La Pologne poursuit son offensive diplomatique aux Etats-Unis

Un mois après avoir célébré à Washington le 25ème anniversaire de l’accession de son pays à l’OTAN, le président Andrzej Duda a rencontré cette fois-ci Donald Trump dans le cadre de son offensive diplomatique aux Etats-Unis.
Amitié affichée entre Andrzej Duda et Donald Trump
.La rencontre entre l’ancien président des Etats-Unis, qui briguera à nouveau cette fonction lors de l’élection de novembre, et l’actuel président de la République de Pologne s’est tenue ce mercredi 17 avril. Lors d’un déplacement à New-York dans le cadre d’une session plénière à l’ONU, M. Duda a rendu visite à son ancien homologue américain.
Cette entrevue privée intervient un mois après la commémoration du 25ème anniversaire de l’accession de la Pologne à l’Alliance Atlantique, à laquelle ont participé le président polonais, le Premier ministre Donald Tusk et le président américain en exercice, Joe Biden. Cependant, la rencontre entre Andrzej Duda et Donald Trump a revêtu un caractère avant tout privé et „amical”.
Le 45e président des États-Unis n’a pas manqué de rappeler, avec son traditionnel style ouvert et direct, devant les caméras des médias américains: „[le président Duda] est quelqu’un qui fait du très bon travail. C’est un très bon ami et nous avons passé quatre excellentes années quand j’étais président. Il faudra les répéter!”. „Nous somme du côté de la Pologne”, a-t-il ajouté.
Interrogé dans les colonnes du quotidien polonais „Fakt” sur les raisons de cette visite, M. Duda à évoqué les bonnes relations entre les deux pays : „La responsabilité des autorités polonaises est de veiller à ce que les relations entre la Pologne et les Etats-Unis soient les meilleures possibles, indépendamment de qui est actuellement aux affaires, tant ici que là-bas. C’est pour cela que nous devrions cultiver nos liens tant avec les Démocrates qu’avec les Républicains”.
Parmi les sujets abordés avec M. Trump, pour la plupart „d’ordre privé”, le plus important a sans doute été celui de la sécurité en Europe centrale et orientale, menacée par l’invasion de l’Ukraine par le Russie.
Offensive diplomatique polonaise
.La rencontre avec Donald Trump n’est pas la seule effectuée par le président polonais dans le cadre de son offensive diplomatique. Il s’est aussi entretenu avec les représentants de la Chambre des députés et du Sénat, en particulier avec le „Speaker” Mike Johnson. Ce dernier était au centre de l’attention internationale avant le vote crucial sur un nouveau paquet d’aide en faveur de l’Ukraine, d’Israël et de TaÏwan, qui a eu lieu deux jours plus tard, samedi 20 avril.
Commentant en amont cette visite, le ministre polonais de la Défense, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, avait estimé que le président Duda devrait faire pression pour que le Congrès américain vote entre autres cette aide de 60 milliards de dollars à l’Ukraine : „Selon moi, il s’agit d’une affaire capitale, la plus importante à ce moment précis”. Effectivement, après des mois de blocage la Chambre a finalement fait passer le paquet pour l’Ukraine, à 311 voix pour et 112 contre. Le paquet pour Israël a obtenu 366 voix pour et 58 contre. La visite du président Duda s’est donc probablement inscrite dans le jeu d’influence qui a mené au déblocage de la situation au Congrès américain.
Le vote de l’enveloppe a été salué entre autres par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, par le Premier ministre Benyamin Netanyahou et par le Secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg.
L’offensive diplomatique polonaise aux Etats-Unis n’a pas eu pour seul objectif de contribuer au vote de l’aide à l’Ukraine. Andrzej Duda a rappelé, dans l’entretien à „Fakt”, que son pays était prêt à participer au programme „nuclear sharing”. Au sein de l’OTAN, plusieurs pays en bénéficient déjà : l’Italie, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et la Turquie.
Interrogé sur la situation militaire en Ukraine, le président Duda a réaffirmé la position de la Pologne: „la Russie ne peut pas gagner cette guerre et il faut tout faire pour que l’Ukraine puisse se défendre. Par ailleurs, l’Ukraine a besoin de garanties de sécurité, idéalement en tant que membre de l’OTAN”.
„Les Polonais, les Lituaniens, les Tchèques, les Lettons et toutes les nations d’Europe centrale avaient prévenu – cela finirait mal”
.”Ni les comptes de Katyń ni ceux de Boutcha n’ont été soldés”, écrit Eryk Mistewicz, président de l’Institut des Nouveaux Médias (Instytut Nowych Mediów) et éditeur de « Wszystko co Najważniejsze » :
„Nous avions prévenu que miser sur « l’énergie verte » avec une dépendance aux matières premières russes entraînerait en Occident la fermeture des centrales nucléaires puis celles au charbon et une dépendance encore plus accrue à l’égard de la Russie. Et, à terme, aussi une dépendance politique. C’était tentant, mais les conséquences sont désastreuses pour les sociétés occidentales”.
„Nous avons prévenu que lâcher sur les droits de l’homme auprès des despotes russes et biélorusses permettrait aux entreprises occidentales d’engranger à court terme des bénéfices, mais que, tôt ou tard, ils seront tachés du sang des victimes. Au bout du compte, les entreprises occidentales ont été obligées de vendre leurs ressources en Russie pour une fraction de leurs valeurs”.
„Nous avions prévenu que laisser entrer les Russes en politique dans les pays occidentaux, financer des partis avec des prêts russes, influencer les politiciens, les médias et l’opinion publique ne cesseraient d’affaiblir l’opinion publique occidentale et de menacer la démocratie. La démocratie peine à se défendre contre les infiltrations, il suffit pour s’en convaincre de lire ne serait-ce que les livres de Vladimir Volkoff”.
Nathaniel Garstecka