L’Arménie bloque la diffusion de programmes télévisés russes

Arménie

Le gouvernement arménien cible notamment les programmes du journaliste Vladimir Soloviev, dont certains propos sont considérés comme offensants pour l’Arménie.

Les émissions de propagande bloquées par l’Arménie

.L’agence arménienne de gestion du réseau audiovisuel a publié un communiqué, vendredi 29 mars 2024, indiquant qu’elle allait bloquer la diffusion des programmes „Ce soir avec Soloviev” et „Dimanche soir avec Soloviev” en Arménie. Ces émissions, connues pour les propos polémiques qui y sont tenus, sont émises par la chaîne publique russe Rossiya-1, mais proposées en Arménie par sa branche à vocation internationale Planeta-RTR.

Selon le „Moscow Times”, les autorités arméniennes accusent le journaliste Vladimir Soloviev et ses invités d’”offenser les Arméniens et les valeurs nationales”, dans un contexte de relations tendues entre la Russie et le pays du Caucase. En septembre 2023, deux journalistes véhiculant de la propagande russe avaient été arrêtés et quelques mois plus tard, c’est la chaîne Sputnik Armenia qui avait été interdite. Avet Pogosian, vice-ministre en charge des hautes technologies a ajouté, dans un communiqué, que les programmes de M. Soloviev „participaient à l’ingérence russe dans les processus électoraux arméniens”.

Tensions entre l’Arménie et la Russie

.Les relations entre les deux pays sont au plus bas. Erevan accuse Moscou de ne pas lui apporter son soutien, malgré la présence de troupes russes dans le pays, dans le conflit qui l’oppose à l’Azerbaïdjan pour le contrôle du Haut-Karabagh. Ces dernières années, plusieurs guerres ont éclaté et ont vu à chaque fois des victoires des forces de Bakou. Le Président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, ne cache pas sa volonté d’effectuer une jonction territoriale avec le Nakichevan, province azérie séparée du reste du pays par l’Arménie et la République du Haut-Karabagh.

L’Arménie faisant toujours formellement partie de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), équivalent de l’OTAN dans la sphère d’influence russe, plusieurs responsables politiques arméniens estiment que Moscou aurait dû soutenir Erevan face aux agressions azéries. Cette aide n’ayant jamais eu lieu, le Président Nikol Pachinian a décidé d’amorcer un début de désengagement de l’alliance russe et un rapprochement avec l’Occident.

Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirozian, a notamment déclaré que son pays envisage la possibilité de rejoindre l’Union européenne. En réponse, son homologue russe, Sergeï Lavrov, a accusé l’Arménie de vouloir „défaire les liens profonds qui l’unissent à la Russie”.

„Fasciste qui n’est pas avec eux”

.”Les autorités de la Fédération de Russie mentent constamment sur le passé afin de justifier leur politique agressive actuelle”, écrit Karol Nawrocki, Président de l’Institut de la mémoire nationale de Pologne, dans les colonnes de „Wszystko co Najwazniejsze”.

„Lorsque, il y a quelques bonnes années, je visitais à Moscou le Musée central de la Grande Guerre patriotique 1941–1945, je suis passée par sa boutique. En plus des caquettes arborant une étoile rouge, l’offre comprenait, entre autres, des figurines de Lénine et de Dzerjinski. Voilà le triste constat : en Russie, les chefs de la sanglante révolution bolchevique et les créateurs du système génocidaire soviétique continuent d’être traités comme des héros, devenus par la même occasion un élément de la pop culture”.

„La démonstration de ce qu’est la mémoire historique « exacte » a récemment été faite par Poutine en personne. Dans une interview de deux heures avec Tucker Carlson – un journaliste américain qui durant de longues minutes n’a fait qu’opiner du chef aux dires du résident du Kremlin – le passé historique entendu d’une manière spécifique n’était pas moins important que le présent et visait à justifier la politique agressive actuelle de la Fédération de Russie. Dans son argumentation, Poutine est remonté loin dans le temps – jusqu’à l’an 862 – tout en consacrant beaucoup de temps à l’histoire moderne. Tout cela pour prouver sa thèse tordue selon laquelle l’Ukraine est un État artificiel des « nazis » et donc que la guerre brutale menée par la Russie contre les autorités de Kiev et la société ukrainienne dans son ensemble est justifiée”.

„La défaite du Reich, jusqu’à nos jours saluée en Russie comme une grande victoire sur le fascisme, pour les nations d’Europe centrale et orientale signifiait un nouvel asservissement, cette fois-ci par les Soviétiques. Cependant, les autorités moscovites actuelles ne veulent pas en entendre parler. En avril 2022, elles ont liquidé l’Association Mémorial, qui a eu tant de mérite à rappeler aux Russes les victimes du communisme”.

„Aujourd’hui, Moscou voudrait faire taire également tous ceux qui à l’étranger font état des vérités historiques gênantes. Le Kremlin n’a qu’une seule épithète pour désigner ces gens-là : fascistes”.

Nathaniel Garstecka

Materiał chroniony prawem autorskim. Dalsze rozpowszechnianie wyłącznie za zgodą wydawcy. 31 marca 2024