Jolanta PAWNIK: L’hôtel de ville qui connaît le mieux l’histoire de Wrocław

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Jolanta PAWNIK

Journaliste, conférencière et conseillère média. Passionnée de nouveaux médias. Une Cracovienne amoureuse de Sandomierz, sa ville natale. Auteure des livres Saga rodu Moszczeńskich (Saga de la famille Moszczeński) et Sandomierska piłka ręczna (Le handball à Sandomierz).

Sa magnifique structure, avec sa façade en dentelle et sa tour élancée, est depuis des siècles le monument le plus emblématique de Wrocław et l’un des monuments gothiques les plus précieux d’Europe. Pendant sept siècles, son intérieur fut le théâtre de conflits politiques, de transactions commerciales et de réunions mondaines. Il abrite aujourd’hui un musée – écrit Jolanta PAWNIK

.Sa partie la plus ancienne fut construite vers la fin du XIIIe siècle afin d’accueillir les conseillers municipaux. Les archives indiquent qu’il ne s’agissait pas d’un premier bâtiment sur la place du marché à cette époque ; la Maison des Marchands, à savoir la Halle aux Draps, disparue depuis, fut construite peu avant.

Ce que l’on sait pou sûr, c’est que l’hôtel de ville ultérieur fut construit pour un conseil municipal de cinq membres et un tribunal de onze membres qui, contrairement au maire héréditaire, ne disposaient pas encore d’une voix prépondérante dans la gouvernance de la ville. C’est peut-être pour cette raison que la version originale du bâtiment n’était pas particulièrement impressionnante. Cependant, au fil du temps, notamment après l’acquisition de la charte urbaine en 1326, des bâtiments supplémentaires y furent ajoutés pour rendre le siège de la mairie plus imposant. Le complexe acquit alors le statut de prétoire, autrement dit hôtel de ville.

Chaque remaniement ultérieur apporta une nouvelle splendeur à l’édifice. Au XVe siècle, des oriels ornées de dentelles et de frises apparurent. La Grande Salle s’enorgueillissait d’une voûte époustouflante de plus de 160 clés de voûte et de 50 corbeaux ornés de personnages bibliques, d’armoiries de familles patriciennes, de créatures fantastiques et de scènes réalistes de la vie citadine médiévale. L’hôtel de ville continua de s’agrandir jusqu’au XVIe siècle, date à laquelle sa forme atteignit grosso modo celle qu’il a aujourd’hui.

Son histoire n’est pas seulement architecturale, elle est aussi marquée par des événements dramatiques. En 1406, les patriciens s’emparèrent du bâtiment, et en 1418, des plébéiens rebelles y pénétrèrent et décapitèrent le maire et cinq juges sur la place du marché. Ces scènes tumultueuses témoignent de la vie politique dynamique de la cité médiévale et de la signification symbolique de l’hôtel de ville pour l’ensemble des groupes sociaux.

Il ne faut pas oublier la Cave Świdnicka, une auberge installée dans son enceinte à la fin du XIIIe siècle. C’est là que marchands et voyageurs se rencontraient, que les rebelles conspiraient et que, selon la légende, l’empereur Sigismond de Luxembourg, déguisé, écoutait les conversations des habitants. Le roi de Hongrie Matthias Corvin fut si captivé par son atmosphère qu’en 1480, il fit construire une cave similaire dans sa capitale. Au-dessus de l’entrée se trouvait une remarquable « horloge chantante ». Dès le milieu du XVIe siècle, elle résonnait du choral « Da pacem Domine » toutes les demi-heures et d’autres chants liturgiques toutes les heures. À l’époque, c’était l’un des rares édifices de ce type en Europe, alliant l’art horloger à la musique.

Au début du XIXe siècle, l’hôtel de ville était devenu si vétuste que les membres du conseil cessèrent de s’y réunir et louèrent des salles plus modernes à proximité. Dans les années 1860, ils déménagèrent dans le « Nouvel hôtel de ville » voisin. À l’époque, l’ancien hôtel de ville était en mauvais état, non rénové, et ses salles étaient louées comme chancelleries. Les alentours étaient bordés d’étals de marchands.

La rénovation suivante fut réalisée entre 1934 et 1936. Les cloisons de la partie sud furent démolies, la façade fut rénovée et de nouveaux planchers ainsi qu’un escalier furent construits. La quasi-totalité des baraques des marchands entourant l’hôtel de ville furent également supprimées. Seule a subsisté jusqu’à nos jours une boutique de souvenirs au sud-est.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’hôtel de ville ne fut pas entièrement détruit. Une bombe aérienne s’abattit sur lui, mais heureusement, elle n’explosa pas, perçant la voûte du premier étage. Entre 1949 et 1953, l’hôtel de ville fut rénové sous la direction de Marcin Bukowski. L’équipe décrépit la façade est et reconstruisit les pignons latéraux. Vingt ans plus tard, la charpente endommagée fut remplacée par une structure en acier. Dans les années 1980 et au début du XXIe siècle, les façades furent rénovées et la polychromie des armoiries de la ville fut également recréée et placée sur la tour.

.Aujourd’hui, l’hôtel de ville de Wrocław abrite le Musée d’art bourgeois et constitue un monument à part entière. Les visiteurs peuvent admirer les ornements de ses salles gothiques, tandis que le sous-sol abrite la cave Świdnicka, aujourd’hui l’un des plus anciens local gastronomique en Europe.

Jolanta Pawnik

œuvre protégée par droit d'auteur. Toute diffusion doit être autorisée par l'éditeur 23/10/2025