Vladimir Poutine – „L’Ukraine est un territoire russe”

Lors d’un discours prononcé devant le Congrès russe, Vladimir Poutine a entre autres justifié l’invasion de l’Ukraine et déclaré que cette dernière est un „territoire russe”.
Discours sur „l’état de la nation”
.Comme chaque année, le Président de la Fédération de Russie a tenu un discours devant les membres du Congrès. Cette fois-ci, l’événement s’est déroulé à deux semaines de l’élection présidentielle russe, que Vladimir Poutine devrait emporter haut la main dès le premier tour. Le discours a ainsi pris la forme d’un meeting électoral, du fait des nombreuses annonces du Président en exercice sur les questions économiques et sociales.
Cependant, la plupart de ces déclarations avaient naturellement un lien avec la guerre menée contre l’Ukraine et la volonté d’imposer à nouveau l’influence russe dans l’ancienne sphère soviétique. Ainsi, M. Poutine a mis en avant l’économie „florissante” des pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Arabie saoudite, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie et Iran) en opposition au „flétrissement” des économies occidentales.
Le maître du Kremlin a aussi égrené les promesses électorales, notamment celles visant à améliorer la démographie et la natalité russes : l’Etat soutiendra davantage les familles ayant plusieurs enfants, par exemple en participant au remboursement des emprunts immobiliers à partir du troisième enfant, plusieurs programmes natalistes seront mis en place au niveau des républiques et des oblasts (tout le discours de Poutine était marqué par le centralisme politique, économique et administratif).
La question sociale a aussi été abordée. Vladimir Poutine a rappelé que l’espérance de vie des Russes est de 73 ans et qu’il fera en sorte qu’elle soit de 78 ans dans 6 ans. Ensuite, cette limite sera repoussée à plus de 80 ans. Pour y arriver, l’Etat aidera davantage les personnes âgées et les handicapés, participera au développement des infrastructures sportives et médicales, notamment en milieu scolaire. Le Président russe a aussi évoqué des investissements dans l’éducation supérieure, la formation et les nouvelles technologies, en particulier l’intelligence artificielle et la numérisation.
L’Ukraine, „territoire russe”
.A plusieurs reprises, Vladimir Poutine a employé le mot „Novorossiya”, qui correspond aux zones ukrainiennes que la Russie considère comme lui appartenant, c’est-à-dire les villes de Kharkov, Lougansk, Donetsk, Kherson, Nikolaïev et Odessa.
Certaines de ces villes sont encore sous contrôle ukrainien, mais cela donne une indication sur les buts de guerre à court terme de Moscou et ce qui sous-entendrait de couper totalement l’Ukraine d’un accès à la mer ainsi que de faire la jonction avec la région séparatiste moldave de Transnistrie. Un autre but de guerre mis en avant est la „dénazification” de l’Ukraine, ce qui ne pourrait être obtenu qu’en conquérant les centres décisionnels du pays.
Le Président a ainsi annoncé prévoir de nouveaux investissements dans ce nouveau territoire russe, conquis par les armes au détriment de Kiev. En particulier dans les infrastructures routières, portuaires et ferroviaires, mais aussi dans la reconstruction des villes détruites par les activités de l’armée russe.
Les questions militaires n’ont pas été absentes du discours, qui a duré plus de deux heures. M. Poutine a déclaré que malgré les pertes sur le front, les Russes continuaient à soutenir l’”opération militaire spéciale”, et que les soldats qui y participaient étaient des „héros défenseurs de la patrie”. Il a annoncé des aides aux vétérans, aux blessés et aux familles des combattants tués.
Un renforcement des capacités militaires sur le territoire russe a aussi été annoncé, pour faire suite à l’accession de la Finlande et de la Suède à l’OTAN. Le dirigeant de la Russie n’a pas hésité à brandir la menace nucléaire en cas d’envoi de troupes au sol occidentales en Ukraine, ce qui est une référence à la polémique entourant les propos tenus par le président français Emmanuel Macron lors d’une conférence de soutien à l’Ukraine.
„L’impérialisme russe en guerre contre l’Europe centrale et orientale”
„Pour les nations de notre région, la défaite du IIIe Reich n’a pas apporté la liberté tant désirée. L’assujettissement à l’empire russe a duré jusqu’à la chute du communisme – un demi-siècle au total!”
„Il a fallu attendre la transition démocratique, initiée en 1989 par le mouvement polonais Solidarité, créé neuf ans auparavant, pour que les Polonais et les autres nations d’Europe centrale et orientale retrouvent leurs propres États souverains. La plupart d’entre eux sont progressivement devenus membres à part entière de l’OTAN et de l’Union européenne”.
„Cependant, les impérialistes russes n’ont jamais supporté l’indépendance des pays de notre région. Après que la Russie se soit remise du choc que fut pour elle la perte de sa sphère d’influence, elle sa commencé à tout faire pour reconstruire son empire d’avant. Nous nous souvenons de l’attaque militaire de 2008 contre la Géorgie. Nous nous souvenons également de la répression brutale et répétée des mouvements de liberté en Biélorussie et en Ukraine. On se souvient enfin de la politique hostile de la Russie envers l’Ukraine indépendante, de l’annexion forcée de la Crimée et du Donbass en 2014, et surtout, de la guerre génocidaire à grande échelle livrée à un État ukrainien souverain qui a débuté le 24 février 2022”.
„Pour les peuples de notre région, loin d’oublier les expériences historiques symbolisées par la date du 17 septembre, il ne fait aucun doute que l’impérialisme russe s’efforce à nouveau de s’étendre. La Russie veut obtenir la même chose qu’en 1939–1940, lorsqu’elle a agi main dans la main avec son alliée – l’Allemagne nazie –, et en 1945–1991, lorsqu’elle a gouverné seule nos pays”.
„La Russie, depuis toujours, cherche à maîtriser l’Europe centrale et orientale. Mais une Pologne libre, une Ukraine libre et tous les autres États indépendants de notre région ne l’accepteront jamais. Pour nos nations, c’est une question de vie ou de mort, de préservation de l’identité et de survie. C’est une question d’avenir, de sécurité et de prospérité”.
Nathaniel Garstecka