
La Pologne répond aux menaces nucléaires russes

Menaces nucléaires: après l’accord entre Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko qui prévoit le déploiement d’un site de stockage de têtes nucléaires en Biélorussie, la Pologne demande à participer au programme „Nuclear Sharing” de l’OTAN.
Têtes nucléaires en Biélorussie
.En mai 2023, la Russie et la Biélorussie ont signé un accord consistant à transférer à Minsk plusieurs charges nucléaires, accompagnant le déploiement de systèmes de missiles balistiques Iskander depuis fin 2022. Le président de la Biélorussie, Alexandre Loukachenko, avait de même déclaré : „Avec les Russes, nous formons des équipages capables de piloter des avions qui transportent ces charges utiles spécifiques”.
Face à ces nouvelles menaces nucléaires à sa frontière est et dans le cadre du sommet de l’OTAN à Vilnius (Lituanie), en juillet 2023, le Premier ministre polonais a demandé à ce que son pays puisse participer au programme „Nuclear Sharing” de l’OTAN. Il s’agit de la possibilité, pour des pays membres de l’Organisation ne possédant pas l’arme nucléaire, de se voir accorder un nombre limité d’ogives. Le programme fonctionne depuis 2009 et plusieurs pays en profitent déjà, comme l’Allemagne ou la Turquie. La Pologne serait le premier pays frontalier de la Biélorussie et de la Russie à pouvoir bénéficier de cette possibilité, après la décision de Moscou d’équiper ainsi Minsk.
Jusqu’à présent, les Etats-Unis ont respecté l’accord OTAN-Russie signé en 1997 et n’ont jamais fourni de têtes nucléaires ou de sites de stockage aux pays ayant rejoint l’OTAN après l’accord. L’annonce du déploiement de charges atomiques en Biélorussie remet cependant en cause le principe de non-prolifération en Europe de l’est (notamment après que l’Ukraine ait accepté de se débarrasser de son stock nucléaire en 1994 en échange de la garantie par la Russie de l’intangibilité de ses frontières), ce qui a amené la Pologne à soumettre à l’OTAN sa demande de participation au programme „Nuclear Sharing”.
Menaces nucléaires: „il faut agir vite”
.Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a déclaré, ce vendredi 30 juin 2023 : „Etant donné que la Russie a l’intention de déployer des armes nucléaires tactiques en Biélorussie, nous demandons à l’OTAN de pouvoir participer au programme „Nuclear Sharing””.
Il a cependant précisé qu’il s’en remettait entièrement à la décision de l’Organisation et des Etats-Unis, espérant une réponse rapide de leur part : „Nous déclarons juste notre volonté d’agir vite dans ce domaine”.
„Nous ne voulons pas rester les bras croisés pendant que M. Poutine nous menace d’escalade nucléaire „, a-t-il ajouté durant une conférence de presse à Bruxelles.
Partenariat stratégique avec les États-Unis
„Une Europe forte ? Pendant des décennies, l’Union européenne n’a pas été capable de bâtir sa puissance militaire, industrielle, économique. Cela a été démontré pendant la pandémie du Covid-19 : l’erreur d’avoir déplacé nos industries stratégiques hors d’Europe a eu comme résultat direct des ruptures des chaînes de production et d’approvisionnement. Cela a aussi été démontré par l’agression russe de l’Ukraine, quand on a constaté l’ampleur du désarmement en Europe ces dernières années, la pénurie d’équipements, d’avions, de missiles – de tout. L’agression russe nous a fait comprendre autre chose encore : la dépendance énergétique totale vis à vis de la Russie d’une grande partie du continent, à tous les niveaux, soldée par une crise énergétique, des prix élevés, des protestations sociales et, pour les Ukrainiens – par le cauchemar de bombardements quotidiens de leurs villes, quartiers, villages”.
„Barrage à l’envie impériale. Aujourd’hui, les relations avec les États-Unis sont la clé de « l’être ou ne pas être » européen. Depuis le début de l’agression russe de l’Ukraine, le nombre de soldats américains en Pologne a augmenté de plus de 10.000 : opérateurs des systèmes anti-aériens Patriot, soldats de la division aéroportée, pilotes d’avions de chasse F-15… Il y a quelques semaines, une base américaine permanente a été ouverte dans la ville de Powidz, comportant plusieurs milliers de pièces d’équipement dont des chars et des véhicules d’infanterie. La défense du flanc oriental de l’OTAN n’est pas un vain mot”.
„La Pologne, l’Ukraine, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la République tchèque et les pays scandinaves forment aujourd’hui un nouveau centre de gravité géostratégique de l’Europe. La Pologne mise sur un partenariat stratégique avec les États-Unis, car ils ne nous ont jamais déçus, et l’alliance de la Pologne et des États-Unis est le meilleur vaccin contre l’impérialisme russe.
C’est aussi un choix pragmatique : seule une telle alliance permettra de mettre le plus rapidement possible un terme à la guerre en Ukraine.
Lors de sa visite aux États-Unis, Mateusz Morawiecki a souligné à plusieurs reprises : c’est soit la renaissance de l’Occident, soit la marginalisation de l’Europe. La Pologne a déjà fait son choix”.
Nathaniel Garstecka