A 4 mois des élections européennes, que disent les sondages ?

élections européennes

Les partis de droite devraient légèrement progresser à l’issue des élections européennes qui se tiendront du 6 au 9 juin 2024. Revue des sondages publiés dernièrement.

Rappel de l’état actuel des forces

.La 9ème législature du Parlement européen a vu de nombreux changements entre 2019 et aujourd’hui, le plus important d’entre eux fut le départ des députés britanniques suite à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Le Parlement est donc actuellement composé de 705 membres, qui sont répartis en 7 groupes (plus les non-inscrits), allant de la gauche à la droite.

La coalition majoritaire issue des élections européennes de 2019 comprend le Parti Populaire Européen (179 membres, centre-droit), les Sociaux-Démocrates (141 membres, centre-gauche) et Renew (101 membres, centre). Les autres groupes sont de facto considérés comme étant dans l’opposition, bien qu’il n’existe pas de discipline en la matière : les Verts (71 membres, centre-gauche), les Conservateurs et Réformistes (67 membres, droite), les Identitaires et Démocrates (58 membres, droite) et la Gauche (38 membres, gauche). Quant aux non-inscrits, ils comptent actuellement 50 députés, dont ceux du Fidesz hongrois (du Premier ministre Viktor Orban) et du Mouvement Cinq Etoiles italien (premier parti italien des années 2010).

A l’approche du 6 juin 2024 (chaque pays peut organiser le scrutin à une date différente entre le 6 et le 9 juin et adapter son système électoral), plusieurs instituts de sondages ont commencé à publier régulièrement des estimations et les médias des pays membres ont commencé à évoquer les questions européennes.

Parmi les sujets retenus à quelques mois des élections européennes , on peut relever les mouvements sociaux, en particulier celui des agriculteurs, le conflit russo-ukrainien, l’immigration illégale et la modification des traités proposée par Bruxelles afin d’accélérer la centralisation des institutions communautaires.

Elections européennes : la droite gagne du terrain?

.En se penchant sur les sondages publiés par „Der Föderalist”, „Europa Elects” et „ECFR”, la première chose qui saute aux yeux est la progression des deux groupes parlementaires de droite : le CRE et l’ID. Les conservateurs sont donnés entre 80 et 90 députés et les identitaires entre 90 et 100. Leur objectif est de ravir la troisième place aux centristes de Renew.

Dans le détail, le CRE est avant tout porté Fratelli d’Italia du Premier ministre Giorgia Meloni (25 députés prévus) et le Droit et Justice polonais qui a dirigé le pays de 2015 à 2023 (20 députés). A ces deux principaux partis s’ajoutent les espagnols de Vox (7 députés), les roumains de l’AUR, les Démocrates de Suède et probablement Reconquête! d’Eric Zemmour et Marion Maréchal.

L’ID est, de son côté, soutenu avant tout par le Rassemblement National de Jordan Bardella (30 députés) et par l’AFD allemande (20 députés). On peut comptabiliser aussi le Parti pour la Liberté hollandais de Geert Wilders (10 députés), la Ligue italienne et le FPÖ autrichien (entre 7 et 8 députés chacun).

L’un de ces deux groupes parlementaires pourrait se voir renforcé par 12 eurodéputés hongrois du Fidesz, mais il faudra attendre le résultat des négociations qui ne sera connu qu’après les élections européennes. De même, plusieurs des partis évoqués pourraient changer de groupe.

Les pays qui pourraient voir, selon les prévisions actuelles, un parti de l’ECR ou de l’ID arriver en tête sont : la France (ID), l’Italie (CRE), la Pologne (CRE), la Hongrie (CRE ou ID), les Pays-Bas (ID), l’Autriche (ID), la Belgique (ID), l’Estonie (ID) et la Lettonie (CRE). Cela ne signifie cependant pas que les forces de droite (CRE+ID) seront majoritaires dans ces pays, ni qu’elles seront capables de renverser l’ordre politique au sein du Parlement européen.

Les centristes restent majoritaires?

.Le bloc majoritaire allant du centre-gauche au centre-droit devrait, malgré des pertes, conserver sa position à l’issue des élections européennes.

Le PPE resterait le premier groupe au Parlement, avec entre 170 et 180 députés. Il pourrait compter notamment sur les CDU et CSU allemandes (ensemble à 30 députés), le Parti Populaire espagnol (25 députés), la Plateforme Civique et la Parti Paysan polonais (ensemble à 20 députés) qui dirigent actuellement leur pays, ainsi que les Républicains de François-Xavier Bellamy, les Nationaux-Libéraux roumains, Forza Italia, les Sociaux-Démocrates portugais, la Nouvelle Démocratie grecque, la Coalition Nationale finlandaise et le Nouveau Contrat Social hollandais.

Les représentants de ce groupe pourraient être premiers en Allemagne, en Espagne, en Croatie, en Bulgarie, en Grèce, au Portugal, en Finlande, en Slovénie, à Chypre et au Luxembourg.

Juste derrière le PPE, les Sociaux-Démocrates peuvent espérer entre 135 et 145 sièges. Le groupe comprendrait plusieurs partis notables, en particulier le Parti Socialiste espagnol (20 députés), le Parti Démocrate italien (17 députés), le SPD allemand (15 députés), les Sociaux-Démocrates roumains (11 députés) et suédois (9 députés), et le Parti Socialiste portugais (7 députés).

Ils devraient arriver en tête en Roumanie, en Suède, au Danemark, au Portugal, en Finlande, en Lituanie et à Malte. Ils pourraient l’être en Slovaquie, si le SMER du Premier ministre Robert Fico reste membre du groupe.

Enfin les centriste et fédéralistes de Renew pourraient souffrir le plus du résultat des élections européennes. Le groupe, déséquilibré à l’intérieur par la domination des Français de la coalition Ensemble! proche d’Emmanuel Macron, est menacé dans les sondages par le groupe de droite ID. Le champ de bataille principal de cette confrontation a lieu en France, entre le Rassemblement National et le camp présidentiel (19). Aucun autre parti ne sort du lot au sein de Renew, mis à part les tchèques d’ANO de l’ancien Premier ministre Andrej Babis (10 députés), dont l’appartenance à ce groupe suscite des controverses.

En fonction des prévisions, Renew pourrait ainsi compter entre 80 et 90 eurodéputés et ne semble être en mesure de gagner dans aucun pays hormis la Tchéquie.

Malgré cela, l’addition de ces trois groupes au sein du Parlement européen devrait leur conférer une majorité (entre 385 et 415), fixée à 353 eurodéputés.

La gauche en perte de vitesse?

.Loin derrière, les Verts ne devraient pas être capable de renouveler leur bont score aux élections européennes de 2019. Les sondages leur donnent effectivement entre 45 et 60 députés. Le principal parti composant ce groupe est l’allemand Grünen (14 députés). EELV suit avec 7 députés dans les sondages. Les autres membres du groupe ne dépassent pas 2 ou 3 sièges chacun. Les Verts peuvent néanmoins espérer emporter le scrutin en Lituanie .

Enfin, la Gauche pourrait se maintenir entre 35 et 40 députés, voire légèrement progresser. La France Insoumise compterait 7 députés, les Allemands de Die Linke et Die Partei 4 chacun et le Sinn Fein irlandais 6. C’est d’ailleurs en Irlande que le groupe a le plus de chances d’arriver en tête.

Ainsi, à 4 mois des élections européennes, les sondages ne semblent pas prévoir de grand chamboulement. La progression des partis de droite ne sera pas suffisante pour freiner la majorité fédéraliste et centralisatrice qui domine au Parlement européen et empêcher la reconduction d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission. Rendez-vous donc en juin à Strasbourg.

Nathaniel Garstecka

Materiał chroniony prawem autorskim. Dalsze rozpowszechnianie wyłącznie za zgodą wydawcy. 25 stycznia 2024