Guy CONSOLMAGNO: Pape Jean Paul II et l'Observatoire astronomique du Vatican

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Guy CONSOLMAGNO

Planétologue, astronome et jésuite américain. Il a enseigné à Massachusetts Institute of Technology. Il travaille à l'Observatoire astronomique du Vatican.

Ryc. Fabien Clairefond

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Le pontificat du saint Jean Paul II a débuté dans un moment crucial de l’histoire de l’Observatoire du Vatican. Père George Coyne, membre de l’ordre des jésuites, a été élu directeur de l’Observatoire encore par le pape précédent, Jean Paul I. Officiellement, il a pris cette fonction seulement au commencement du pontificat de Jean Paul II. Père Coyne et le nouveau pape ont rapidement commencé une coopération fructueuse. Saint-Père soutenait les tentatives du père Coyne qui visaient à remplir l’observatoire avec les astronomes jésuites venant du monde entier. 

Des projets ambitieux de la construction du nouvel observatoire en Arizona avec un groupe de scientifiques, avec un support continu pour l’observatoire principal de Castel-Gandolfo, ont gagné un support total du pape. Jean Paul II a même accepté un financement de l’école d’été qui est organisée jusqu’aujourd’hui chaque 2 ans et héberge les doctorants du monde entier. Parmi plus de 400 diplômés il y a des astronomes les plus importants et les plus renommés au monde. 

La clé du succès de cette coopération, tellement fructueuse, entre père Coyne et Jean Paul II, était une collaboration très proche du père Coyne avec Michał Heller, prètre et cosmologue polonais venant de Cracovie, ami du pape Jean Paul II. Michał Heller était une des premières personnes qui ont été nommées au poste du professeur associé à l’observatoire. Le poste a été créé par père Coyne pour rendre  la coopération entre les jésuites qui travaillaient aux universités du monde entier plus renforcée. Ceux-ci voulaient supporter le fonctionnement de l’Observatoire du Vatican et l’utiliser dans les études scientifiques. 

C’est grâce au soutien du père Heller que Jean Paul II a décidé de publier un document crucial traitant sur la relation entre les sciences et la religion.

En 1987, au troisième anniversaire de la publication des «Principes mathématiques de la philosophie naturelle», l’oeuvre d’Isaac Newton, l’Académie pontificale des sciences a organisé une conférence qui visait à mener un discours autour de l’image réelle de ces relations. L’un des articles publiés était la lettre écrite par Jean Paul II au père Coyne. Dans cette lettre le pape a décrit ses opinions sur la relation entre les sciences et la foi. Il était convencu que la coexistence de ces deux domaines était fondamentale pour la quête de la vérité. «Les deux domaines devraient nous enrichir et nous supporter, mais aussi poser toujours de nouveaux défis au deuxième, afin que nous puissions atteindre autant que possible. Les deux devraient nous aider à mieux comprendre qui sommes-nous? où allons-nous?» – écrivait le pape. Les sciences peuvent aider la religion à supprimer beaucoup d’erreurs et de superstitions, tandis que la religion peut aider les sciences à vaincre l’idôlatrie et «les vérités universelles», adoptées par erreur.

Les recherches sur la relation entre les sciences et la foi ont aidé aussi à découvrir et à approfondir le nouveau type de la relation, entre la théologie et les sciences naturelles. L’Observatoire du Vatican avec le Centre de la Théologie et des Sciences Naturelles à Berkeley, en Californie, ont organisé une série de conférences qui ont traité sur le sujet des actions du Dieu sur l’univers. L’idée sur l’organisation de ces conférences était venu de la part de Jean Paul II lui-même. Les beaux terrains autour du Castel Gandolfo se sont révélés un bon endroit pour mener des réfléxions et recherches sur chaque sujet traité pendant les conférences: de la neurologie et la signification d’être humain à la physique quantique et les lois naturelles de base. Après les rencontres, on a publié une série de livres grâce au soutien du père William Stoeger, employé à l’Observatoire du Vatican, et les participants de la conférence. 

Une renaissance tellement dynamique de l’Observatoire n’aurait pas eu lieu si les trois facteurs importants n’avait pas eu de l’influence sur celle-ci. 

Tout d’abord, Jean Paul II était savant et il connaissait le monde académique. Le pape passait régulièrement son temps à l’observatoire de Castel Gandolfo où il participait très souvent aux séminaires informels organisés par les amis polonais de ses années académiques. Pendant ces rencontres, on traitait sur les sujets divers, de la littérature aux mathématiques. Le pape savait et comprenait que l’Eglise ne pouvait pas rester à côté, et devait s’engager activement pour cultiver les sciences et supporter le dialogue entre celles-ci et la foi, afin de continuer la quête de la vérité. 

Deuxièmement, un groupe de personnes de la hiérarchie de l’Eglise catholique supportait énormèment la vision du Saint-Père. Le pape et tous les employés de l’observatoire recevaient un aide non seulement de la part de Michał Heller, mais aussi de la part de l’archevêque Józef Życiński, philosophe, qui faisait des recherches sur les influences de la philosophie sur les sciences naturelles, entre autres sur l’évolution et sur la cosmologie. Un autre Polonais lié à l’observatoire était l’un des étudiants de Michał Heller, père Robert Janusz, expert dans le domaine de la théorie de l’information, actuellement scientifique employé à l’Observatoire du Vatican. Un groupe tellement nombreux de compatriotes liés à l’observatoire a certainement facilité la communication et a permis à une coopération étroite avec le pape. 

Le dernier facteur était la période dans laquelle le pontificat de Jean Paul II a commencé. C’était le temps des changements radicaux après une rivalisation qui avait duré pendant des siècles entre les sciences et la théologie. Un temps plein de suspicion et de conviction sur la supériorité d’un domaine sur l’autre. Les scientifiques de l’époque et les théologues se sont rendus compte du fait qu’ils pourraient atteindre plus grâce à une coopération et à un dialogue ouvert et pas par la rivalisation entre eux. La lettre citée déjà de Jean Paul II à George Coyne est la preuve du fait que le pape comprenait pleinement la gravité de la situation et faisait tout pour le support du nouveau dialogue dans un esprit de réconciliation. Entre temps, les pays européens ont commencé à soutenir les actions scientifiques à grande échelle, suite à la reconstruction du continent après la Deuxième Guerre Mondiale. A cette époque-là L’Observatoire du Vatican jouait un rôle important en facilitant et organisant les rencontres et la coopération entre les scientifiques de l’Europe et des Etats-Unis. Les théologues et les scientifiques de l’époque, conscients d’un grand support de la part du pape, pouvaient pleinement développer leurs disciplines sur un plan des changements de l’époque. 

Pape Jean Paul II était certainement homme de son temps. Ce fait n’est pas surprenant, car il était l’architecte de ces temps-là. Son support pour la reconstruction et le développement de l’Observatoire du Vatican reste important et senti jusqu’aujourd’hui, ainsi que son esprit est toujours présent entre les murs de ce lieu.

Guy Consolmagno

œuvre protégée par droit d'auteur. Toute diffusion doit être autorisée par l'éditeur 16/05/2020
tłum. Anna Sałaj