Bartosz MARCZUK: Nous comblons les pertes démographiques de la guerre 1939-1945

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Bartosz MARCZUK

Vice-ministre de la famille, du travail et des politiques sociales.

Depuis trois ans, la croissance du PIB polonais oscille autour de 5%. L’État oriente l’argent de la croissance entre autres vers le soutien aux familles et la politique d’incitation aux naissances – écrit Bartosz MARCZUK

.Il n’y a rien de plus précieux que les gens. C’est la ressource la plus précieuse dont dispose un État. Après avoir vécu une hécatombe démographique au cours de la 2e Guerre mondiale, nous sommes en Pologne particulièrement déterminés à soutenir les familles.

6 millions de victimes, massacrées, exterminées, laissées mourir de faim. Tel est le bilan des pertes humaines de la Pologne au cours de la Seconde Guerre mondiale. Presque 22% de nos citoyens, soit 220 personnes sur 1000, y ont trouvé la mort. Aucun pays au monde n’a payé un tribut aussi lourd pour avoir affronté la folie allemande. À titre de comparaison, pour les USA le bilan est de 3 personnes sur 1000, pour la Belgique – 7, la Grande-Bretagne – 8, la France – 15 et l’URSS – 116.

Une perte si massive de forces vitales de la nation, le plus souvent dans les rangs de l’intelligentsia, du corps officier, d’éminents représentants de la société – et cette politique d’extermination était menée sciemment tant par les Allemands que par les Soviétiques – a laissé une trace indélébile dans la réalité d’après-guerre. Plus tard, déjà après notre adhésion à l’UE, nous avons perdu environ 2 millions de personnes qui ont émigré pour des raisons économiques. L’indice de fécondité est descendu en 2015 au niveau de 1,3 à peine (rappelons que pour qu’une nation ne meure pas, cet indice devrait osciller autour de 2,1) et nous encourons le risque de vivre une catastrophe démographique dans 20-30 ans. Selon les pronostics, nous ne serions en effet que 30 millions environ. Alors que nous sommes 38 millions aujourd’hui.

En vue donc de reconstruire ce potentiel détruit par les Allemands et les Russes, la Pologne a misé sur une large et courageuse politique démographique. Il suffit de voir les dépenses allouées aux familles dans le budget central. Il y a quatre encore, en 2015, la Pologne y consacrait 1,8% du PIB. En 2020, ce sera plus de 4%. Une croissance de plus de 100% en si peu de temps montre notre détermination à considérer ces dépenses comme le meilleur investissement possible.

Cette politique repose sur 4 piliers :

– soutien financier ; il faut citer ici le programme mis en place en 2016 « Famille 500+ », c’est-à-dire une allocation universelle de 120 euros environ pour chaque enfant ou bien le programme « Bon départ », une allocation de 80 euros environ pour chaque élève en début d’année scolaire ;

 – développement de services dédiés ; c’est la Carte de famille nombreuse – un système national de réductions et d’autres avantages en fonction de la composition du foyer ; c’est aussi une croissance spectaculaire du nombre de places dans les crèches ;

– politique du marché de travail ; nous avons entre autres augmenté les salaires minimum horaire et mensuel. Le taux de chômage ne dépasse pas 4% et est au plus bas niveau depuis 30 ans. Un score fantastique qui situe la Pologne dans le haut du classement européen de l’emploi ;

– valeurs ; c’est entre autres l’affirmation de la famille et du mariage compris comme l’union d’une femme et d’un homme, la valorisation de la maternité (garantie d’une pension de retraite minimum pour les mères d’au moins 4 enfants, celles même qui n’ont jamais travaillé).

La politique des naissances, pour être efficace, doit respecter 5 critères : elle doit être d’envergure et à long terme, répondre aux besoins locaux, engager de nombreux acteurs (l’État mais aussi des ONG et les collectivités locales) et avoir un financement pérenne. Cela passe évidemment par la croissance du PIB et le développement économique. Les chiffres jouent en notre faveur : depuis 3 ans, le PIB polonais oscille chaque année autour de 5%.

Nous croyons que ces actions contribueront à inverser la tendance démographique négative. Nous rejetons le fatalisme. Et les premiers effets positifs sont d’ores et déjà visibles. L’indice de fécondité a augmenté en à peine trois ans de 12%, en passant de 1,29 à 1,45. En 2018, il y a eu près de 400 000 naissances, alors que les pronostics étaient de 345 000. Nous avons réussi de manière presque phénoménale à réduire la pauvreté chez les enfants, l’indice la mesurant ayant baissé en deux ans de plus de 50%. Nous avons réussi également à stopper l’émigration : en 2017, pour la première fois depuis des années, le nombre des Polonais vivant à l’étranger a baissé.

.Nous ne sommes pas condamnés à nous laisser faire. Nous croyons qu’une politique sociale, économique et familiale menée intelligemment et basée sur une profonde conviction que chaque citoyen polonais représente une grande valeur pour le pays apportera ses fruits. Le temps vérifiera les pronostics des démographes. À voir ce qui se passe actuellement en Pologne, je pense que l’objectif de 40 millions de citoyens voire plus est tout à fait envisageable. Il est grand temps que nous comblions les pertes de cette guerre abominable.

Bartosz Marczuk

œuvre protégée par droit d'auteur. Toute diffusion doit être autorisée par l'éditeur 29/08/2019