.
Toujours au sujet de l’Ukraine, M. Andrzej Duda a ajouté que la reconstruction de ce pays devra être mise à l’ordre du jour. Il s’agit „de se tenir prêts dès aujourd’hui”, afin de préparer au mieux l’avenir des relations entre l’Ukraine et l’Union Européenne.
Abordant la question de l’architecture de sécurité européenne, il a déclaré que la stratégie à adopter devait être celle de l’alliance avec les États-Unis d’Amérique. Il s’agit de „renforcer les liens transatlantiques. La coopération avec les États-Unis a une signification fondamentale”. En cela, il se place dans la droite ligne des efforts diplomatiques polonais réalisés ces derniers mois, avec notamment l’accueil du Président américain Joe Biden à Varsovie et le déplacement du Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki à Washington en avril dernier.
Les conditions de la survie et du développement de l’Europe
Il a en particulier mis l’accent sur les valeurs communes des Européens : „Au cours des dernières décennies, de nombreux Européens en sont venus à croire que la consommation parsemée de revendications superficielles de „valeurs européennes” est la dernière étape de l’histoire. Nous nous opposons à cette approche. Frapper les autres avec le fouet des „valeurs européennes” sans s’entendre sur leur définition ou comprendre quels changements doivent être apportés par certains pays, est précisément – au sens de Thomas Mann – autodestructeur pour l’Union européenne.”
Il a ajouté, au sujet de la forme politique que devrait prendre l’Union : „Je mets en garde tous ceux qui veulent créer un super-État gouverné par une élite étroite. Si nous ignorons les différences culturelles, le résultat sera l’affaiblissement de l’Europe et une série de révoltes, peut-être même un nouveau Printemps des Nations comme celui de 1848.”
Il a aussi souligné la nécessité de poursuivre l’élargissement de l’UE : „Surtout, les politiques de l’UE doivent changer. Pas vers une plus grande centralisation et le transfert du pouvoir à quelques institutions clés et aux pays les plus forts, mais vers le renforcement des rapports de force entre les peuples d’Europe du Nord, de l’Ouest, du Centre, de l’Est et du Sud. Et pour achever l’intégration de l’UE avec les Balkans occidentaux, l’Ukraine et la Moldavie – conformément aux frontières géographiques de l’Europe.”
„La coopération transatlantique et l’OTAN en particulier se sont révélées être l’alliance de défense la plus efficace qui soit. Sans l’implication des États-Unis et peut-être de la Pologne, il n’y aurait pas d’Ukraine aujourd’hui”, a-t-il poursuivi, au sujet de la sécurité du continent.
Après avoir rappelé le combat de l’Ukraine pour la liberté, il a conclu : „Je le crois. L’Europe a un grand potentiel. Il est issu de son histoire et de son héritage mais perdure aujourd’hui dans ses innombrables qualités et atouts. Mais ce dont l’Europe a besoin, c’est de détermination et de courage. Et je suis profondément convaincu que si nous travaillons dur au nom de nos patries respectives et du continent dans son ensemble, l’Europe l’emportera. L’Europe sera victorieuse !”
Nathaniel Garstecka