„Il faut une voix forte pour les conservateurs au Parlement Européen” – Radosław Fogiel

Radosław Fogiel, vice-président polonais du parti européen des Conservateurs et Réformistes, s’est exprimé au sujet des élections européennes à venir et sur la politique internationale de la Pologne.
Radoslaw Fogiel : „Nous nous opposerons à toute idée de super-Etat à Bruxelles”
.Le député et membre du comité politique du PiS (Droit et Justice, conservateurs) a accordé un entretien à „Dernières Nouvelles d’Alsace”, dans lequel il revient sur les prochaines élections européennes de juin 2024. Interrogé tout d’abord sur les raisons de la défaite relative de son parti aux élections législatives polonaises de 2023, il reconnait que la question de l’avortement a certes joué, mais ce sont aussi et surtout les crises de ces dernières années (restrictions sanitaires de 2020 et 2021, invasion russe de l’Ukraine à partir de février 2022…) qui sont à pointer du doigt : „ces dernières années ont été difficiles pour tous les gouvernements, quels qu’ils soient”, a-t-il ajouté.
A la question du journaliste Francis Brochet sur les sujets principaux des prochaines élections européennes, M. Fogiel a clairement mis l’accent sur la souveraineté des Etats membres de l’Union : „Nous parlerons sans doute du Green Deal, […] et aussi d’un sujet qui est moins débattu dans les autres pays, mais qui est central en Pologne, le changement des traités : nous défendrons notre souveraineté et nous nous opposerons à toute idée de super-Etat à Bruxelles”. Le vice-président du parti européen de droite CRE (Conservateurs et Réformistes) fait ainsi référence au projet de la Commission de modification des traités européens afin entre autres de brider encore davantage les compétences des Etats membres au profit d’un organe exécutif central situé à Bruxelles et de supprimer le droit de véto lors des votes au Conseil, ce qui contribuerait à isoler les petits pays et à les écarter des prises de décision communautaires.
Questionné sur les possibilités de coopération entre le groupe CRE et le Fidesz du Premier minitsre hongrois Viktor Orban ou le Rassemblement National de Marine le Pen, Radosław Fogiel s’est montré ouvert à des collaborations sur les sujets qui réunissent les mouvements conservateurs et patriotes :
„C’est toute la question de la coopération au sein de la grande famille de la droite, du centre-droit et des conservateurs. Certaines choses nous unissent, d’autres nous divisent. Sur un sujet comme le Green Deal, nous pouvons travailler ensemble. Il faudra trouver le moyen de créer une voix forte pour les conservateurs et le centre-droit dans ce parlement européen”.
Politique internationale : Guerre en Ukraine et relations avec les Etats-Unis
.M.Brochet a souhaité évoquer la récente déclaration du Président polonais Andrzej Duda sur sa volonté de participer au programme „nuclear sharing” de l’OTAN, dont plusieurs pays membres de l’Alliance Atlantique bénéficient déjà, comme l’Italie, l’Allemagne ou la Turquie, ce dernier pays possédant une frontière maritime commune avec la Russie. M. Fogiel a rappelé que son pays avait consenti à d’importants efforts en matière d’armement ces dernières années, devenant ainsi le pays de l’OTAN allouant la plus grande part de son PIB à la défense (4%) : „C’est une politique que nous avons récemment adoptée ces dernières années : d’abord moderniser notre propre défense, mais aussi, après 25 ans d’appartenance à l’OTAN, être prêts à prendre notre part du fardeau en participant au programme [nuclear sharing]”.
Ensuite, l’entretien s’est porté sur la question de la Russie et du projet impérialiste russe en Europe de l’est. Le député du PiS a rappelé que toutes les actions de Moscou doivent être inscrites dans une suite logique, et non analysées séparément :
„Il faut voir l’enchaînement des événements : d’abord la Géorgie en 2008, puis la Crimée en 2014, et après l’Ukraine… Poutine est en train de tester jusqu’où il peut aller. Si l’Ukraine devait perdre, l’analyse générale est qu’il y aurait alors une menace très sérieuse qu’il veuille ensuite tester un autre pays comme la Moldavie, ou l’Estonie en utilisant son importante minorité russe”.
Enfin, Radosław Fogiel a souhaité défaire les manipulations médiatiques concernant Donald Trump et sa prétendue volonté de torpiller l’OTAN : „c’est sous sa présidence que la présence militaire américaine en Pologne a augmenté. L’Europe s’est beaucoup reposée sur les États-Unis, et je crois que ses déclarations sont un moyen, certes un peu brutal, de motiver les Européens à faire un effort et à augmenter leurs dépenses militaires”. Il est aussi revenu sur la rencontre entre le Président Duda et le 45ème Président des Etats-Unis : „ils ont beaucoup parlé de l’Ukraine, et le président Duda a insisté sur le fait que ne pas laisser la Russie gagner était dans l’intérêt de tous”.
Nathaniel Garstecka