Réunion du groupe de Visegrad à Bratislava
Les chefs de gouvernement de la Pologne, de la Tchéquie, de la Slovaquie et de la Hongrie, composant le groupe de Visegrad, se réunissent lundi 26 juin 2023 à Bratislava, capitale de la Slovaquie.
Réunion du groupe de Visegrad
.Le groupe de Visegrad (« V4 ») est une organisation visant à renforcer la coopération régionale entre Varsovie, Prague, Bratislava et Budapest. Le groupe a été fondé en 1991 et continue à fonctionner après l’adhésion de ses membres à l’OTAN et à l’Union Européenne.
La réunion d’aujourd’hui doit permettre d’harmoniser les points de vue des membres du V4 avant le sommet du Conseil européen qui doit se tenir en fin de semaine à Bruxelles. Mateusz Morawiecki (Pologne), Petr Fiala (Tchéquie), Ludovit Odor (Slovaquie) et Viktor Orban (Hongrie) auront à discuter des sujets d’actualité touchant l’Europe centrale.
Si le thème principal reste l’invasion russe de l’Ukraine et l’aide militaire et économique à apporter à Kiev, la sécurité énergétique, le renforcement des liens commerciaux et le nouvel « accord » européen sur l’immigration seront aussi à l’ordre du jour. Par ailleurs, les chefs de gouvernement des quatre Etats évoqueront aussi les questions de défense dans le cadre de l’approche du Sommet de l’OTAN à Vilnius (Lituanie), programmé en juillet.
Déclarations de Mateusz Morawiecki
.Le Premier ministre polonais, M. Mateusz Morawiecki, qui prend part à la réunion du groupe de Visegrad à Bratislava, a centré ses déclarations sur le sujet de l’immigration : „Les pays du V4 se sont montrés à la hauteur du défi migratoire lié aux réfugiés ukrainiens, c’est pourquoi le sujet qui nous unit est celui de l’immigration”.
Il a ajouté, au sujet du projet de l’Union Européenne d’imposer des amendes aux pays refusant d’accueillir les clandestins venus d’Afrique et du Proche-Orient, jusqu’à 20 000 euros par migrant pour un premier contingent pilote de 30 000 personnes : „Nous n’acceptons aucun contingent, aucun quota, aucune répartition de migrants et nous annonçons clairement que l’Europe doit être en mesure de se défendre contre l’immigration extérieure”.
Il a poursuivi : „Les frontières de l’Europe doivent être préservées, il est immoral de soutenir les organisations de passeurs et de trafiquants d’êtres humains”
„L’Europe centrale comme une communauté des aspirations”
.Le président de la République de Pologne, M. Andrzej Duda, décrit dans un article paru dans „Wszystko co Najwazniejsze” les axes de coopération régionale de l’Europe centrale :
„Entité régionale de taille, l’Europe centrale ou bien l’Europe du Centre-Est (on utilise indifféremment ces deux notions) est une communauté des destins à tous les niveaux : géographique, politique, économique, idéologique, culturel. Vu son emplacement, on la perçoit comme un espace s’étendant entre les mers Baltique, Adriatique et Noire ou, par une simplification un peu trop abusive, entre l’Allemagne et la Russie. Avant tout cependant, nous constituons un cercle commun de la mémoire. Nos vécus historiques respectifs, durant notamment ce tragique XXe siècle, se ressemblent énormément. Nous avons fait l’expérience de deux totalitarismes – brun et rouge – qui nous opprimaient et nous persécutaient”.
„Trois domaines de coopération en Europe centrale méritent une attention particulière. Leur impact dépasse le cadre régional, car ils s’avèrent essentiels au niveau européen, transatlantique et même planétaire. Le premier est le Groupe de Visegrád, le projet politique commun le plus ancien, réunissant la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie. Initié en 1991 comme une plate-forme de dialogue politique et de coordination d’actions visant l’adhésion de ses États-membres à l’Otan et l’UE, le Groupe a prouvé son utilité aussi une fois ces objectifs stratégiques atteints. Aujourd’hui, il reste un des plus importants facteurs d’animation de la coopération régionale en Europe centrale et de la recherche de positions communes quant aux affaires européennes”.
„Le second domaine de coopération est le Groupe des neuf, formé en 2015 à Bucarest, réunissant les États de la frontière est de l’Otan : la Pologne, la Roumanie, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la Hongrie, la Slovaquie, la République tchèque et la Bulgarie. Il a pour but de rassembler les efforts en vue d’assurer là où ce sera nécessaire « une présence militaire forte, crédible et équilibrée » de l’Otan dans la région. Dans une large mesure, le Groupe B9 doit être perçu comme une réponse à la politique de plus en plus agressive de la Russie, à la violation des frontières et de l’intégralité territoriale de l’Ukraine qui sont un danger pour la sécurité régionale et transatlantique. Nous n’avons aucune envie de rester des observateurs passifs de ces processus”.
„Le troisième domaine par lequel s’exprime notre volonté de coopérer étroitement dans la région est l’Initiative des Trois Mers, initiée en 2015 par moi-même et la Présidente de Croatie Kolinda Grabar-Kitarović, et regroupant les États situés entre les mers Baltique, Adriatique et Noire : l’Autriche, la Bulgarie, la Croatie, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la République tchèque, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie. L’objectif de l’Initiative est de promouvoir des investissements communs dans les infrastructures, le transport, l’industrie énergétique et les nouvelles technologies, afin de stimuler la relance économique dans nos pays et la convergence au sein de l’Union européenne tout entière. La carte des liens économiques en UE montre clairement la domination des transferts horizontaux Ouest-Est au détriment des transferts verticaux Nord-Sud. Il s’agit aussi bien des transferts de personnes, de marchandises, de services et de capitaux, que du réseau des infrastructures : autoroutes, voies ferroviaires, plateformes de correspondances, pipelines, lignes de haute tension, etc. L’Initiative des Trois Mers, en renforçant structurellement cette partie de l’Europe, en la complétant d’ « échafaudages » manquants, assurera plus d’intégration non seulement à la région elle-même, mais également à l’Union européenne dans son ensemble. L’engagement, à côté de capitaux européens, d’investisseurs américains, chinois ou d’autres régions du monde signifie une diversification saine des bénéfices et des interconnexions”.
Nathaniel Garstecka