Le parlement hongrois vote l’accession de la Suède à l’OTAN

Les députés hongrois ont décidé de valider la demande d’accession de la Suède à l’OTAN. La Hongrie était le seul pays qui ne l’avait pas encore fait. La Suède va devenir le 32ème membre de l’Alliance.
La Hongrie débloque l’entrée de la Suède à l’OTAN
.Ce lundi 26 février 2024, le parlement hongrois s’est réuni afin de voter l’adhésion de Stockholm à l’Alliance Atlantique, de confirmer la démission de la présidente Katalin Novak et le choix de son successeur.
La Suède a déposé sa demande d’accession à l’OTAN en même temps que la Finlande, le 18 mai 2022, dans la foulée de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie. Un an plus tard, en avril 2023, la Finlande faisait son entrée dans l’organisation. La décision de ces deux pays nordiques de rejoindre l’OTAN, qui comprend déjà la Norvège, le Danemark et les pays baltes, porte un symbole fort : leur sortie d’une forme de neutralité traditionnelle, rendue intenable par les actions de la Russie dans l’est européen.
Si le cas de la Finlande n’a pas suscité d’opposition tenace de la part des autres membres (l’unanimité est exigée afin de valider une nouvelle adhésion), celui de la Suède a donné lieu à d’âpres négociations avec la Turquie et la Hongrie. La première exigeait entre autres des avancées dans le dossier des militants kurdes du PKK ayant trouvé refuge en Suède ainsi que le déblocage d’achat d’avions F-16. La seconde marquait ainsi sa désapprobation envers les critiques émises par Stockholm contre la politique intérieure du Premier ministre Viktor Orban.
La mer baltique, un lac „OTANesque”
.Ce dernier avait à plusieurs reprises annoncé que la Hongrie ne serait pas le dernier pays à entériner l’entrée de la Suède. Pourtant, le Parlement turc a fini par voter définitivement en janvier 2023, laissant Budapest seule dans son opposition. Dès lors, la pression s’est faite plus forte sur Viktor Orban, qui a rapidement cédé, non sans avoir au préalable „invité” son homologue suédois, Ulf Kristersson, afin d’obtenir „un geste”. Ainsi, la Hongrie s’est vue promettre la livraison de nouveaux chasseurs-bombardiers Gripen (du constructeur suédois Saab) afin de compléter sa flotte et a pu, dans la foulée, lancer la procédure parlementaire de vote en faveur de l’adhésion de la Suède à l’OTAN, chose désormais faite aujourd’hui.
En parallèle, la Russie a annoncé déployer de nouvelles forces afin de réagir à cet élargissement. „Nous renforcerons nos capacités militaires à l’ouest et au nord-ouest” a déclaré Alexandre Grouchko, vice-ministre russe des Affaires étrangères. „En cas de déploiement de forces et de moyens d’autres membres de l’Otan sur le territoire finlandais, nous prendrons des mesures supplémentaires pour assurer de manière fiable la sécurité militaire de la Russie”, a-t-il précisé.
Si la présence de la Finlande a permis à l’Alliance d’ajouter 1 300 km de frontières communes avec la Russie, celle de la Suède permet de faire de la mer baltique un lac „OTANesque”, à l’exception de la région de Saint-Pétersbourg et de l’exclave de Kaliningrad.
„L’oblast de Kaliningrad doit être liquidé”
.Eryk Mistewicz, Président de l’Institut des Nouveaux Médias et éditeur de „Wszystko co Najważniejsze”, point l’un des éléments nécessaires à l’établissement d’une réelle paix en Europe, la question de l’oblast de Kaliningrad :
„Situé au bord de la Baltique et entouré de part et d’autre par la Pologne et la Lituanie, ce territoire n’a jamais été, historiquement, la Russie. Pendant des siècles, il a fait partie de l’État polono-lituanien qui englobait, à son apogée, les terres de la Pologne, de la Lituanie, de la Lettonie, de la Biélorussie et de l’Ukraine d’aujourd’hui. À une époque, il a appartenu à la Prusse, mais jamais il n’a été russe”.
„Après la Seconde Guerre mondiale, cette zone a été initialement concédée à la Pologne, qui l’avait gouvernée pendant des siècles. Cependant, malgré les combats héroïques des Polonais aux côtés des Alliés, à la suite des décisions prises à Téhéran et à Yalta, la Pologne a été livrée aux Soviétiques pour des décennies, tout comme une grande partie de l’Europe centrale et orientale. L’oblast de Kaliningrad est tout simplement devenue une partie de l’URSS, un dépôt militaire des Soviétiques”.
„Le pire, après la guerre, serait de laisser cette enclave russe en Europe comme si de rien n’était. Aujourd’hui, ce sujet doit être discuté, analysé et inscrit à l’ordre du jour des pourparlers de paix qui auront lieu tôt ou tard. La Russie doit être consciente qu’elle ne sortira pas de la guerre en conservant son statu quo, y compris l’enclave de Kaliningrad – sa porte impériale vers l’Europe et son entrepôt de matériel militaire. À son tour, l’Occident doit être conscient de la menace mortelle au centre même de l’Europe”.
„L’expérience historique dramatique des 300 dernières années a appris aux pays d’Europe centrale que l’impunité d’un agresseur impérial attise son désir inassouvi d’expansion, tout en l’invitant à entreprendre de nouvelles agressions. Un empire impuni ne fait que s’enhardir”.
Nathaniel Garstecka