Réunion du Conseil OTAN-Ukraine
A l’initiative de l’Ukraine, le conseil OTAN-Ukraine s’est réuni une deuxième fois en un mois. Cette fois, il a été question de la situation sécuritaire en mer noire.
Sécurité menacée en mer noire
.Le conseil de sécurité entre l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, principale alliance militaire occidentale, et l’Ukraine, avait été lancé lors du Sommet de Vilnius au début du mois de juillet 2023. L’objectif de cette initiative est de renforcer les liens entre le pays victime de l’invasion russe et l’organisation qu’il espère rejoindre. Elle doit permettre de coordonner leur coopération et améliorer la prise de décision commune.
Le 17 juillet, la Russie a dénoncé unilatéralement l’accord céréalier qu’elle avait pourtant signé un an auparavant, sous le patronage de l’ONU et de la Turquie. L’accord visait à éviter une crise alimentaire mondiale (en particulier en Afrique) en laissant transiter les céréales ukrainiennes par voie maritime en mer noire. La Russie a rompu l’accord quelques heures après l’attaque du pont de Crimée par les forces ukrainiennes. Cela fait peser une nouvelle menace sur les livraisons de grain ukrainien et le Président Volodymyr Zelensky a appellé a faire respecter l’accord malgré le retrait russe.
Cette situation a lieu dans le contexte d’efforts militaires effectués par l’Ukraine afin de reprendre les territoires occupés illégalement par la Russie depuis le déclenchement de l’invasion, en février 2022. Les oblasts de Zaporojie et de Donetsk sont en particulier visés par une contre-attaque ukrainienne depuis quelques semaines.
Communiqué suite au conseil OTAN-Ukraine
.L’organisation militaire a publié un communiqué, suite a la réunion du conseil ce mercredi 26 juillet 2023, à laquelle ont notamment participé le Président ukrainien et le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.
Le communiqué débute par une condamnation du retrait unilatéral de la Russie de l’accord céréalier. Il rappelle que ce retrait fait peser le risque d’une crise alimentaire mondiale. Il condamne aussi les attaques russes contre des infrastructures civiles dans les villes d’Odessa et Mykolaiev.
La note cite ensuite les déclarations des dirigeants de l’OTAN :
„Le secrétaire général adjoint, Mircea Geoană, a déclaré : « La Russie continue de faire preuve d’un mépris total pour le droit international et pour les peuples du monde entier qui dépendent des céréales ukrainiennes. La Russie menace les navires civils, terrorise les villes pacifiques et détruit des parties du patrimoine culturel mondial avec ses frappes brutales. L’OTAN est unie. Nous sommes solidaires de nos alliés de la mer Noire, nous continuerons à nous protéger les uns les autres et nous continuerons à soutenir l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra”.
„Le secrétaire général, Jens Stoltenberg, a déclaré : « La Russie porte l’entière responsabilité de ses actions dangereuses et de l’escalade dans la région de la mer Noire. La Russie doit cesser de se servir de la faim comme d’une arme et de menacer les personnes les plus vulnérables du monde d’instabilité alimentaire. Les actions de la Russie font également peser des risques considérables sur la stabilité de la région de la mer Noire, qui revêt une importance stratégique pour l’OTAN. Les Alliés intensifient leur soutien à l’Ukraine et redoublent de vigilance. Nous restons prêts à défendre chaque pouce de territoire allié contre toute agression”.
Le communiqué déclare enfin que l’OTAN renforce sa surveillance de la région de la mer noire, afin d’assurer la sécurité de ses alliés : „L’OTAN et les Alliés intensifient la surveillance et la reconnaissance dans la région de la mer Noire, notamment au moyen d’avions de patrouille maritime et de drones. Depuis l’année dernière, en réponse à la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, l’OTAN a considérablement accru sa présence dans la région, notamment avec deux nouveaux groupements tactiques multinationaux en Bulgarie et en Roumanie”.
„Ce qui se passera après le Sommet de Vilnius est plus important que le sommet en lui-même”
.Dans un article publié dans „Wszystko co Najwazniejsze”, le politologue et universitaire américain Andrew Michta écrit, au sujet du sommet de l’OTAN à Vilnius et de la coopération avec l’Ukraine:
„Jusqu’à présent, aucun sommet de l’OTAN n’a été aussi attendu et commenté que celui de Vilnius. Le thème principal du sommet est l’avenir de l’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance. Tout semble indiquer que les partenaires n’inviteront pas Kiev à entamer le processus de demande d’adhésion. Ils n’accepteront probablement pas non plus d’émettre une invitation l’année prochaine lors du sommet prévu à Washington. Néanmoins, la plupart des débats se concentrent sur cette question politique fondamentale et sur la manière dont les différents États membres peuvent y répondre. En conséquence, un autre point clé de l’ordre du jour – l’adoption de trois nouveaux plans régionaux, des plans supplémentaires et, surtout, le retour de l’Alliance à sa mission initiale de dissuasion et de défense collective – attire moins l’attention. Cela est dû en partie au fait que ces plans sont top secret et ne peuvent être discutés publiquement qu’en termes généraux. Mais c’est aussi parce que ce sujet n’est pas propice aux jeux politiques à fort enjeu, qui sont liés à la question de l’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance”.
„Les États-Unis continueront de fournir un parapluie nucléaire et des aides de haute qualité, ce qui leur permettra de concentrer leurs ressources sur les menaces dans la région indo-pacifique. Si les Alliés quittent Vilnius sans avoir intériorisé les bases de cette nouvelle réalité géostratégique, le sommet ne parviendra pas à générer l’élan nécessaire pour rétablir la viabilité de l’OTAN, rendant ainsi stérile toute discussion sur l’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance. Il incombe aux gouvernements européens de veiller à ce que les promesses faites au sommet de Vilnius soient tenues”.
Nathaniel Garstecka