La Lettonie renforce sa sécurité intérieure
Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, les services se sécurité de la Lettonie travaillent à déjouer les menaces potentielles que fait peser Moscou sur le pays et ses habitants.
La Lettonie face au risque terroriste
.Le 24 février 2022, la Fédération de Russie a attaqué l’Ukraine dans le but de conquérir de nouvelles terres et d’installer un gouvernement fantoche à Kiev. Les Ukrainiens ont réussi à ne pas se faire totalement submerger avant l’arrivée de l’aide occidentale et sont parvenus à repousser les troupes russes de plusieurs régions et à stabiliser le front. Le conflit dure déjà depuis plus d’un an et demi et les pays voisins ont du prendre des mesures afin de renforcer leur propre sécurité. C’est en particulier le cas des pays baltes, qui, de par leur histoire, ont de bonnes raisons de craindre le retour de l’impérialisme moscovite.
Ainsi, le Service de Sécurité de l’Etat (VDD) letton a augmenté son activité depuis le début de la guerre et cherche à protéger la population d’éventuelles déstabilisations venant de Russie. Chaque mois, un séminaire de prévention contre le terrorisme est organisé avec des acteurs publics et privés. Les services de contre-terrorisme informent des principaux lieux et événements pouvant faire l’objet d’une potentielle attaque, comme les centres commerciaux, les établissements culturels ou les rassemblements publics.
Le portail d’information LSM („Latvijas Sabiedriskie Mediji”, public) rapporte que plusieurs dizaines de lieux sensibles, comme des infrastructures stratégiques, sont régulièrement inspectés par les services de sécurité et que grâce à ces actions, le risque terroriste en Lettonie demeure faible.
Potentiels agents russes
.Si la Lettonie surveille de près les lieux qui peuvent faire l’objet d’une attaque terroriste, elle surveille aussi ceux qui pourraient en être les potentiels auteurs.
Depuis le début de l’invasion, plusieurs centaines de personnes ont été fichées par les services de sécurité lettons pour des propos glorifiant l’impérialisme moscovite par exemple, principalement des citoyens russes et bélarusses. En moins d’un an, plus de cent interdictions d’entrée sur le territoire ont été prononcées.
Par ailleurs, à travers les inspections d’infrastructures stratégiques, le VDD a audité de nombreux employés de ces structures, près de 8 000 en un an et demi. Plus d’une centaine a été jugée comme étant „indigne de confiance” et potentiellement déloyale. Les services ne commentent pas la façon dont ont été traitées ces personnes. Une proposition de loi en cours de lecture à la chambre basse lettonne autoriserait l’Etat à licencier des employés jugés „déloyaux”.
Le président de la commission à la sécurité nationale de la chambre basse, Janis Dombrova, a commenté les efforts de vigilance ainsi effectués : „Nous pouvons affirmer que les services de sécurité ont fait beaucoup de progrès dans leur travail. Nous observons de plus en plus d’enquêtes criminelles contre des activistes pro-Kremlin”.
La Lettonie craint avant tout les activités d’espionnage en faveur de la Russie, dans un pays qui compte une forte minorité de descendants de colons russes (près de 25% de la population).
„L’impérialisme russe en guerre contre l’Europe centrale et orientale”
.Le Président de la République de Pologne, Andrzej Duda, rappelle, dans un article paru dans „Wszystko co Najwazniejsze”, certains éléments importants de l’histoire de l’Europe centrale et de l’est :
„L’entrée de l’Armée rouge sur le territoire polonais deux semaines et demie après l’attaque de la Wehrmacht et de la Luftwaffe était l’accomplissement des dispositions du protocole secret au pacte Hitler-Staline, signé le 23 août 1939, par les chefs des deux diplomaties : Ribbentrop et Molotov. Unis dans leur alliance, les deux empires totalitaires partageaient entre eux les États jusque-là indépendants d’Europe centrale. La partie occidentale de la Pologne ainsi que la Lituanie et la Roumanie entraient dans la sphère d’influence allemande, et la partie orientale du pays dans la zone soviétique, tout comme la Lettonie, l’Estonie et la Finlande”.
„Les Polonais ne sont pas les seuls à avoir vécu [le totalitarisme bolchévique]. Les nations baltes : Estoniens, Lettons et Lituaniens le connaissent tout aussi bien. Et aussi d’autres nations qui se sont retrouvées dans la sphère d’influence soviétique après la victoire de l’Union soviétique sur le IIIe Reich”.
„Les Soviétiques ont vaincu Hitler et en 1945 ont pris tout le territoire de la Pologne et d’autres pays à l’ouest et au sud, jusqu’à l’Elbe, le Danube et la Drawa. Ils ont incorporé certains d’entre eux directement dans l’État soviétique en tant qu’États fédéraux – ce fut le sort des Baltes, des Biélorusses et des Ukrainiens. Dans d’autres, ils ont installé des gouvernements fantoches composés de communistes locaux soumis entièrement à Moscou – comme en Pologne, en Tchécoslovaquie, en Roumanie, en Hongrie, en Bulgarie, et aussi en Allemagne de l’Est”.
„La Russie, depuis toujours, cherche à maîtriser l’Europe centrale et orientale. Mais une Pologne libre, une Ukraine libre et tous les autres États indépendants de notre région ne l’accepteront jamais. Pour nos nations, c’est une question de vie ou de mort, de préservation de l’identité et de survie. C’est une question d’avenir, de sécurité et de prospérité”.
Nathaniel Garstecka