La Russie déploie des vagues de clandestins contre l’Estonie et la Finlande
Plusieurs vagues de clandestins ont essayé de forcer la frontière entre la Russie et l’Estonie. Cette dernière a décidé de renforcer ses défenses face à cette attaque hybride. La Finlande a fait de même.
Déstabilisation de l’Europe de l’est
.Depuis le printemps 2021, le Belarus et la Russie font venir des clandestins du Moyen-Orient et d’Afrique et les acheminent vers la frontière avec la Pologne et les pays baltes afin de les déstabiliser et faire monter les tensions au sein de l’Union Européenne. L’objectif principal était de tester la solidarité des Occidentaux vis-à-vis du front est de l’OTAN (la „pointe avancée”). Au printemps et à l’été 2021, nous avons pu observer des scènes dantesques notamment à la frontière entre la Pologne et le Belarus, quand des milliers de migrants agressifs, acheminés et équipés par les services bélarusses, tentaient de prendre d’assaut et de submerger les postes-frontières polonais.
Afin de mieux se défendre contre les vagues de clandestins, la Pologne et la Lituanie ont pris la décision de construire une clôture de sécurité, malgré le refus de la Commission européenne et de sa présidente Ursula von der Leyen. La clôture polonaise a été finalisée en 2022 et est longue de 186 km et haute de 5 m. Les clandestins étant toujours capables de la forcer avec l’aide des services bélarusses, la présence continue des gardes-frontières polonais reste nécessaire.
Le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie n’a pas calmé la situation aux frontières, bien au contraire. Chaque jour, plusieurs dizaines de tentatives de franchissement illégal de la frontière entre le Bélarus et l’Union Européenne sont stoppées. Récemment, c’est l’Estonie qui a du faire face à une augmentation du nombre d’assaillants clandestins.
Vagues de clandestins contre les pays baltes
.Le nord-est de l’Estonie est séparé de la Russie par le lac Peïpous et par le fleuve Narva. Ce jeudi, plusieurs groupes de clandestins somaliens ont été repérés près du seul pont reliant les deux pays. Ils auraient été acheminés sur place par les services russes. Le ministre estonien de l’intérieur, Lauri Laanemets, a partagé son inquiétude : „Cela fait typiquement partie d’une attaque hybride”.
L’Estonie prend très au sérieux la menace de guerre hybride que fait peser Moscou à leur frontière commune. Le „Politsei- ja Piirivalveamet” (Police et Sécurité des frontières) a déclaré renforcer ses moyens de sécurité : „suite aux événements récents ayant eu lieu à la frontière, nous augmentons le nombre de vols d’observation dans la région. Nous utilisons des drones, des hélicoptères et des avions. Nous restreignons aussi l’accès à la zone de surveillance renforcée”.
Les services estoniens se tiennent prêts à prendre des mesures supplémentaires en cas de poursuite des provocations russes : „Nous surveillons attentivement la situation et sommes prêts à fermer tous les points de passage de la frontière avec la Russie”.
Dans le même temps, la Finlande a aussi eu à repousser des vagues de clandestins en provenance de la Fédération de Russie. En conséquence, elle a fermé les quatre points de passage frontaliers les plus utilisés.
„La Lituanie et la Pologne défendent les frontières de l’UE”
.Linas Linkevičius, ancien ministre lituanien des Affaires étrangères et ministre de la Défense, commente pour „Wszystko co Najwazniejsze” la politique russe de déstabilisation de l’Europe centrale et de l’est :
„Les migrants que la Biélorussie fait venir à Minsk du Proche-Orient par dizaines de milliers et les tentatives de les faire passer illégalement par la frontière est de l’Union européenne n’est qu’un nouveau chapitre des actions hybrides orchestrées par les Russes, visant cette fois-ci la solidarité européenne. La Lituanie et la Pologne, appuyées par d’autres pays de l’UE, réussissent ce test.”
„En occasionnant la crise via la Biélorussie, la Russie veut faire une pression sur toute la région d’Europe centrale et orientale. Les méthodes dont elle use sont différentes. En Ukraine, c’était l’annexion de la Crimée et les tentatives de déstabiliser la situation au Donbass. En Lituanie, la Russie a testé notre capacité de réaction, en provoquant une crise migratoire. À tout moment, nous pouvons nous attendre à des tensions en Moldavie. Moscou maintien aussi son contrôle sur la Transnistrie – une région moldave détachée de la Moldavie constituant ce qu’on appelle dans la doctrine russe « une région de conflit gelé ». Il n’est toutefois pas à exclure qu’après le dernier revirement politique en Moldavie et la prise du pouvoir par une équipe pro-occidentale, la Russie « dégèle » ce conflit pour compliquer les affaires des nouvelles autorités moldaves.”
„L’agression visant les frontières est de l’Union européenne nécessite une coopération étroite entre la Pologne et la Lituanie, avant tout dans le domaine de la sécurité que les deux États doivent assurer non seulement à leurs citoyens mais aussi, dans un esprit de solidarité, à l’Europe tout entière. Dans les orientations de défense de l’Otan ou des USA, les pays baltes et la Pologne sont une même région. Notre coopération est non seulement stratégique mais tout simplement pragmatique et tout à fait naturelle. Elle s’étend d’ailleurs aussi sur l’énergétique par exemple.”
Nathaniel Garstecka