fr Language FlagLa situation migratoire est inquiétante - Karol Nawrocki

Karol Nawrocki situation migratoire Polsat

Le président élu polonais, qui prendra ses fonctions le 6 aout 2025, a répondu aux questions du journaliste Bogdan Rymanowski pour la chaine de télévision Polsat. Il a commenté les événements politiques récents, en particulier la crise migratoire à la frontière avec l’Allemagne.

La situation migratoire est inquiétante

.Invité par le célèbre journaliste Bogdan Rymanowski, considéré comme l’un des meilleurs de Pologne, le président élu Karol Nawrocki s’est exprimé en premier lieu sur la situation migratoire à la frontière avec l’Allemagne. Les services allemands déplacent  quotidiennement vers la Pologne des dizaines de migrants clandestins en provenance d’Afrique et des pays musulmans, contraignant Varsovie à les placer dans des centres d’accueil, parfois au contact de la population locale. Karol Nawrocki a dénoncé la perméabilité de la frontière et qualifié la situation de «dramatique». Il a aussi critiqué les actions de l’Allemagne: «Berlin ne nous traite pas comme des partenaires».

«Le gouvernement de Donald Tusk est responsable de cette situation et tente en outre de créer des divisions entre les gardes-frontières et la population», a poursuivi le vainqueur de l’élection présidentielle polonaise. Afin de contrer ce nouvel afflux de clandestins, plusieurs citoyens se sont organisés et ont fondé le «Mouvement de Défense des Frontières» («Ruch Obrony Granic», ROG). Ils sont postés près des passages frontaliers et essaient d’empêcher les immigrés illégaux d’entrer sur le territoire, alors que les fonctionnaires polonais ont pour consigne d’accueillir les clandestins et de les placer dans des centres dédiés.

Karol Nawrocki a déclaré qu’il allait convoquer un conseil des ministres afin d’obtenir des informations sur le nombre de migrants accueillis et afin d’essayer de mettre un terme à cette situation. Il a notamment précisé qu’il s’emploierait à dénoncer le pacte migratoire européen. Bogdan Rymanowski a répondu que le pacte allait entrer en vigueur et qu’il était techniquement difficile d’en sortir, ce à quoi le président élu a rétorqué qu’il utiliserait tous les moyens constitutionnels à sa disposition, allant même jusqu’à rétablir les contrôles à la frontière avec l’Allemagne. «Nous ne pouvons pas être mis dans une telle situation par les Allemands», a-t-il ajouté. Il a conclu le sujet en louant l’engagement des citoyens œuvrant dans le ROG, précisant que leurs actions ne sont que la conséquence de l’inefficacité des services polonais, tout en reconnaissant les efforts de ces derniers pour contrer la crise migratoire à l’est et admettant qu’ils ne font qu’«obéir aux ordres».

La démocratie doit être respectée – Karol Nawrocki

.Le journaliste de Polsat a ensuite abordé le sujet de l’hystérie surjouée d’une partie du camp centriste suite à la défaite de son candidat (Rafal Trzaskowski) à l’élection présidentielle. Donald Tusk et plusieurs de ses lieutenants ont ouvertement remis en cause les résultats du scrutin, laissant entendre que l’opposition se serait livrée à des fraudes massives. Karol Nawrocki a commenté en signalant que plusieurs membres de la coalition gouvernementale de centre-gauche n’ont pas participé à cette tentative de déstabilisation interne, citant le président de la Diète Szymon Holownia et le vice-premier ministre Wladyslaw Kosiniak-Kamysz : «Certaines personnalités politiques ont fait preuve de raison et ont mis l’intérêt des Polonais et de la démocratie au-dessus des considérations politiciennes. Ils ont compris que les émotions négatives devaient être calmées afin que la confiance revienne».

Questionné sur les irrégularités constatées, Karol Nawrocki n’a pas cherché à éluder le problème: «s’il y a des irrégularités, elles doivent être constatées et corrigées, tout le monde est d’accord là-dessus. Néanmoins, on ne peut porter atteinte à la démocratie». Il a ajouté que certaines personnalités avaient cherché de manière irraisonnée et exubérante à remettre en cause le verdict des urnes, ce qui a contribué à alimenter un climat de tension et de méfiance dans le pays.

Bogdan Rymanowski a abordé la question de la Chambre Extraordinaire du Tribunal Suprême, devant valider le résultat de l’élection et dont la légitimité est remise en doute par le gouvernement de Donald Tusk. Le président élu a défendu les juges de la Chambre, précisant que ce sont les mêmes qui ont certifié les résultats des dernières élections législatives et européennes qui ont vu la victoire des centristes de Donald Tusk. Il s’est opposé à l’idée d’un recomptage global de tous les bulletins, soulignant qu’aucun argument ne l’a convaincu du bien-fondé de cette idée.

Quand l’Ukraine entrera-t-elle dans l’OTAN et l’UE ?

.Le dernier grand thème proposé par le journaliste concernait les affaires internationales. Karol Nawrocki a déclaré qu’il rencontrerait dans les jours qui viennent le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte à Bruxelles afin d’évoquer la sécurité du continent et les conflits en cours dans le monde. En outre, son premier déplacement en tant que président sera à Washington: «Les Etats-Unis sont notre grand partenaire», s’est-il justifié.

Enfin, il a été questionné sur les relations avec l’Ukraine et le président Zelensky. Karol Nawrocki n’a pas hésité à souligner que l’Ukraine était destinée à rejoindre le camp occidental et qu’il s’agissait de l’intérêt stratégique de la Pologne d’établir un partenariat solide avec ce pays. Il a cependant cherché à tempérer l’enthousiasme des partisans de l’accession rapide et inconditionnelle de Kiev aux structures institutionnelles occidentales: «Tant que l’Ukraine est en guerre avec la Russie, elle ne peut pas accéder à l’OTAN. Il faudra encore du temps avant que cela se réalise».

De même pour ce qui est de l’Union européenne: «L’Ukraine devra passer par les mêmes étapes que nous, en mettant aux normes européennes son économie, en particulier son agriculture, ainsi qu’en réglant les questions historiques et mémorielles entre nos pays». Karol Nawrocki a fait ainsi référence à la demande polonaise aux autorités ukrainiennes d’autoriser les exhumations des victimes des massacres de Volhynie en 1944 commis par des groupes nationalistes ukrainiens. Il a en outre déclaré qu’il rencontrerait prochainement le président Zelensky.

Nathaniel Garstecka

œuvre protégée par droit d'auteur. Toute diffusion doit être autorisée par l'éditeur 01/07/2025