Inauguration d’une base américaine en Pologne

Base américaine Aegis Pologne

La base, située près de la ville de Redzikowo, en Poméranie, est dotée d’un système antimissile Aegis. Il s’agit d’une installation permanente de l’armée américaine, destinée à protéger l’Europe centrale des menaces orientales.

Défense antimissile en Pologne

.Après des années de négociations et de travail, le « bouclier antimissile » américain en Pologne est enfin déployé. C’est le président George W. Bush qui avait enclenché le projet, controversé du fait de l’opposition de la Russie. Après avoir pris du retard, la construction des installations a débuté en 2016 et s’est achevée en 2023 avec l’arrivée des premiers soldats en provenances des Etats-Unis.

La base fait partie du dispositif Aegis Ashore, une extension terrestre du système américain de missiles antibalistiques maritimes. Elle fait également partie du système de défense antimissile EPAA (European Phased Adaptive Approach) des membres européens de l’OTAN, qui constitue la contribution des États-Unis au système intégré de défense aérienne et antimissile de l’Alliance.

La base appartient à l’US Navy et relève de l’USEUCOM, le principal commandement des forces américaines en Europe. Cependant, elle est également intégrée dans la structure de commandement de l’OTAN, puisque le commandant américain de l’USEUCOM est également le commandant en chef de toutes les forces de l’OTAN en Europe (SACEUR).

Le « bouclier antimissile » servira à contrer des attaques balistiques en provenance principalement d’Iran. Avec sa base jumelle de Devesel, en Roumanie, il est destiné à défendre l’Europe contre les missiles à courte (1 000-3 000 km) et moyenne (3 000-5 500 km) portée. Le radar de détection de menaces est situé à Kurecik, en Turquie.

Inauguration de la base

.La base de Redzikowo a été inauguré ce mercredi 13 novembre 2024, en présence du président polonais Andrzej Duda, de l’amiral Stuart Munsch de la marine américaine, de l’ambassadeur des Etats-Unis en Pologne Mark Brzezinski, du ministre de la Défense Wladyslaw Kosiniak-Kamysz et de celui des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski.

Le président Andrzej Duda a souligné le caractère symbolique de l’ouverture de la base de Redzikowo : « Cette base américaine sera construite sur notre sol, en Pologne, et à partir du moment où cette base se dressera ici, le monde entier verra clairement et distinctement qu’il ne s’agit plus d’une sphère d’influence russe ».

« Il s’agit d’un bouclier défensif intelligent, bien pensé et sophistiqué pour contrer efficacement les frappes, les actions offensives qui ne se produisent pas seulement en un lieu spécifique et isolé ; de même, la défense contre ces actions ne se fait pas en un seul lieu, mais dans de nombreux avant-postes coordonnés », a développé l’amiral Munsch, faisant référence à la coopération entre la base équivalente en Roumanie, le radar en Turquie et le centre de commandement en Allemagne.

« C’est un véritable destroyer américain qui a été déployé sur le territoire polonais, c’est un événement extraordinaire dans l’histoire de la sécurité de la Pologne, des États-Unis et de l’OTAN ; la Pologne fait désormais partie du meilleur et du plus efficace des systèmes défensifs », a déclaré le ministre Kosiniak-Kamysz.

Le chef de la diplomatie polonaise, Radoslaw Sikorski, a rappelé qu’il avait signé un accord sur l’établissement de cette base le 20 août 2008 avec la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice – en présence du président Lech Kaczyński et du premier ministre Donald Tusk. « C’était une douzaine de jours après l’invasion russe de la Géorgie, et ce n’était pas une coïncidence », a-t-il précisé.

Réaction russe

.La Russie a réagi à l’inauguration du système Aegis en Pologne, par la voix du porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov : « Il s’agit d’un déploiement de l’infrastructure militaire américaine sur le territoire européen en direction de nos frontières. Ce n’est rien d’autre qu’une tentative de contenir notre potentiel militaire et, bien sûr, cela conduira à des mesures appropriées de notre part pour assurer la parité ».

Le diplomate russe a déclaré que, sous la présidence de George W. Bush, Vladimir Poutine avait exprimé sa « vive inquiétude » concernant les projets de construction de bases antimissiles en Europe. À l’époque, la Russie avait affirmé que les arguments de la partie américaine selon lesquels il s’agissait d’infrastructures destinées à se défendre contre une « menace éphémère de l’Iran étaient mensongers », a ajouté M. Peskov

Nathaniel Garstecka

Materiał chroniony prawem autorskim. Dalsze rozpowszechnianie wyłącznie za zgodą wydawcy. 13 listopada 2024