Mettre le potentiel de l’Europe centrale et orientale à profit sera bénéfique à toute l’UE – écrit Beata DASZYŃSKA-MUZYCZKA

.L’Initiative a un énorme potentiel : 12 pays, 30 % de la surface de l’UE, 25 % de sa population, presque 20 % de son PIB. Nos détracteurs insistent sur le fait que le lien n’est qu’historique et géographique. Ce qui nous relie pourtant, ce sont nos ambitions, notre attractivité et notre dynamique de développement.
L’Initiative est le premier projet d’intégration qui vienne de l’intérieur de la région et dont les objectifs soient à long terme. Durant des décennies, ce qui décidait du destin de la région, c’était des forces extérieures, plus intéressées à développer des connexions ouest-est que de promouvoir les interconnexions régionales. Les échanges entre les pays de l’Initiative ne peuvent donc pas être significatifs, surtout quand on les compare à ceux avec les autres pays européens. Mettre ce potentiel à profit sera bénéfique à toute l’UE.
Pour ce faire, il nous faut raffermir les liens économiques. Cela nécessitera du temps, d’importants investissements et beaucoup d’efforts communs.
Du temps, parce que c’est un projet pour des décennies et l’objectif fixé aujourd’hui ne concerne que la première d’entre elles. Il s’agit d’abord de niveler les différences dans les infrastructures. Sur l’initiative de la BGK, banque de développement polonaise, un Fonds dédié à cette tâche a été constitué. Cet organisme, dont la BGK est aussi co-fondatrice et le principal investisseur, cible trois grands secteurs : l’énergie, les transports et l’economie numérique.
D’importants investissements, car créer des liens infrastructurels est coûteux. Selon les estimations du centre analytique SpotData, il faudrait dépenser, à échéance 2030, 600 milliards d’euros uniquement pour niveler les différences dans les infrastructures de l’UE. Le Fonds a pour but de favoriser le financement de projets partout où les moyens publics et les fonds structurels s’avéreront insuffisants.
Beaucoup d’efforts communs, car il faut satisfaire des attentes différentes. C’est la raison pour laquelle le Fonds mise sur les projets qui dépassent le cadre d’un seul pays. Notre ambition est, en effet, de construire une communauté des intérêts.
À l’époque, où la planète est confrontée aux effets de la pandémie, le rôle des investissements infrastructurels est d’aider les États à sortir de la crise. Nous sommes conscients qu’il devient de plus en plus difficile aujourd’hui de trouver des financements. Le Fonds est donc une réponse à ce défi.
Il est attractif pour les investisseurs, car s’engager financièrement dans une région de forte croissance et de grande stabilité est moins risqué et offre la chance de réaliser de plus importants bénéfices. Grâce à lui, les investisseurs étrangers ne sont plus obligés de chercher eux-mêmes des projets pour investir ni d’engager des coûts liés au long processus d’évaluation.
.La stabilité des pays membres de l’Initiative est visible dans leur résistance à la crise. La région a, en effet, été moins touchée et on estime qu’elle s’en sortira plus vite grâce notamment aux investissements infrastructurels, l’emplacement géographique favorable et la main d’œuvre qualifiée. Cela devrait permettre à la région de monter en puissance dans l’économie mondiale après la pandémie. Pour saisir cette chance, il faut mettre en place des solutions intelligentes, investir dans des projets et des infrastructures intelligents financées avec un argent intelligent. L’Initiative des trois mers n’est certainement pas qu’une histoire en commun, mais bel et bien un avenir aussi.
Beata Daszyńska-Muzyczka
