Il y 30 ans, le dernier soldat soviétique a quitté la Pologne.
Il y 30 ans, le dernier soldat soviétique a quitté la Pologne. À en croire les idéologues de Poutine, les Russes aimeraient aujourd’hui retourner en Pologne et dans toute l’Europe centrale. Nous faisons tout, nous, Polonais et Ukrainiens, tous en Europe et aux États-Unis pour les en empêcher – écrit Eryk MISTEWICZ
.En 1993, la Russie affaiblie de Boris Eltsine quittait la Pologne après un séjour de plus de 50 ans. Depuis 250 ans, la Russie ne fait que cela: entrer pour occuper, pour ensuite être chassée par les Polonais. De temps à autre, elle s’arrangeait avec d’autres pour le faire. C’est ainsi qu’elle orchestra, avec les Allemands, les partitions successives de la Pologne en 1772, 1793, 1795. C’est ainsi qu’elle conduit à une nouvelle partition de la Pologne dans une alliance et une coopération avec l’Allemagne en 1939, pour ne sortir de mon pays qu’en 1993.
Je veux vous parler aujourd’hui, chers amis, de ce temps dont je me souviens personnellement. Je travaillais à l’époque dans le gouvernement polonais qui a conduit à la sortie des Russes de Pologne, en occupant le poste de porte-parole et conseiller du ministre de l’Environnement. Je me souviens de ces émotions et de cette joie. Néanmoins, au ministère, nous recevions des rapports faisant état de dégradations écologiques dans les anciennes bases soviétiques où on avait pu trouver de tout, des armes nucléaires jusqu’aux armes chimiques.
Aujourd’hui les Russes veulent revenir. Les idéologues de Poutine – et lui avec eux – voient la Russie comme un État impérialiste expensif, s’étirant de Vladivostok jusqu’à Berlin-Est en RDA. Ils veulent le retour au CAEM et aux frontières de 1989, ils veulent l’étouffement des libertés en Europe centrale, l’effacement des acquis de Solidarnosc, la réinstallation de l’URSS et du Pacte de Varsovie.
Tout comme les autres nations centreeuropéennes (en particulier ces derniers temps les Ukrainiens, depuis 2014, et les Biélorusses, depuis 2016), nous, les Polonais, avons peu de temps. Et puisque nous avons peu de temps, nous misons sur ceux de nos alliés qui peuvent sans attendre nous fournir des chars et des armements, qui prennent au sérieux notre appréhension, qui comprennent notre attachement à la patrie mais aussi qui nous aideront à assurer notre sécurité énergétique.
Aujourd’hui, les dépenses de défense polonaises sont les plus importantes en Europe, dépassant 4% du PIB. Nous achetons nos armements partout où nos partenaires sont capables de nous les fournir en quelques mois. Nous n’avons pas de pipelines nous reliant avec la Russie, pour profiter de ses ressources. Au contraire, nous en devenons indépendants. Nous allons construire des centrales nucléaires – les seules capables de nous assurer notre sécurité énergétique. Nous construisons un État fort, instruit par sa propre histoire.
.Les troupes russes ont quitté la Pologne il y a 30 ans. Personne ne les accueillera avec des fleurs, s’ils reviennent. En tous cas, personne en Pologne et dans toute l’Europe centrale n’en veut. Nous ferons tout pour qu’ils ne reviennent plus jamais