Bp Maciej MAŁYGA: Nous profitons tous des fruits de ce geste

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Bp Maciej MAŁYGA

Evêque auxiliaire de l’archidiocèse de Wrocław.

Un mot très biblique, la réconciliation. À mon avis, il est même inhérent à l’essence du christianisme. Je pense immédiatement à la Deuxième Épître aux Corinthiens, dans laquelle saint Paul écrit d’abord que Dieu nous a réconciliés avec lui-même, puis nous demande, au nom du Christ, de nous réconcilier en tant que peuple. C’est donc un concept très chrétien, même s’il serait préférable d’écrire que ce n’est pas tant un concept, mais plutôt une réalité, une expérience vécue – estime le Mgr Maciej MAŁYGA

.Cette année marque le 60e anniversaire de la célèbre lettre des évêques polonais aux évêques allemands, dans laquelle cette réalité de la réconciliation chrétienne résonne très clairement. Ses auteurs soulignent également que le pardon – élément essentiel de la réconciliation – n’est pas synonyme d’oubli du mal causé. Ne serait-ce que parce qu’il est tout simplement impossible d’oublier ce dont on a fait l’expérience. Les évêques y décrivent également la longue histoire des relations polono-allemandes. Ils rappellent des moments de fierté partagée, comme la vie de sainte Edwige de Silésie, les œuvres de Veit Stoss, mais ils nous rappellent aussi des moments d’injustice, de mort, de nuit, de larmes, de ruines, d’épidémies, de guerres et de crématoires. Mais c’est précisément cette vérité qui est l’un des fondements de la réconciliation, c’est-à-dire d’une nouvelle approche de la mémoire et du passé.

Les bons fruits de la lettre des évêques polonais à leurs homologues allemands sont encore visibles aujourd’hui. Il est clair que la réconciliation polono-allemande initiée à cette époque a permis la construction de l’Europe d’aujourd’hui dans cette bonne forme, comme une possibilité de libre circulation, de rencontres, de contacts, de frontières ouvertes, car je pense que c’était un geste très prophétique fait à cette époque par le cardinal Kominek et tous les évêques. Aujourd’hui, nous profitions tous des fruits de ce geste. Cela peut même nous paraître évident, mais à l’époque, c’était un acte de grande sagesse et de grand courage.

.L’histoire de cette lettre montre également à quel point la réconciliation est un processus long et compliqué. C’est certainement une leçon pour nous aujourd’hui lorsque nous pensons aux relations entre la Pologne et l’Ukraine. Une lettre similaire ne devrait-elle pas être rédigée dans le contexte d’événements historiques aussi difficiles que le massacre de Volhynie ? Certainement oui, mais – comme alors – c’est une question complexe et qui prendra du temps. Combien de facteurs devraient être réunis ? Cet acte nécessiterait sans doute la volonté des nations et des personnes qui s’y consacrent, même prêtes à perdre leur bonne réputation. Il y aurait aussi besoin, comme ce fut le cas pour la lettre des évêques polonais aux évêques allemands, d’une certaine impulsion, que leur a donnée le Concile Vatican II. Il faudrait aussi de nombreuses rencontres et divers petits gestes pour y parvenir. Bien que la nécessité d’une réconciliation entre les nations soit évidente pour tous, nous devons être conscients que le chemin qui y mène est long et sinueux.

Bp Maciej Małyga

œuvre protégée par droit d'auteur. Toute diffusion doit être autorisée par l'éditeur 28/05/2025