fr Language FlagUne jeunesse en perte de repères

perte de repères

Le lycéen qui a attaqué au couteau ses camardes à Nantes a écrit, avant de passer à l’acte, un manifeste détaillant sa pensée. On y retrouve les grands classiques de l’angoisse des jeunes d’aujourd’hui en perte de repères. Pendant ce temps, l’Etat cherche de plus en plus à idéologiser l’école.

Le manifeste du jeune tueur

.Le jeune Justin Adar Polat a tué au couteau une camarade et en a blessé deux autres jeudi 24 avril 2025 au collège-lycée Notre-Dame-de-Toutes-Aides à Nantes. Décrit comme distant, dépressif et bizarre, il parlait à ses amis «de la pollution, de nazis, d’extrémisme, de jihadisme, même du journal d’Anne Frank». Arrêté après l’attaque, il a été interné en psychiatrie.

Avant de passer à l’acte, il a diffusé un manifeste afin de décrire sa pensée. Dedans, il évoque la destruction que subissent la planète et l’humanité. Dans la première partie, il parle d’«écocide globalisé» comme menace la plus «impactante et dangereuse», des « actions humaines qui empoisonnent et détruisent», de la «contamination chimique», de «l’exploitation industrielle». Il propose une «révolte écologique» pour «sauver la Terre».

Dans la seconde, il aborde la «violence systémique et insidieuse», l’«aliénation sociale» et la «mondialisation qui transforme notre système en une machine à décomposer l’humain». La «violence systémique est l’architecture invisible de la soumission mentale et de l’aliénation sociale contemporaine». Il parle aussi d’une «caste de privilégiés qui nous ricanent au visage avant de nous cracher dessus».

Enfin, il écrit que «la société de l’information n’est en réalité qu’une immense opération de conditionnement, un système de colonisation de l’inconscient visant à formater les esprits, stériliser les imaginaires et rendre l’humain docile, prévisible, programmable».

On retrouve dans ce manifeste les grandes lignes de l’angoisse des jeunes d’aujourd’hui, insufflée par le catastrophisme écologiste et le marxisme culturel. Les jeunes sont bombardés de messages apocalyptiques sur l’environnement et le climat, on leur explique qu’ils sont «la dernière génération» et qu’ils doivent «se mobiliser». Certains paralysent les centres-villes en se collant les mains sur l’asphalte, d’autres poignardent leurs camarades de classe. L’emploi du mot aliénation renvoie aussi au marxisme, dont l’aspect culturel constitue le fondement idéologique des associations qui influencent la jeunesse. C’est le genre de propos que l’on retrouve dans les réunions ultra-progressistes ou d’extrême-gauche, même si une certaine extrême-droite réactionnaire peut y avoir recours aussi.

Une jeunesse en perte de repères

.Une jeunesse en perte de repères, puisque ceux qui avaient cours jusqu’à présent (la religion, la nation, la culture, l’école) ont été déconstruits à partir de mai 1968 par une gauche militante et un centre-droit complice. Pour les remplacer, l’Etat a mis le paquet sur les «nouvelles valeurs», telles que la «solidarité», la «citoyenneté», la «république», la «diversité», le progressisme ou le «vivre-ensemble».

L’école est ainsi devenu un nouveau champ de bataille idéologique où s’infiltre le militantisme politique essentiellement de gauche: cours sur le sexe dès la maternelle, théorie du genre, écologisme, sensibilisation aux «discours de haine» ou aux «stéréotypes» divers et variés. L’exemple le plus récent est cet amendement voté en commission, qui prévoit l’introduction dans les écoles de « séances d’information sur le cycle de la vie et de la mort, avec l’intervention de bénévoles issus d’associations d’accompagnement reconnues, laïques, apolitiques et aconfessionnelles». Les associations véhiculent une forme d’éco-anxiété mortifère et d’idéalisme révolutionnaire.

Les nouveaux repères mis en avant par l’Etat étant incapables de remplacer durablement les précédents, qui avaient l’avantage de maintenir un lien social solide, c’est tout naturellement que la jeunesse se tourne vers les actions violentes ou l’islamisme.

Convergence des luttes

.Afin d’illustrer ce nouveau monde que nous promettent les progressistes, citons la fameuse «convergence des luttes», consistant à associer les revendications marxistes, écologistes, féministes, islamistes et bien d’autres, dans le but d’abattre le «patriarcat blanc, occidental et conservateur». A Berlin, les Verts ont officiellement demandé la fin de la neutralité religieuse au sein de l’espace public. La loi berlinoise interdisait, depuis 2005, aux agents de la fonction publique le port de signes religieux. Les progressistes locaux souhaitent que les femmes musulmanes soient autorisées à porter le voile islamique au nom de leur «liberté à se vêtir comme elles le souhaitent» et de la «lutte contre les discriminations». «Le maintien de la loi sur la neutralité va à l’encontre d’une société libérale et diversifiée», expliquent les Verts.

L’alliance des écologistes, des féministes et des islamistes, donc. La gauche devrait se méfier. Une fois que les islamistes ont le pouvoir, ils n’ont pas tendance à le partager…

Nathaniel Garstecka

œuvre protégée par droit d'auteur. Toute diffusion doit être autorisée par l'éditeur 26/04/2025