Tensions entre la Bulgarie et la Serbie

Le président bulgare Roumen Radev a laissé entendre que Sofia pourrait reconsidérer son soutien à l’adhésion de la Serbie à l’UE en raison du traitement réservé par Belgrade à la minorité bulgare.
La Bulgarie pourrait s’opposer à l’entrée de la Serbie dans l’UE
.La minorité bulgare de Serbie fait l’objet, depuis quelques mois, d’une campagne médiatique hostile de la part des autorités serbes. Les 13 000 citoyens serbes d’origine bulgare sont majoritairement regroupés aux alentours de la ville de Bosilegrad, dans le sud du pays près de la frontière avec la Bulgarie et la Macédoine du nord.
„Le principal critère selon lequel nous jugerons les efforts des pays des Balkans occidentaux est la situation de nos compatriotes dans chacun de ces pays, leurs conditions de développement économique et social et, surtout, leur capacité à défendre leur identité nationale, leur langue, leur culture et leur mémoire historique”, a déclaré le président bulgare Ruman Radev, dont le mandat s’achèvera en 2027.
„Je continuerai à m’engager personnellement, avec la vice-présidente Iliyana Jotova, dans l’action des institutions bulgares en faveur d’une position unique et claire, et d’une politique de soutien à tous nos compatriotes à l’étranger. Je continuerai à œuvrer avec les dirigeants de l’État serbe pour résoudre les problèmes de nos compatriotes dans les régions frontalières occidentales de la Bulgarie”, a ajouté M. Radev.
Pour des raisons similaires, la Bulgarie a déjà retiré son soutien au processus d’adhésion de la Macédoine du Nord à l’Union européenne, accusant le gouvernement de Skopje de susciter un discours de haine à l’encontre des Bulgares du pays. La reconnaissance de la minorité bulgare dans la constitution de la Macédoine du Nord reste un obstacle de taille à l’ouverture des négociations d’adhésion de ce pays à l’Union Européenne.
Appel à la solidarité envers la minorité bulgare de Serbie
.Ce mercredi, le président a remis la plus haute décoration bulgare, l’Ordre de Stara Planina, à Ivan Nikolov, président du Centre d’information culturelle de la ville serbe de Bosilegrad et l’un des représentants les plus actifs de la minorité bulgare en Serbie. Au cours de la cérémonie, l’activiste a déclaré que l’idéologie des autorités de Belgrade conduit à la répression de la minorité bulgare.
Ruman Radev a ensuite souligné que son pays était l’un des principaux soutiens à l’adhésion des pays des Balkans occidentaux à l’UE: „Nous sommes conscients de l’importance de cette intégration pour la sécurité, la stabilité et le développement économique durable de la région”.
En décembre, 12 des 17 eurodéputés bulgares de tous les groupes politiques, à l’exception de cinq membres du Parti socialiste bulgare pro-russe, ont adressé une lettre ouverte aux institutions européennes, dans laquelle ils alertent sur „les violations des droits de la minorité bulgare en Serbie et l’incitation à la haine à son encontre”. La lettre souligne qu'”il existe un discours constant de haine contre la minorité bulgare dans l’espace public serbe, ce qui crée des conditions de vie difficiles pour les Bulgares en Serbie”.
Les auteurs ont averti que „générer de la haine dans la société serbe contre la Bulgarie, et donc contre l’UE, est principalement bénéfique pour le Kremlin”. L’Église orthodoxe serbe, qui entretient des liens étroits avec Moscou, a également été accusée de participer au sentiment anti-bulgare.
„Fasciste qui n’est pas avec eux”
.”Les autorités de la Fédération de Russie mentent constamment sur le passé afin de justifier leur politique agressive actuelle. Dans cette mystification, la Pologne occupe une place de choix”, écrit Karol Nawrocki, Président de l’Institut de la mémoire nationale de Pologne, dans „Wszystko co Najwazniejsze”.
„Lorsque, il y a quelques bonnes années, je visitais à Moscou le Musée central de la Grande Guerre patriotique 1941–1945, je suis passée par sa boutique. En plus des caquettes arborant une étoile rouge, l’offre comprenait, entre autres, des figurines de Lénine et de Dzerjinski. Voilà le triste constat : en Russie, les chefs de la sanglante révolution bolchevique et les créateurs du système génocidaire soviétique continuent d’être traités comme des héros, devenus par la même occasion un élément de la pop culture”.
„Pour nous, à l’Institut de la Mémoire nationale, que j’ai l’honneur de diriger, il est évident que dans une Pologne libre et démocratique, il n’y a pas de place pour les noms et les symboles commémorant ce système totalitaire soviétique. Cependant, les autorités de la Fédération de Russie semblent estimer que les États désormais souverains de l’ancien bloc de l’Est n’ont pas le droit de désigner eux-mêmes leurs héros”.
„La défaite du Reich, jusqu’à nos jours saluée en Russie comme une grande victoire sur le fascisme, pour les nations d’Europe centrale et orientale signifiait un nouvel asservissement, cette fois-ci par les Soviétiques. Cependant, les autorités moscovites actuelles ne veulent pas en entendre parler. En avril 2022, elles ont liquidé l’Association Mémorial, qui a eu tant de mérite à rappeler aux Russes les victimes du communisme”.
„Aujourd’hui, Moscou voudrait faire taire également tous ceux qui à l’étranger font état des vérités historiques gênantes. Le Kremlin n’a qu’une seule épithète pour désigner ces gens-là : fascistes”.
Nathaniel Garstecka