Le nouveau ministre des Affaires étrangères polonais en tournée en Europe centrale
Szymon Szynkowski vel Sęk, nouveau ministre des Affaires étrangères issu du dernier remaniement, visite plusieurs pays d’Europe centrale pour les fédérer contre les modifications des traités européens.
Remaniement en Pologne
.Lundi 27 novembre 2023, le Premier ministre Mateusz Morawiecki a présenté la composition du nouveau gouvernement qu’il avait été chargé de former par le Président Andrzej Duda. Beaucoup de changements ont été effectués à l’occasion.
Parmi les ministères qui n’ont pas été remaniés, celui de la défense, resté aux mains de Mariusz Blaszczak. Marlena Malag reste, quant à elle, ministre au développement et aux technologies. A la famille et à la politique sociale, M. Morawiecki a décidé de faire confiance à Dorota Bojemska. Szymon Szynkowski vel Sęk devient ministre des Affaires étrangères et Pawel Szefernaker chef de l’intérieur.
L’éducation a été confiée à Krzysztof Szczucki, les finances à Andrzej Kosztowniak, la culture à Dominika Chorosinska. Le nouveau ministre de la justice est Marcin Warchol, Anna Gembicka celle de l’agriculture et Ewa Krajewska celle de la santé.
Le nouveau gouvernement a prêté serment au Palais Présidentiel et Mateusz Morawiecki dispose de deux semaines pour obtenir la confiance de la chambre basse polonaise. S’il échoue, la Diète élira un nouveau Premier ministre. Dans ce cas, c’est Donald Tusk qui sera favori.
Aux élections législatives d’octobre 2023, le PiS (conservateurs) est arrivé en tête avec 35% des voix et 194 députés. Cependant, cela ne lui permet pas de gouverner seul. De son côté, le bloc arc-en-ciel articulé autour des centristes de la KO, semble être en mesure d’obtenir une majorité de gouvernement : la KO a obtenu 157 députés, Trzecia Droga (centre droit) 65 et Lewica (gauche) 26. La majorité est à 231 députés. Konfederacja (droite nationale-libertaire) ferme la marche avec 18 députés.
Le nouveau ministre des Affaires étrangères en tournée européenne
.Szymon Szynkowski vel Sęk, nouveau chef de la diplomatie polonaise, s’est immédiatement mis au travail. Sa mission est de mobiliser le plus de pays possible contre le projet de modification des traités européens, voté récemment au Parlement européen à une courte majorité avec les voix de la gauche (y compris des eurodéputés de la gauche polonaise, les seuls ayant voté pour) et des centristes.
Ainsi, la Pologne espère fédérer autour du refus d’une centralisation excessive des institutions européenne. C’est dans ce contexte que M. Szynkowski vel Sęk s’est rendu à Prague pour inaugurer sa tournée européenne, où il a rencontré le ministre tchèque des affaires européennes Martin Dvorzak. Ce dernier s’est montré réceptif à l’idée d’une coopération avec la Pologne à ce sujet :
„Durant nos discussions, j’ai appris que le gouvernement tchèque est hostile à l’ouverture des négociations au sujet de la modification des traités européens, ce qui correspond à la position polonaise”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères polonais.
„Les compétences stratégiques pour la défense des intérêts de nos citoyens, comme la sécurité énergétique, la politique étrangère, l’éducation ou la politique de santé devraient rester du ressort des Etats membres”, a-il-ajouté.
Szymon Szynkowski vel Sęk se déplacera ensuite à Vilnius en Lituanie, à Riga en Lettonie, puis à Copenhague et à Bruxelles.
Accord transpartisan en Pologne ?
.Le favori de la Diète pour le poste de Premier ministre, le centriste Donald Tusk, mis sous pression par l’opinion publique polonaise, a été obligé de prendre temporairement ses distances avec ses positions pro-fédéralistes traditionnelles. Les eurodéputés de son parti, la KO, faisant partie du Parti Populaire Européen, ont voté contre la résolution du Parlement européen appelant au lancement des modifications des traités.
Restant volontairement flou, il a déclaré, lors d’une conférence de presse à la Diète : „Si j’ai lutté pour gagner aux élections législatives, c’est pour que la Pologne puisse à nouveau influer sur les décisions de l’Union Européenne, et pas inversement. C’est nous qui déciderons des changements dans l’Union”.
„La souveraineté polonaise n’est pas menacée par Bruxelles ou par l’UE. Elle peut être menacée par la Russie, en cas de nouveau conflit ou quand nous sommes isolés. Nous devons aborder ces choses de manière professionnelle” a-t-il ajouté.
Il a tenté ensuite de rassurer sur les décisions qu’il compte prendre s’il devient Premier ministre : „La majorité de la scène politique polonaise est méfiante et sceptique au sujet des modifications des traitées européens. Je fais partie de ces sceptiques. Si nous formons un gouvernement, je dirai à Bruxelles que l’Union doit avoir une politique ambitieuse sans aller jusqu’aux modifications des traités telles qu’envisagées lors des débats au Parlement européen”.
Les principaux points contenus dans le projet de modification des traités européens sont la suppression du droit de véto lors des votes au Conseil et l’attribution de nouvelles compétences uniques et partagées à la Commission. Plusieurs pays estiment que ces changements mettent en péril leur souveraineté nationale et auront pour conséquence l’émergence d’un super-Etat centralisé à Bruxelles.
Nathaniel Garstecka