La Moldavie se rapproche de l’Union européenne

Après s’être éloignée de la Russie, la République de Moldavie se rapproche de l’Union européenne. La question de la sécurité et de l’énergie est prépondérante dans ce processus.

La Moldavie poursuit son basculement géopolitique

.L’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait prendre conscience aux dirigeants moldaves de la situation précaire dans laquelle se trouvait leur pays. Intégralement dépendant du gaz russe, aux prises avec des mouvements séparatistes armés et financés par le Kremlin, notamment dans les provinces de Transnistrie et de Gagaouzie, devant faire face à la pauvreté et la corruption, malgré des progrès effectués ces dernières années, il n’est pas pleinement libre de ses mouvements.

Par ailleurs, la Présidente Maia Sandu et le Premier ministre Dorin Recean s’inquiètent de plus en plus de la politique russe vis-à-vis des anciennes républiques soviétiques. Les mêmes prétextes avancés par le Kremlin pour envahir l’Ukraine peuvent être appliqués à leur pays : rapprochement avec l’Union européenne, volonté de s’émanciper de la tutelle de Moscou, question des descendants de colons russes, allant jusqu’à faire craindre aux autorités de Chisinau une potentielle attaque de leur territoire dans la foulée de celle de l’Ukraine.

La Moldavie a donc décidé d’accélérer son rapprochement avec l’Union européenne. „Nous pensons que nous ne pouvons sauver notre démocratie qu’en faisant partie de l’Union européenne” a affirmé Mme. Maia Sandu, dans un entretien avec l’AFP, indiquant souhaiter „une décision sur l’ouverture de négociations dans les prochains mois”.

Le pays a récemment amorcé son retrait de la Communauté des Etats Indépendants, organisation ayant pour but de maintenir les liens entre les anciennes républiques soviétiques et ayant déjà vu le départ de la Géorgie et de l’Ukraine. De plus, le Premier ministre M. Dorin Recean a déclaré, jeudi 18 mai 2023, que la Moldavie pouvait désormais se passer du gaz russe, suite à son rattachement complet au réseau énergétique européen et à la plateforme d’achats groupés mise en place par la Commission de Bruxelles (qui couvrira 80% des besoins de Chisinau en gaz).

La Pologne joue un rôle important dans cette région

.La Pologne, via notamment son Premier ministre M. Morawiecki et son Président M. Andrzej Duda, s’est engagée dans le soutien aux candidatures de l’Ukraine et de la Moldavie à l’accession à l’Union européenne.

Lors de sa visite à Chisinau le 6 avril 2023, M. Morawiecki a annoncé la mise en place de programmes d’aides à destination de la Moldavie ainsi que le renforcement de la collaboration bilatérale avec la Pologne. Il a évoqué le contexte de la guerre en Ukraine en notant les efforts communs des deux pays pour fournir de l’aide à Kiev et les menaces que faisait planer la Russie sur la sécurité de la Moldavie.

„Pour que l’Europe puisse être en sécurité, nous devons nous assurer que l’Ukraine gagne la guerre, que la Russie la perde. La Moldavie participe aux initiatives de paix et de stabilité dans cette région”, a-t-il déclaré, en ajoutant : „Il faut reconnaître les efforts du Premier ministre, de la Présidente et de tous ceux qui en Moldavie participent à maintenir des relations pacifiques avec leurs voisins et essaient d’adhérer à la communauté européenne de manière institutionnelle”.

De son côté, le Premier ministre moldave a remercié la Pologne pour son soutien : „J’apprécie la participation de la Pologne à la modernisation de notre pays. Nous souhaitons renforcer notre coopération avec la République de Pologne. La priorité est l’agriculture et le secteur du transport, mais aussi la mise en place d’un programme de collaboration en matière intérieure, dans la défense et la cybersécurité”.

L’élargissement plutôt que la centralisation

.Dans son discours à l’Université de Heidelberg, prononcé le 20 mars 2023, M. Mateusz Morawiecki évoque sa vision de l’avenir de l’Europe, incluant une future adhésion de la Moldavie : „Surtout, les politiques de l’UE doivent changer. Pas vers une plus grande centralisation et le transfert du pouvoir à quelques institutions clés et aux pays les plus forts, mais vers le renforcement des rapports de force entre les peuples d’Europe du Nord, de l’Ouest, du Centre, de l’Est et du Sud. Et pour achever l’intégration de l’UE avec les Balkans occidentaux, l’Ukraine et la Moldavie – conformément aux frontières géographiques de l’Europe.”

Il poursuit, critiquant les menées fédéralistes des progressistes européens: „J’entends souvent dire que l’UE a besoin de réformes si elle veut s’élargir. Il s’agit très souvent d’une proposition camouflée de fédéralisation, de facto – une proposition de centralisation. C’est parce que le mot d’ordre de « fédéralisation » est une concentration imposée du haut vers le bas de la prise de décision.”

Insistant sur le maintien de la souveraineté des Etats et le respect des valeurs de liberté et de démocratie, il déclare : „J’ai une autre proposition : gardons-nous d’empiéter sur des questions où l’intérêt national reste divisé. Faisons un pas en arrière pour faire deux pas en avant. Concentrons-nous sur les domaines où le traité de Rome a donné des compétences à l’Union et laissons-nous guider pour le reste par le principe de subsidiarité.”

Nathaniel Garstecka