La Pologne dénonce l’antisémitisme des manifestations propalestiniennes

Des manifestations propalestiniennes, nombreuses en Europe de l’ouest, ont eu lieu en Pologne. Plusieurs slogans agressifs y ont été scandés. Les autorités polonaises ont réagi.

Manifestations propalestiniennes en Europe

.Depuis le début du nouveau conflit armé entre Israël et le Hamas, de nombreuses manifestations propalestiniennes se tiennent régulièrement en Europe de l’ouest, principalement en France, en Allemagne, en Suède et au Royaume-Uni. Ces manifestations sont souvent émaillées d’incidents, comme à Paris quand les manifestants ont affronté les forces de police dans la rue.

Les policiers ont été pris à partie par des groupes de manifestants aux abords de la Place de la République, samedi 14 octobre 2023, alors que la manifestation avait pourtant été interdite. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a ensuite demandé à ce que les manifestations propalestiniennes soient systématiquement interdites, par crainte de débordements dans le contexte des attentats qui ont touché la France et la Belgique. Le Hamas ayant lancé un appel au djihad, suivant celui d’Al-Qaida, un enseignant a été égorgé à Arras et deux supporters Suédois ont été assassinés à Bruxelles.

La décision d’interdiction systématique des manifestations a néanmoins été cassée par le Conseil d’Etat. L’interdiction de celle du 19 octobre à Paris a été annulée par le tribunal administratif de Paris. Des slogans agressifs y ont été scandés, comme „Allah akbar!”, cri de ralliement des islamistes souvent crié lors d’attentats. En même temps, les actes antisémites augmentent en France : plusieurs attentats visant des synagogues et l’ambassade d’Israël ont été déjoués par les services de sécurité français.

Dans son éditorial au „Figaro”, Vincent Trémolet de Villers a commenté les manifestations propalestiniennes du 19 octobre à Paris: „Le soir même, la décence commune avait déserté une place symbolique de Paris. Des centaines de manifestants reprenaient le cri de l’islam conquérant «Allah akbar!», celui qu’avait lancé avant son crime l’assassin de Dominique Bernard (le professeur égorgé à Arras). Étions-nous à Beyrouth? À Tunis? Non, place de la République, là même où des millions de Français, il y a huit ans, étaient venus dire leur attachement au pays de la liberté. «Allah akbar», huit ans après «je suis Charlie»”.

A Berlin, les manifestants ont tiré sur la police avec des mortiers d’artifice et ont provoqué des incendies. Un cocktail molotov a été jeté sur une synagogue. A Londres, plusieurs manifestants ont appelé au djihad et ont crié des slogans antisémites.

Les partis d’extrême gauche comme La France Insoumise s’associent aux manifestations propalestiniennes et refusent de condamner les agissements du Hamas.

Réaction de la Pologne

.Une manifestation a eu lieu à Varsovie, samedi 21 octobre 2023, organisée par des étudiants étrangers. Des cris „Allah akbar!” ont été lancés et des propos controversés à l’égard d’Israël ont été tenus („From the river to the sea, Palestine will be free”). La manifestation a été autorisée par la mairie de Varsovie, malgré le contexte de tensions et les événements qui se sont déroulés autour de ce genre de manifestations dans les pays d’Europe de l’ouest.

Le Président de la république de Pologne, Andrzej Duda, a immédiatement réagi en critiquant les slogans antisémites tenus lors des manifestations propalestiniennes et pro Hamas. Sur le réseau social Twitter-X, la chancellerie de la présidence a publié un message ferme : „le Président de la république de Pologne, Andrzej Duda, condamne l’antisémitisme qui s’est affiché lors de la manifestation à Varsovie.”

„Nous, Polonais, par respect pour tous ceux qui ont été victimes de la Shoah, n’acceptons aucune forme d’antisémitisme. Nous ne tolérons pas d’expression de haine envers qui que ce soit”.

Le vice-ministre des Affaires Etrangères, Piotr Jablonski, a lui aussi publié un message critiquant l’antisémitisme qui s’est manifesté lors du rassemblement propalestinien : „Ceci n’aurait absolument pas du avoir lieu. Les panneaux appelant à la haine ethnique/raciale sont une violation du droit et doivent entraîner l’annulation de la manifestation”.

Il a rappelé que les participants à cette manifestation étaient des étrangers et il a questionné le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski sur l’autorisation des manifestations propalestiniennes. Il a aussi rappelé que les Marches de l’Indépendance étaient interdites par la municipalité pour des raisons similaires à celles qui auraient dû entraîner l’annulation de celle en soutien à la Palestine.

Le maire de Varsovie, ainsi mis sous pression, a réagi à son tour : „La haine et l’antisémitisme n’ont pas leur place à Varsovie, ville qui a tant été marquée par l’histoire. Nous n’autorisons pas les slogans antisémites et ceux qui les profèrent doivent en répondre devant la justice”.

Guerre en Israël

.Le 7 octobre 2023,  le Hamas a lancé une attaque surprise contre Israël. Les miliciens islamistes ont pris d’assaut plusieurs villages du sud du pays, assassinant près de 1 500 personnes et en blessant des milliers, dont des femmes et des enfants. Plusieurs cas de torture ont été répertoriés. Par ailleurs 200 Israéliens ont été pris en otage. Cette opération terroriste, baptisée „déluge d’Al-Aqsa”, a été réalisée au moment du 50ème anniversaire de la guerre de Kippour et lors d’une fête juive durant laquelle les défenses de la frontière avec la bande de Gaza avaient été allégées.

Les raisons de la réussite de cette attaque sont encore incertaines, tout comme la participation directe ou indirecte de puissances  étrangères comme la Russie ou l’Iran. Moscou a rapidement réagi en incitant les Etats-Unis à se détourner de l’Ukraine et Téhéran appelle depuis longtemps à la destruction d’Israël. L’influence du Qatar est aussi étudiée.

En réponse, Israël a débuté une campagne de bombardements de la ville de Gaza et un déploiement massif de forces militaires aux abords de la frontières en prévision d’une éventuelle attaque terrestre contre le Hamas. Les bombardements ont déjà fait plus de 4 000 morts côté arabe et des milliers de blessés. Israël a informé les habitants de Gaza de son intention de mener des attaques ciblées contre les repaires du Hamas, leur conseillant d’évacuer la ville en direction de Khan Younes, plus au sud. Les miliciens islamistes, de leur côté, installent leurs postes de tir de roquettes et leurs entrepôts de munitions au milieu de bâtiments civils, comme le confirme Nadav Meir, vétéran des combats contre le Hamas, dans un entretien accordé à la „Polska Agencja Prasowa” :

„le Hamas utilise les civils comme des boucliers humains. Il déploie ses forces sciemment parmi les habitants, et la frontière entre civils et militaires est brouillée”.

En parallèle, le Hezbollah libanais a mené des assauts à la frontière nord d’Israël et des heurts ont éclaté en Judée-Samarie (Cisjordanie).

Si les pays Occidentaux, notamment les Etats-Unis, semblent apporter leur soutien à Israël (aux prix de troubles internes causés par leurs populations musulmanes) sans pour autant cautionner une intervention militaire dans la bande de Gaza, les pays musulmans et la Russie ont une position allant d’un soutien modéré au Hamas à des condamnations pures et simples d’Israël.

Nathaniel Garstecka