Réunion du Groupe de Visegrad à Prague

Les présidents des quatre pays du groupe de Visegrad se sont rencontrés dans la capitale tchèque afin d’évoquer les sujets cruciaux pour la région. La guerre en Ukraine reste le point central des discussions.
Réunion des quatre de Visegrad
.Mercredi 22 novembre 2023, les présidents de la Pologne (Andrzej Duda), de la Tchéquie (Petr Pavel), de la Slovaquie (Zuzana Caputova) et de la Hongrie (Katalyn Novak) se sont rencontrés à Prague dans le cadre de la réunion annuelle des présidents du Groupe de Visegrad. Les principaux point abordés ont concerné la guerre que mène la Russie en Ukraine, le conflit au Proche-Orient entre Israël et le Hamas, et les coopérations régionales.
Le président polonais, M. Duda, a déclaré qu’il a été question d’augmenter le fond dont dispose le Groupe de Visegard pour les projets culturels, scientifiques et scolaires communs : „Nous avons parlé de son fonctionnement, de son rôle dans le développement de notre région et de nos sociétés”. Le budget annuel du Groupe est de 10 millions d’euros. „Nous allons envisager de l’augmenter et nous soumettrons une proposition allant dans ce sens à nos Premiers ministres”, a-t-il ajouté.
Les investissements dans les infrastructures de transport sont au cœur de la coopération économique des pays de l’Europe centrale. L’un de ces projets est la construction de la „Via Carpatia”, devant lier les ports de la baltique à ceux de la mer noire et de la mer méditerranée.
L’innovation et l’intégration économique ont aussi été mis sur la table au cours de la réunion. La présidente slovaque, Mme Caputova, a tracé la ligne économique que devraient suivre les pays de la région : „Après la chute du rideau de fer, nos pays ont effectué une transition vers une économie de marché. L’entrée dans l’Union Européenne nous y a aidé. Désormais, nous devons évoluer vers des économies innovantes et à forte valeur ajoutée”.
Conflits en Ukraine et au Proche-Orient
.Le sujet principal a été, comme l’année dernière, la „situation sécuritaire et politique en lien avec l’agression de la Russie contre l’Ukraine”. Andrzej Duda a rappelé que les membre du Groupe de Visegrad sont „d’accord sur le fait que l’Ukraine a toujours besoin de notre aide et que nous devons la lui apporter”. La président de la Hongrie, Katalyn Novak, a ajouté que „la Russie ne peut pas gagner cette guerre. Notre position est homogène sur cette question: nous voulons aider l’Ukraine le plus possible, afin qu’elle puisse se défendre et défendre son peuple”.
M Pavel, président de la Tchéquie, est aussi allé dans ce sens : „La Russie doit subir les conséquences des pertes civiles et des dommages infligés à l’Ukraine”.
Mme Novak est revenue sur la situation au Proche-Orient : „Israël a été brutalement attaqué et est en train de se défendre”. Elle a informé que des citoyens hongrois été retenus en otage par les terroristes du Hamas et que leur libération „serait une étape importante en vue de la résolution du conflit”. Par ailleurs, elle a confirmé que la communauté juive de Hongrie vit en sécurité, ce qui est aussi le cas dans les autres pays du Groupe de Visegrad, contrairement à ce qui se passe en Europe de l’ouest. Depuis l’attaque terroriste menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et la riposte de Tsahal dans la bande de Gaza, le nombre d’incidents antisémites en France, en Belgique et en Allemagne a drastiquement augmenté.
Andrzej Duda a conclu en invitant ses homologues à la prochaine réunion du Groupe, qui se tiendra cette fois-ci en Pologne, dans le cadre de la présidence tournante polonaise : „L’année dernière nous nous sommes rencontrés à Bratislava, cette année ça a été à Prague, l’année prochaine ce sera en Pologne. Nous n’avons pas encore décidé du lieu précis, mais je vous y donne déjà rendez-vous”.
„L’Europe centrale comme une communauté des aspirations”
.Dans un article paru dans „Wszystko co Najwazniejsze”, Andrzej Duda, président de la Pologne, revient sur le rôle de l’Europe centrale :
„L’Europe centrale est un excellent exemple de la force créatrice de la liberté, conjuguée dans la vie économique avec l’esprit de l’entreprise et l’autogestion. Trois domaines de coopération méritent une attention particulière. Leur impact dépasse le cadre régional, car ils s’avèrent essentiels au niveau européen, transatlantique et même planétaire”.
„Le premier est le Groupe de Visegrád, le projet politique commun le plus ancien, réunissant la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie. Initié en 1991 comme une plate-forme de dialogue politique et de coordination d’actions visant l’adhésion de ses États-membres à l’Otan et l’UE, le Groupe a prouvé son utilité aussi une fois ces objectifs stratégiques atteints. Aujourd’hui, il reste un des plus importants facteurs d’animation de la coopération régionale en Europe centrale et de la recherche de positions communes quant aux affaires européennes”.
„Le second domaine de coopération est le Groupe des neuf, formé en 2015 à Bucarest, réunissant les États de la frontière est de l’Otan : la Pologne, la Roumanie, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la Hongrie, la Slovaquie, la République tchèque et la Bulgarie. Il a pour but de rassembler les efforts en vue d’assurer là où ce sera nécessaire « une présence militaire forte, crédible et équilibrée » de l’Otan dans la région. Dans une large mesure, le Groupe B9 doit être perçu comme une réponse à la politique de plus en plus agressive de la Russie, à la violation des frontières et de l’intégralité territoriale de l’Ukraine qui sont un danger pour la sécurité régionale et transatlantique. Nous n’avons aucune envie de rester des observateurs passifs de ces processus”.
„Le troisième domaine par lequel s’exprime notre volonté de coopérer étroitement dans la région est l’Initiative des Trois Mers, initiée en 2015 par moi-même et la Présidente de Croatie Kolinda Grabar-Kitarović, et regroupant les États situés entre les mers Baltique, Adriatique et Noire : l’Autriche, la Bulgarie, la Croatie, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la République tchèque, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie. L’objectif de l’Initiative est de promouvoir des investissements communs dans les infrastructures, le transport, l’industrie énergétique et les nouvelles technologies, afin de stimuler la relance économique dans nos pays et la convergence au sein de l’Union européenne tout entière. La carte des liens économiques en UE montre clairement la domination des transferts horizontaux Ouest-Est au détriment des transferts verticaux Nord-Sud. Il s’agit aussi bien des transferts de personnes, de marchandises, de services et de capitaux, que du réseau des infrastructures : autouroutes, voies ferroviaires, plate-formes de correspondances, pipelines, lignes de haute tension, etc. „
„L’Initiative des Trois Mers, en renforçant structurellement cette partie de l’Europe, en la complétant d’ « échafaudages » manquants, assurera plus d’intégration non seulement à la région elle-même, mais également à l’Union européenne dans son ensemble. L’engagement, à côté de capitaux européens, d’investisseurs américains, chinois ou d’autres régions du monde signifie une diversification saine des bénéfices et des interconnexions”.
Nathaniel Garstecka