Le 21 avril 1944, les Françaises obtenaient le droit de vote

Françaises droit de vote

155 ans après avoir été écartées de la vie publique par la Révolution, les Françaises obtenaient le droit de vote. La Pologne le leur a accordé presque trente ans auparavant, en 1918.

21 avril 1944, les Françaises peuvent voter

.Après plusieurs décennies de débats enflammés, le droit de vote est définitivement accordé aux femmes par une ordonnance du 21 avril 1944 signée par Charles de Gaulle. Le gouvernement provisoire confirme l’ordonnance le 5 octobre 1944. Les femmes peuvent donc voter aux élections municipales du 29 avril 1945 et aux élections constituantes le 21 octobre 1945. A partir de là, ce droit ne leur sera plus retiré.

En plus de pouvoir voter, les femmes peuvent désormais être élues. Dès les élections de 1945, plusieurs d’entre elles font leur entrée dans les conseils municipaux et à l’Assemblée nationale. 33 femmes sont ainsi choisies au suffrage universel par les électeurs pour siéger à la chambre basse, soit 5,6% du nombre total de députés. La part des femmes parmi les élus ne fera que croitre avec le temps, profitant notamment, à partir des années 1999-2000, de la loi imposant la parité votée les socialistes.

L’histoire du droit de vote des Françaises, de nombreux rebondissements

.Bien que c’est en 1944 que les femmes françaises obtiennent définitivement le droit de vote, elle l’avaient au préalable perdu sous la Révolution. Tout au long du Moyen-âge et jusqu’en 1789, elles votent au même tire que les hommes pour élire leurs représentants locaux, en particulier lorsque ce sont elles qui occupent la fonction de chef de famille.

En 1789, la Révolution leur retire cette possibilité, puis le code civil de Napoléon les met sous tutelle de leurs maris. Les tentatives de restaurer le droit de vote des femmes après la Première Guerre mondiale sont toutes bloquées par un Sénat dominé par les radicaux-socialistes et ce malgré les avancées effectuées dans de nombreux pays européens, dont la Pologne en novembre 1918, l’Allemagne et le Royaume-Uni. La France sera d’ailleurs l’un des derniers pays européens à franchir le pas.

La Révolution puis la République ont décidé de maintenir les femmes hors de la vie démocratique pour une raison idéologique : les révolutionnaires considéraient que les femmes étaient trop influencées par l’Eglise catholique et que leur accorder le droit de vote aux élections législatives contribuerait à faire élire des candidats conservateurs et cléricaux. Ainsi, le pape Benoit XV déclare, en 1919, souhaiter que les femmes obtiennent la possibilité de voter, ce qui suscite de fortes méfiances dans les cercles de gauche.

Communistes et vichystes

.Cependant, les communistes adopteront une autres stratégie. Ils militeront dès le départ pour intégrer les femmes aux processus électoraux, tout en les travaillant du point de vue idéologique pour leur instiller les idéaux de „libération” et d’”émancipation”. Les grands mouvements de „suffragettes” seront d’ailleurs proches des marxistes.

Les choses s’accélèrent pendant la Seconde Guerre mondiale. Tout comme durant la Première, le rôle des femmes a été important et c’est en guise de reconnaissance que plusieurs membres du Conseil national de la Résistance appellent à leur accorder le droit de vote. Néanmoins, la composante radicale socialiste de la Résistance empêche toute avancée sur la question. Pendant ce temps, le régime de Vichy soumet ses propres propositions : la première femme maire française est nommée en 1941 par Vichy en Martinique : Louisa Mariello. En 1943, c’est Marie-Rose Bouchemousse qui est nommée première femme maire en France métropolitaine. A la Libération, les communistes la remplaceront par un homme. Enfin, le projet de constitution du maréchal Pétain prévoit que „sont électeurs aux assemblées nationales les Français et Françaises nés de père français, âgés de vingt et un ans, jouissant de leurs droits civils et politiques”.

C’est donc en avril 1944 que le CFLN fait sauter le dernier verrou et étend aux Françaises le droit de vote, ce qui sera confirmé par le Gouvernement provisoire.

„La Pologne – du côté de la liberté, depuis toujours”

„Pour les Polonais, la solidarité et l’amour de la liberté ne sont donc pas un slogan creux, mais un concept géopolitique”, écrit dans „Wszystko co Najwazniejsze” le professeur Piotr Glinski, vice Premier ministre et ministre de la culture de la Pologne de 2015 à 2023.

Depuis Paweł Włodkowic et le Concile de Constance au XVe siècle, les Polonais étaient caractérisés par une conscience aigüe des interdépendances constitutives du processus de mise en œuvre de la liberté. La liberté de conscience étant sacrée, les déterminismes et les limites n’étaient pas appréciés. S’inspirant du républicanisme romain, la Première République a fait sienne la notion de libération de toute forme de domination.

Cela trouvait un écho dans la vie politique, et s’exprimait par l’accent mis sur les coutumes, la liberté de choix et de décision, le sens de la justice, les devoirs d’un citoyen libre envers la communauté. L’esprit républicain et libertaire a forgé le génotype de la polonité. Promulguée en 1791, la Constitution de Mai est entrée dans l’histoire comme un grand acte de liberté. Ses adversaires, se référant aux libertés anciennes, ont fait appel à des régimes despotiques – ce qui a eu pour effet l’anéantissement de la Première République.

Pendant 123 ans, entre la fin du XVIIIe siècle et 1918, la Pologne a été privée de statut d’État et de souveraineté, restant principalement une communauté d’idées – de tradition, de culture et de langue. Les efforts de restauration de l’indépendance s’exprimaient par les traditions d’un côté positivistes et de l’autre, insurrectionnelles. La mentalité nationale était constituée par une tendance à répondre militairement à la violence.

Au XXe siècle, cela s’est manifesté par l’irrédentisme de la Première Guerre mondiale, les retours des territoires polonais au sein de la patrie (1918-1921), le coup d’arrêt porté à la progression des bolcheviks (1920), la résistance au Troisième Reich (1939). Le « rêve de liberté » a ainsi perduré dans l’esprit des Polonais. Le socialisme réel a été une épreuve du feu : en niant la subjectivité de l’homme et en provoquant des migrations de masse, il brisait les structures sociales fondées sur les valeurs nationales et la priorité de la famille. Mais lui aussi a fini par s’incliner devant le mouvement de libération (1980, 1989). Dans ces circonstances, la conception polonaise de la défense constante de la liberté, du droit de décider de soi-même, semble évidente.

Après avoir recouvré l’indépendance en 1918, la Pologne, dans sa politique étrangère, a mis en œuvre la doctrine de l’Intermarium, qui remontait à la République polono-lituanienne et postulait une alliance des pays d’Europe centrale et orientale en vue d’éviter la domination de la Russie et de l’Allemagne. Elle supposait une coopération basée sur la solidarité, la défense de la souveraineté, la construction de la subjectivité, la mise en œuvre des intérêts communs des pays d’Europe centrale et orientale dont la Pologne était la principale instigatrice.

Nathaniel Garstecka

Materiał chroniony prawem autorskim. Dalsze rozpowszechnianie wyłącznie za zgodą wydawcy. 21 kwietnia 2024