L’entretien entre Scholz et Poutine est une tentative d'exclure Trump des négociations sur l'Ukraine - Andrzej Duda
Le président Andrzej Duda, dans une interview accordée à l’agence de presse Bloomberg, a estimé que la conversation téléphonique du chancelier allemand Olaf Scholz avec Vladimir Poutine était une tentative de parvenir à un cessez-le-feu en Ukraine avant la présidence de Donald Trump.
Scholz-Poutine – quel était l’objectif de l’entretien?
.Comme l’a rapporté Bloomberg lundi, le président polonais Andrzej Duda a interprété la récente conversation téléphonique du chancelier allemand Olaf Scholz avec Vladimir Poutine comme une tentative d’« exclure Donald Trump des discussions sur l’avenir de l’Ukraine » et de raviver les relations de l’Allemagne avec le Kremlin. « Je pense qu’il s’agissait d’une tentative d’instaurer un cessez-le-feu en Ukraine avant que Donald Trump ne prenne ses fonctions », a-t-il déclaré.
„Le président a également déclaré qu’il avait averti le président élu des États-Unis lors d’un appel téléphonique le 11 novembre que l’Allemagne et d’autres alliés essayaient de lui « lier les mains ». Il a également déclaré que « l’Allemagne du chancelier Scholz craint surtout que Donald Trump ne l’oblige à acheter du gaz à l’Amérique ».
Andrzej Duda a également qualifié de « ridicules » les suggestions selon lesquelles Trump abandonnerait l’Ukraine, en citant l’exemple de l’aide militaire que l’Ukraine a reçue de la part des Etats-Unis au cours de son premier mandat. L’administration Trump a été la première à envoyer à l’Ukraine des missiles Javelin, bien que M. Trump ait initialement retenu cette aide pour tenter d’amener le président Volodymyr Zelensky à lancer une enquête contre Joe Biden.
Le retour de Trump sera un bouleversement majeur
.Interrogé sur sa conversation avec M. Trump le 11 novembre, le chef de l’Etat polonais a déclaré que ce dernier ne lui avait pas présenté son plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, mais qu’il l’avait interrogé sur son point de vue et sur les positions d’autres dirigeants européens. « Je suis convaincu qu’en ce qui concerne la guerre en Ukraine, il recueille assidument des données et des informations », a déclaré Andrzej Duda.
Il a également critiqué la décision de M. Scholz d’inviter le président américain Joe Biden à discuter de l’avenir de l’Ukraine avec les dirigeants français et britannique à Berlin le mois dernier. Le dirigeant polonais s’est dit « choqué » que le président Volodymyr Zelenski n’ait pas été invité à s’asseoir à la table des négociations aux côtés d’Olaf Scholz et d’Emmanuel Macron. Selon Bloomberg, les déclarations d’Andrzej Duda sont « un signe de la façon dont les alliés de Kiev se démènent pour se positionner avant le grand bouleversement que signifiera le retour de Trump » à la Maison Blanche.
Une Pologne indépendante est la clé de voûte du monde libre
.Le président de la République de Pologne Andrzej Duda a prononcé un discours à Varsovie le 11 novembre 2024, à l’occasion de la Fête de l’Indépendance, dans lequel il a évoqué le rôle clé de la Pologne pour l’ensemble du monde libre. Le discours a été publié sur « Wszystko co Najwazniejsze ».
« Que personne ne pense que si les pays européens membres de l’OTAN dépensent moins de 2 % ou même 3 % de leur PIB pour la défense, ils seront en mesure d’assurer leur propre sécurité et la nôtre. Ils n’y parviendront pas. Car on s’est récemment rendu compte que le stock de munitions de l’Europe ne serait suffisant que pour combattre pendant quelques jours durant un conflit de l’intensité de l’invasion russe de l’Ukraine. Telle est la brutale vérité à laquelle les politiciens et les stratèges européens ont été confrontés au cours de cette guerre totale. »
« Oui, nous sommes aujourd’hui à l’avant-garde. Oui, nous consacrons plus de 4 % de notre PIB à notre défense, et l’année prochaine – je m’en réjouis – nous prévoyons d’en consacrer plus de 4,7 % à cet objectif extrêmement important et fondamental pour notre sécurité à tous et celle de notre patrie ».
« Nous devons persuader et exhorter tous nos alliés à augmenter systématiquement leurs dépenses de défense. En effet, l’Europe, menée par les États-Unis, a gagné la guerre froide grâce à la résistance polonaise – des Polonais, membres de Solidarnosc, qui voulaient la liberté – mais aussi grâce au fait que la Russie soviétique n’a pas osé attaquer l’Occident fort, précisément parce que cet Occident dépensait plus de 3 % de son PIB pour sa sécurité. Telle était la ligne de conduite adoptée à l’époque. Et économiquement, la Russie soviétique n’était pas en mesure d’y faire face ».
« La Russie d’aujourd’hui ne pourra pas non plus faire face à un Occident fort. Mais il doit être forte. Il doit être fort de son propre potentiel militaire, il doit être forte de sa propre économie et il doit être forte du soutien indéfectible et de la coopération des États-Unis. Telles sont les conditions qui permettront à la Pologne, d’être la clé de voûte de la chaîne du monde libre, qui comprend tous les pays au nord et au sud de nous ; des pays qui, comme nous, valorisent la liberté, la souveraineté et l’indépendance par-dessus tout » – a déclaré Andrzej Duda.
Nathaniel Garstecka