Le nouveau gouvernement polonais annonce vouloir bloquer le Pacte migratoire européen
Le vice-ministre de l’Intérieur chargé des questions migratoires, Maciej Duszczyk, a publié un communiqué critiquant certaines disposition du Pacte migratoire européen.
M. Duszczyk critique le Pacte migratoire européen
.Dans un communiqué publié par le ministère de l’Intérieur, le docteur Maciej Duszczyk, nommé en décembre 2023 vice-ministre chargé des questions internationales et des migrations, a fait savoir l’opposition de la Pologne au Pacte migratoire européen tel qu’il est envisagé actuellement. Cette opposition a été exprimée lors de la réunion du Comité des représentants permanents auprès du Conseil de l’Union européenne, qui s’est tenue le jeudi 8 février 2024.
Le communiqué ministériel rappelle que les négociations préliminaires au sujet du Pacte se sont achevées en décembre 2023, au moment de la prise de fonction du nouveau gouvernement sans que celui-ci puisse prendre position. „Il a donc été décidé d’émettre notre refus de l’ensemble des dispositions législatives du Pacte”, peut-on lire dans le message publié sur le site Internet du gouvernement.
Comme argument, le ministre avance la situation spécifique des Etats frontaliers du Bélarus et de la Russie. En effet, les pays baltes et la Pologne subissent depuis plusieurs années des tentatives massives de passage de clandestins africains et proche-orientaux acheminés sur place par les services bélarusses et russes. Récemment, la Finlande a été contrainte de fermer ses points de passage à la frontière russe après l’arrivée de plusieurs vagues de migrants illégaux. De plus, les pays d’Europe centrale ont accueilli plusieurs centaines de milliers de citoyens ukrainiens fuyant l’invasion de leur pays par la Fédération de Russie.
Le communiqué s’achève par une mise en garde à destination des institutions européennes : „Le Pacte migratoire européen ne garantit pas un équilibre suffisant entre responsabilité et solidarité, et peut en conséquence constituer un terrain de conflit entre les institutions de l’UE et les Etats membres”.
Renforcement de la frontière
.M. Duszczyk a informé de la publication de cette note sur sa page Twitter-X : „la Pologne a décidé de voter contre tous les actes juridiques contenus dans le Pacte migratoire européen”. Le vote au Parlement européen et au Conseil est prévu pour le printemps 2024.
En parallèle, le vice-ministre a annoncé vouloir poursuivre le renforcement de la clôture de sécurité à la frontière polono-bélarusse, initiée par le gouvernement conservateur précédent. Plusieurs dispositifs de surveillance électroniques seront développés sur un tronçon de 172 km le long du fleuve Bug, pour un montant de 279 210 000 zlotys. „Nous renforçons la sécurité de notre frontière avec le Bélarus. Nous allons y lancer de nouveaux investissements. La frontière doit être imperméable. Nous reprenons le contrôle des migrations”, a commenté M. Duszczyk sur Twitter-X.
„Nous devons protéger l’espace Schengen”
„L’idée lancée à Schengen est sans aucun doute magnifique et importante pour l’avenir de l’Europe. Malheureusement, il y a le risque aujourd’hui que la zone soit limitée ou même, pourvu que non, supprimée. La première raison, c’est évidemment l’afflux de migrants musulmans”.
„Les pays qui, au départ, avaient fait preuve d’ouverture envers ces nouveaux venus si différents culturellement s’aperçoivent maintenant que leur nombre ainsi que les prévisions montrant l’imminence d’un accroissement de l’immigration dépassent toute possibilité rationnelle d’assimilation”.
„Entre six pays de la zone Schengen des formes de contrôle existent déjà, élargissant en quelque sorte les régulations qui permettaient d’instaurer des contrôles lors d’événements à caractère ponctuel, comme de grandes manifestations sportives”.
„Les États, face au dilemme : assurer la sécurité intérieure ou respecter les régulations européennes, choisissent la première option. Difficile de croire que les contrôles sur certaines frontières à l’intérieur de la zone Schengen soient supprimés en fin d’année, comme prévu. Il est fort à parier qu’ils seront reconduits”.
„La crise Schengen est devenue, contre toute attente, l’expression, d’un côté, du mécontentement face à la gestion bruxelloise, et de l’autre, d’une perte de confiance réciproque entre les pays membres. Les États du nord en veulent aux États du sud de ne pas contrôler efficacement les frontières externes de l’UE, les deuxièmes accusant les premiers de manquer de solidarité. Le tout renforcé par la montée dans certains pays de l’hostilité envers les migrants”.
Nathaniel Garstecka