Mateusz Morawiecki propose aux États-Unis un nouveau partenariat stratégique

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki est en visite aux États-Unis, où il a rencontré le vice-président Kamala Harris.

Kamala Harris: „La Pologne est un allié de valeur”

.Cette visite se déroule dans un contexte géopolitique dynamique. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est déplacé à Varsovie la semaine dernière, la guerre en Ukraine s’apprête à entrer dans une nouvelle phase, le Président français Emmanuel Macron a effectué une visite en Chine au cours de laquelle il a tenu des propos controversés et de nombreux observateurs constatent que la position de la Pologne au sein de l’Europe est en train de se renforcer.
Dans ce cadre, M. Mateusz Morawiecki entame une visite de trois jours aux États-Unis, afin de proposer un renforcement de la coopération économique et militaire suite aux déclarations du Président américain Joe Biden à Varsovie en février dernier.

Il a été accueilli hier par Mme Kamala Harris, vice-président des États-Unis, qui a déclaré que cette nouvelle donne dans les relations américano-polonaises prenait racine dans la guerre lancée par la Russie en Ukraine: „À partir de là, je me suis rendue à Varsovie en mars 2022 où j’ai été très bien reçue. Nous avons alors montré au monde la solidité de notre alliance face à l’agression russe en Ukraine.”

„La Pologne est un allié de valeur, un partenaire et un ami. Nous avons des liens durables fondés sur des priorités et des valeurs démocratiques communes. J’envisage la poursuite du renforcement des relations entre nos deux pays”, a-t-elle ajouté.

Mateusz Morawiecki aux États-Unis: „Le déclin de l’Occident peut être entravé”

.M. Mateusz Morawiecki a rappelé que la Pologne avait vu juste sur les intentions de la Russie et en a profité pour critiquer les erreurs de la France et de l’Allemagne: „Certains portent leur regard quelque part vers l’Extrême-Orient, d’autres sont perdus après avoir commis de terribles erreurs dans leurs politiques énergétiques avec la Russie. Certains pays doivent corriger en panique leur orientation géopolitique. Cependant nous, les Polonais, pouvons affirmer avec fierté: le gouvernement du PiS [Droit et Justice, parti conservateur au pouvoir depuis 2015 – note de N.G.] a anticipé les menaces venant de la Russie”.

„La Vieille Europe a cru en un rapprochement avec la Russie et a subi un échec. La Nouvelle Europe, cependant, se souvient de ce qu’a été le communisme russe. La Pologne est à la tête de cette Europe et veut être le fer de lance de la défense européenne”, a-t-il souligné.

Suite à cela, le chef du gouvernement polonais a tracé une ligne directrice pour la coopération future avec l’Amérique. Il a évoqué entre autres la création de bases militaires américaines fixes en Pologne, l’investissement dans du matériel militaire de nouvelle génération, le renforcement des coopérations économiques et technologiques et la poursuite du programme nucléaire civil.

Il a affirmé à plusieurs reprises que le déclin de l’Occident pouvait être entravé si l’Europe et les États-Unis restaient soudés et solidaires. C’est dans ce contexte qu’il a annoncé que la présidence polonaise du Conseil de l’Europe au premier semestre 2025 se placera sous le signe de l’alliance stratégique avec les États-Unis.

Ainsi, le Premier ministre polonais propose une vision stratégique radicalement différente de celle esquissée par le Président français en Chine. M. Emmanuel Macron y a présenté une conception consistant à s’éloigner des États-Unis au titre d’une „autonomie stratégique”, quitte à laisser planer le doute sur une réaction française à une éventuelle tentative de prise de contrôle militaire de Taïwan par la Chine.

Mateusz Morawiecki: „L’Occident peut continuer à compter sur la Pologne”

.Dans un article, M. Mateusz Morawiecki développe sa vision de l’architecture de sécurité européenne et de la souveraineté de la Pologne: „Il y a ceux qui perçoivent la place de la Pologne sur la carte du monde comme une malédiction. Je préfère cependant parler de bénédiction. En effet, la conscience des menaces a développé chez les Polonais un sens géopolitique spécifique – une prudence qui nous permet de mieux voir les défis à venir. Ce n’est pas un hasard si la Pologne a été la première à mettre en garde contre l’impérialisme russe renaissant. Au fil des siècles, nous avons tout simplement appris à être vigilants.”

Il conclut: „Cette vigilance nous amène également à considérer l’indépendance comme un devoir permanent. C’est pourquoi, dans un futur très proche, nous allouerons 3 % du PIB à la sécurité. C’est pourquoi nous avons construit le Baltic Pipe, un pipeline qui contre Nord Stream et les intérêts russes. C’est pourquoi nous investissons dans la construction de centrales nucléaires. La question de l’indépendance se décide aujourd’hui sur de nombreux fronts, et la protection des frontières n’en est qu’un. Nous prenons soin de l’indépendance de la Pologne, non seulement au nom de la responsabilité envers les futures générations de Polonais, mais aussi, en tant que leader du flanc oriental de l’Otan, au nom de la protection de l’ensemble de l’Alliance. Comme il y a cent ans, l’Occident peut continuer à compter sur la Pologne.”