fr Language FlagQui est Karol NAWROCKI? Présidentielle polonaise 2025

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Karol NAWROCKI, candidat du camp conservateur n’est pas un politicien professionnel, mais un historien. Il a été désigné pour affronter le candidat de la coalition progressiste à l’élection présidentielle polonaise de mai 2025.

Qui est Karol NAWROCKI, candidat à la présidentielle polonaise ?

.Celui qui a été désigné comme candidat par un comité citoyen proche du camp conservateur n’est pas issu de sérail politique. Il est né le 3 mars 1983 à Gdansk, dans le nord de la Pologne. Il s’est très tôt passionné pour l’histoire et a été diplômé de cette discipline à l’Université de Gdansk. A l’âge de 30 ans, il a soutenu sa thèse de doctorat portant sur la résistance citoyenne au régime communiste dans la voïvodie (région) d’Elblag durant la période 1976-1989. Il s’est spécialisé dans l’histoire de la résistance au communisme et de la criminalité organisé dans les années 1980. Il a publié de nombreux livres à ce sujet. Il est par ailleurs passionné de sport : il a notamment pratiqué le football et la boxe.

Sa formation d’historien du communisme l’a naturellement désigné pour obtenir un poste à l’Institut de la Mémoire Nationale. Cet organisme chargé de l’étude des crimes nazis et communistes au XXème siècle dispose d’antennes dans toutes les régions polonaises, et c’est celle de Gdansk qui a recruté Karol Nawrocki en 2009.

Il a rapidement gravi les échelons, en s’engageant dans la reconnaissance publique des résistants au totalitarisme, en particulier de ceux originaires de sa région.

En 2017, il a été nommé directeur du musée de la Seconde Guerre mondiale à Gdansk, première ville à subir l’attaque allemande le 1er septembre 1939. Il a contribué à diffuser les connaissances sur les grandes figures de la résistance à l’oppression nazie, comme Witold Pilecki, qui s’est porté volontaire pour être déporté dans le camp d’Auschwitz afin d’y obtenir des informations sur les crimes que les Allemands y commettaient, puis les transmettre à l’Ouest; ou les Ulma, cette famille sauvagement exécutée par les nazis pour avoir caché des Juifs.

Sur la liste des ennemis du Kremlin

.Après son mandat à la tête du musée, Karol Nawrocki est retourné à l’Institut de la Mémoire Nationale, où il a été nommé vice-directeur puis directeur de l’ensemble de l’Institut à partir de 2021. Il a fait de la mémoire son principale axe de travail. La mémoire des crimes commis par les régimes nazi et communiste, la mémoire des victimes, la mémoires des héros de la résistance. Il a aussi agi pour désoviétiser l’espace public polonais, en coopération avec les autres pays d’Europe centrale et orientale.

De par son activité d’historien et de directeur de l’Institut, il a rapidement été considéré comme un ennemi par le Kremlin. Soucieux de réhabiliter la période communiste, les crimes staliniens et l’alliance avec les nazis entre 1939 et 1941, le pouvoir russe mène un combat sans relâche contre les historiens du XXème siècle et les associations mémorielles.

.A l’international, il s’agit de s’opposer aux politiques de désoviétisation de l’espace public (par exemple le retrait de symboles communistes ou d’œuvres glorifiant l’Armée rouge), que ce soit en Pologne, en Ukraine ou des dans les pays baltes. Karol Nawrocki figure ainsi sur la liste des personnes recherchées par le ministère de l’Intérieur de Russie, en tant qu’ «ennemi particulier» du régime.

Refusant toujours de voir ses travaux récupérés par le monde politique, il a longtemps refusé d’être assimilé à un quelconque parti, préférant mettre l’accent sur le caractère patriotique mais apolitique de l’Institut. Il a accepté d’être candidat pour la prochaine élection présidentielle et d’être soutenu par le parti conservateur Droit et Justice (PiS) pour s’opposer au « délitement des valeurs polonaises » : « La Pologne est mon amour, c’est pourquoi je suis prêt à devenir votre président. Je veux le devenir parce que je sais que la Pologne doit être grande si elle veut survivre. Nos valeurs et nos symboles doivent être défendus, et notre souveraineté préservée », a-t-il déclaré lors de son premier discours public.

Connu des lecteurs français

.Les Français ont déjà eu l’occasion de découvrir Karol Nawrocki. Plusieurs de ses articles ont paru dans le journal l’Opinion, en collaboration avec Wszystko co Najwazniejsze.

Dans l’édition du 8 novembre 2024 du quotidien libéral, l’historien rappelait les tragédies vécues par la Pologne au XXème siècle : « Le pacte diabolique des deux totalitarismes – conclu en aout 1939 par Adolph Hitler et Joseph Staline – plongea le monde dans un nouveau conflit, encore plus sanglant et terrible que celui de 1914-1918. Cette fois, la Pologne connut une double occupation : allemande et soviétique. L’une reste symbolisée jusqu’à nos jours par les exécutions massives, les rafles, les déportations vers Auschwitz et le travail forcé. L’autre par les camps de travail en Sibérie et Katyn, où la fleur de l’intelligentsia polonaise fut abattue d’une balle dans la nuque. Au total, l’hécatombe de la Seconde Guerre mondiale coûta la vie à six millions de citoyens, en grande majorité des Juifs polonais. Elle entraîna également d’énormes dommages matériels pour le pays, équivalents à des centaines de milliards de dollars aujourd’hui ».

« Pourtant, la fin de la Seconde Guerre mondiale ne rendit pas à la Pologne sa liberté, mais la plongea dans un nouvel esclavage. Pendant plusieurs décennies, la pays tomba sous la domination des communistes, installés par les baïonnettes et les chars de l’Armée rouge. Le pays ne parvint à se défaire de l’oppression de l’Union soviétique qu’à la fin des années 1980, grâce à l’apport important du pape Jean-Paul II et du mouvement Solidarnosc, fort de plusieurs millions d’adhérents ».

Dans le numéro de l’Opinion du 16 septembre 2022, Karol Nawrocki évoquait cependant un grand succès polonais du siècle dernier, la victoire de 1920 contre l’Armée rouge, et le mettait en perspective avec l’invasion russe de l’Ukraine : « En aout 1920, sur la ligne de la Vistule, on a assisté à une confrontation de deux mondes et de deux civilisations que tout sépare. D’un côté l’anarchie, l’extermination et le mépris de tout ce qui n’était pas bolchévique, de l’autre, la volonté de se battre pour l’indépendance d’un Etat qui était réapparu sur les cartes de l’Europe après 123 ans d’asservissement. La destruction et l’esclavage bolchévique contre l’amour polonais de la liberté ».

« Sous nos yeux, l’histoire a fait un tour complet. Le monde a vu que la Russie, dans ses ambitions impérialistes, n’avait pas changé. Espérons que cette marche anti-civilisationnelle se terminera comme en 1920. Je souhaite aux Ukrainiens d’être aussi efficaces dans leur lutte que les Polonais l’ont été il y a cent ans ».

Nathaniel Garstecka

œuvre protégée par droit d'auteur. Toute diffusion doit être autorisée par l'éditeur 29/11/2024
Fot. fJakub Porzycki/Forum