
Chopin en Iran. Souvenirs et espoirs
L’Étude révolutionnaire et les valses de Chopin sont les morceaux favoris des Iraniens
.L’Iran n’est pas un pays qui nous vient spontanément à l’esprit lorsque nous évoquons Frédéric Chopin. Pourtant, il reste invariablement le deuxième compositeur de musique classique (appelée en persan musighi jahani, ce qui signifie à la lettre « musique du monde ») le plus joué, juste après Beethoven. En 1960, une pianiste iranienne remporte le troisième prix au Concours international Frédéric Chopin, plusieurs années plus tard, un projet est mis sur pied pour apprendre la musique de Chopin aux enfants atteints d’autisme et du syndrome de Down ; dernièrement, un artiste iranien a produit un portrait du compositeur à partir de son masque mortuaire. Ainsi, on peut dire que la musique et l’image de Chopin ont été intégrés à la culture iranienne malgré les bouleversements et les changements de régime et d’idéologie. Au XXe siècle et en particulier dans les années 1940, les œuvres de Chopin ont été incorporées au programme d’études de piano de style occidental. Elles ont également été parmi les premières à retrouver une diffusion publique – sur cassettes ou à la télévision – après la levée de l’interdiction de diffuser et d’écouter la musique occidentale prononcée après la révolution de 1979.
En 2010, les Iraniens fêtent en grande pompe le bicentenaire de la naissance de Chopin. La station de radio BBC Persian qui diffuse ses émissions depuis Londres publie sur son site un article consacré à l’Année Chopin. Son auteur, Ali Amini Najafi, y fait un récit empreint de romantisme sur la musique du compositeur polonais qu’il considère comme celle des sentiments et des émotions. Il perçoit Chopin comme un être « silencieux » et raconte l’histoire de son cœur. Chose curieuse, les Wikipédia française et persane sont les seules à consacrer un article à part sur l’histoire du cœur du compositeur, qui fut extrait de sa dépouille et transporté en Pologne, sa patrie bien-aimée. La publication de la BBC semble à plusieurs égards symptomatique d’une vision sentimentale de Chopin comme symbole d’une souffrance silencieuse qu’en ont les Iraniens. Une telle image du compositeur est largement partagée, on la retrouve depuis bien longtemps dans des publications en ligne et dans d’autres médias en langue persane.
En Iran, le bicentenaire de la naissance de Chopin est commémoré surtout par le Bukhara, un magazine littéraire et artistique de premier ordre. La rédaction du mensuel consacre au compositeur un de ses cycles intitulés « Un soir avec… » ; un événement important incluant des conférences, des présentations et des concerts est organisé. L’Ambassade de la République de Pologne en Iran est associée à l’organisation de cet événement, enrichi par une exposition à la Galerie 66 à Téhéran qui pendant une semaine présente 50 affiches liées à Chopin et soigneusement choisies dans la gigantesque collection de Krzysztof Dyda, graphiste polonais qui a consacré trente ans à sa passion de collectionneur. Pendant la soirée inaugurale, Ali Dehbashi, rédacteur en chef du magazine, dresse un portrait solennel du personnage et de l’œuvre de Chopin, se concentrant principalement sur ses funérailles à Paris. Son discours non seulement est riche en informations comme celles sur la musique jouée lors de l’enterrement du compositeur, mais il comprend aussi maintes descriptions variées et colorées, notamment des détails sur les costumes et l’apparence des participants. D’autres interventions sont tout aussi passionnées et élogieuses. Amir Asraf, professeur au Conservatoire de Téhéran, qualifie Chopin de « diamant unique dans le magnifique bijou de l’histoire de la musique mondiale, qui confirme par son éclat la gloire et la grandeur non seulement de l’histoire de l’art, mais aussi celle de la civilisation humaine ».
Certains discours sont repris par une édition spéciale du Bukhara, en format élargi, publié peu de temps après les célébrations. La publication comprend également des traductions et des extraits d’autres textes dont presque tous sont de nature biographique et décrivent en détail divers moments de la vie de Chopin, mais ne contiennent aucun commentaire musical et ne font pas mention de nouveaux domaines de recherche. Malheureusement, force est de dire qu’ils ne contiennent pas non plus d’informations sur le patrimoine lié à Chopin en Iran et s’abstiennent d’évoquer ne serait-ce que brièvement Achot-Haroutounian, la pianiste iranienne qui a décroché le 3e prix au Concours international Frédéric Chopin en 1960, ce qui reste le plus grand succès international jamais obtenu par un pianiste iranien, toujours inégalé. À la place, la publication propose des textes désormais classiques, dont des fragments « incontournables » d’Aspects de Chopin de Cortot, l’étude que Jean-Jacques Eigeldinger a consacrée à l’approche pédagogique de Chopin, une traduction du texte de Gerald Abraham sur son style musical, des fragments de Men of Music de Wallace Brockway et ceux de la biographie du compositeur par Camille Bourniquel de 1957. Pour ce qui est des études plus récentes, un extrait du livre Chopin’s Funeral de Benita Eisler datant de 2004 est inclus dans la publication (mais, une fois de plus, sans aucune référence à la source) ainsi que des textes de Barbara Smoleńska-Zielińska sur Chopin. Le mensuel retrace également le déroulement des célébrations du bicentenaire, avec des extraits de discours, des photographies et les noms des intervenants, dont les musiciens que l’on a pu écouter à cette occasion.
Le discours de Juliusz Gojła, l’ambassadeur de Pologne en Iran, se démarque des autres par la présence d’une note politique, situant l’amour porté à Chopin par les Iraniens et les Polonais dans le contexte du passé dictatorial des deux pays (évidemment sans faire de références spécifiques à leur situation actuelle). « L’Iran et la Pologne partagent une histoire similaire, observe-t-il. Nous aussi nous avons vécu pendant des années sous le joug d’une dictature et nous nous sommes battus pour notre liberté. Nous aussi, nous croyons être une nation unique et, comme vous, nous sommes fiers de notre histoire. (…) Chopin est connu dans le monde entier. Mais à nos yeux, il est encore plus exceptionnel, car c’est un Polonais”.
Outre l’image poétique et romantique de Chopin, sa polonité est l’un des traits les plus dominants du compositeur dans le contexte iranien. Le compositeur apparaît comme un symbole indissociable de la Pologne et de la souffrance qu’entraîne l’exil, le plus souvent dans des films documentaires et des projets sur les réfugiés polonais en Iran.
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.À la suite du pacte de non-agression Ribbentrop-Molotov conclu en 1939 entre l’URSS et l’Allemagne, la Pologne est divisée entre les deux pays et les autorités soviétiques lancent une campagne visant à purger la partie envahie par l’URSS des « ennemis de classe ». Dans le cadre de cette campagne, plus d’un million de personnes sont envoyées de force en Sibérie. Après la rupture du pacte par Hitler et le ralliement de l’URSS aux Alliés, de nombreux exilés polonais se retrouvent en Iran, alors divisé en deux zones d’influence : la soviétique au nord et la britannique au sud. Ceux qui sont aptes à combattre sont enrôlés dans l’armée Anders, appelée ainsi du nom d’un général polonais tout juste libéré de la prison Loubianka. En quelques semaines, des milliers de Polonais tenaillés par la faim, femmes et enfants pour la plupart, affluent en Iran, d’abord dans le port de Bandar-e Pahlavi (aujourd’hui Bandar-e Anzali) sur la mer Caspienne, ensuite à Téhéran et Ispahan. Les rescapés se souviendront longtemps de l’accueil chaleureux et de l’hospitalité des Iraniens. En peu de temps, les réfugiés polonais, dont la plupart avant leur exil faisaient partie de l’élite intellectuelle, industrielle et culturelle de leur pays, créent à Téhéran une enclave polonaise bien particulière, imprimant une trace indélébile sur le fonctionnement culturel de la ville.
Quatre ans plus tard, la plupart des exilés auront quitté la région. Un film documentaire bouleversant tourné en 1983 par Khosrow Sinai, Requiem perdu, retrace les destinées de ceux, peu nombreux, qui sont restés. Le réalisateur, qui a aussi une formation de musicien, imprègne son film de musique qui relie les différentes histoires sur la souffrance et la survie, reflète et commente ce que l’on voit à l’écran. Anna Borkowska, chanteuse, actrice et professeure de piano est le personnage central du film ; elle incarne cette musique et ces histoires. Le film commence et se termine par son interprétation d’une chanson polonaise (en persan, ce qui est un symbole bouleversant du lien entre les deux pays qui lui sont chers). Au fil du récit, les pièces de Chopin deviennent un fil conducteur, car elles évoquent la solitude et la perte, la voix des survivants et l’expression de la douleur que partagent les exilés. Ces passages musicaux, en particulier les nocturnes de Chopin, servent de toile de fond à des images de désolation – les tombes des morts et les larmes de ceux qui se sont retrouvés seuls.
Encore aujourd’hui, la musique de Chopin est considérée comme un reflet de l’histoire des Polonais en Iran exprimé en langage musical. Un court documentaire créé dans le cadre du projet Enfants d’Ispahan en est une preuve. Ce projet a consisté en une exposition de photos d’enfants polonais ayant trouvé refuge et soin dans la ville qui apparaît dans le titre. L’exposition, montrée à Téhéran et à Ispahan en 2017 en collaboration avec l’Institut Adam Mickiewicz, a permis de montrer au public des photographies jusqu’alors inconnues, découvertes à Ispahan plus de 50 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale.
Ce qui est important lorsqu’on parle de Chopin en Iran, c’est non seulement le caractère symbolique de ses œuvres mais aussi la popularité de sa musique et le fait qu’elle est facile à reconnaître. Il est très probable qu’elle était au programme de concerts et d’autres événements musicaux que les réfugiés organisaient pour garder le souvenir de leur patrie. C’est à ma professeure de piano que je dois d’avoir joué (ou du moins essayé de jouer) pour la première fois du Chopin, alors que je n’étais qu’une pianiste en herbe – cette professeure s’appelait Anna Borkowska que j’ai mentionnée plus haut, l’héroïne du documentaire réalisé par Sinai. J’ignorais tout de son histoire, sachant seulement qu’elle était une Polonaise mariée à un Iranien dont le nom de famille était Afkhami. Elle a été le premier professeur qui, malgré mon statut d’élève peu avancée, m’a encouragée à explorer la musique de Chopin, en jouant avec moi des pièces telles que le Prélude de la goutte d’eau et le Nocturne en mi bémol majeur, op. 9 n° 2. Elle jouait la partie de la main gauche tandis que j’essayais de marquer la mélodie.
Quelques dizaines d’années plus tôt, d’autres musiciens en exil, souvent d’origine russe ou arménienne, ont fait la promotion de la musique de Chopin (ainsi que celle du reste du canon musical occidental), formant des jeunes Iraniens. Les noms de gens comme Kiti Amir Khosravi (né en Russie) et Tatiana Kharatian (Russe et Arménienne) sont souvent mentionnés dans des biographies de certains compositeurs iraniens de renom, même si cela est fait de manière accidentelle et sans fournir de détails. Javad Maroufi (1912–1993) en fait également partie. Il a connu l’œuvre de Chopin grâce à Kharatian, et ses propres compositions pour piano trahissent une nette influence du compositeur polonais. Il convient également de mentionner que l’un des principaux théoriciens iraniens de la musique a conçu sa méthode d’enseignement de la polyrythmie lorsque sa sœur, une autre élève de Kharatian, a eu comme devoir d’apprendre à jouer la Fantaisie-Impromptu de Chopin. Pour ce qui est des générations ultérieures, Alireza Mashayekhi (né en 1940), l’un des premiers représentants de la musique moderne et d’avant-garde en Iran, a intégré Chopin dans sa création, notamment à l’album Avec Chopin (op. 130) datant de 1998 où l’on retrouve des fragments de diverses œuvres du compositeur polonais, notamment la Valse en la mineur et la Valse en mi mineur, ainsi que la Ballade en do mineur.
Les musiciens que je viens d’évoquer provenaient pour la plupart de familles d’élite et ont effectué dans leur jeunesse des séjours à l’étranger pour étudier dans les conservatoires les plus réputés d’Europe. À leur retour en Iran, ils ont fait la promotion d’une musique de style occidental dans leurs compositions ou leurs interprétations. Emanuel Malik-Aslanian (1915–2003 aux origines arméniennes et iraniennes, né en Russie), l’un des pianistes et compositeurs iraniens les plus remarquables, fut l’étudiant de Conrad Ansorge, lui-même élève d’abord de Liszt, ensuite de Paul Hindemith. Malik-Aslanian a souvent raconté comment, ignorant que la musique de Chopin était frappée d’interdiction à Berlin à l’époque nazie, il avait joué une pièce du compositeur lors d’un concert auquel assistait Hitler. Pari et Ariana Barkeshli, deux sœurs dont le père était Mehdi Barkeshli, l’un des théoriciens de la musique iranienne, ont fait leurs études à Paris. Tous deux ont connu un grand succès en tant que pianistes. En particulier, le nom de Pari apparaissait souvent sur les affiches de concerts dans les années 1960 et 1970 au cours desquels on pouvait l’entendre jouer du Chopin.
Toutefois, la plus grande réussite est à mettre à l’actif de Tania Achot-Haroutounian (1937–2022). Née à Téhéran de père russe et de mère arménienne, à 14 ans elle quitte l’Iran pour Paris où elle étudie chez de grands professeurs comme Lazare Lévy. Après sa participation au Concours Chopin 1955, elle décide de se perfectionner dans le cadre de l’école russe. Elle s’installe à Moscou pour devenir l’élève de Lev Oborin (le vainqueur du premier Concours Chopin en 1927). Le point culminant de sa belle carrière est le VIe Concours Chopin en 1960 qui lui vaut le troisième prix (la première place étant attribuée à Maurizio Pollini, la deuxième à Irina Zaricka). Malheureusement, ses relations avec l’Iran n’iront pas au-delà de quelques concerts, dont une interprétation en 1953 du Concerto pour piano n° 2 de Chopin avec l’Orchestre symphonique de Téhéran conduite par Morteza Hannaneh (encore un musicien formé à l’Ouest). Dans les années 1960, Tania Achot-Haroutounian quitte une fois de plus Paris au profit de Lisbonne où avec son mari, le pianiste Sequeira Costa, ils deviendront des professeurs de musique très prisés.
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.Au cours des trois dernières décennies de la dynastie Pahlavi (1950–1970), une campagne agressive d’occidentalisation culturelle a fait de l’Iran une destination attrayante pour de nombreuses célébrités (pas seulement sur le plan financier). Le point d’orgue de ces activités était le Shiraz Arts Festival, événement annuel qui dans les années 1967–1977 se déroulait sur le site antique de Persépolis et présentait une programmation exceptionnelle avant-gardiste et ambitieuse. Mis en place pour promouvoir le modernisme dans les arts et pour célébrer les échanges culturels entre l’Est et l’Ouest, le festival a accueilli, entre autres, Peter Brook, Maurice Béjart, Iannis Xenakis, Karlheinz Stockhausen, Krzysztof Penderecki et Arthur Rubinstein. Il existe une courte vidéo de ce dernier, où on le voit en 1968 profiter avec un plaisir évident de l’hospitalité qui lui est offerte pendant les répétitions de piano sur une grande scène placée à l’air libre. Une autre vidéo montre le pianiste jouant la Marche de l’opéra L’Amour des trois oranges de Prokofiev, juste avant d’être salué par l’épouse du shah, Farah Pahlavi. Lors de son récital, Arthur Rubinstein a joué notamment la Polonaise en la bémol majeur, opus 53 (« Héroïque ») et la Nocturne opus 15 n° 2 de Chopin. L’année d’après, Chopin est revenu au programme des récitals de Martha Argerich (Sonate pour piano n° 3) et d’Yvonne Loriod (Barcarole). Le festival a également permis de mettre en valeur les talents locaux, tant dans le domaine de la musique traditionnelle persane que dans celui de la musique artistique occidentale. Ainsi, lors de l’édition inaugurale en 1967, un récital de la pianiste iranienne Novin Afrouz a comporté dans son programme l’Andante Spalato et la Grande polonaise en mi bémol majeur op. 22 de Chopin.
La révolution de 1979 et les limitations qu’elle a mises en place dans les domaines culturel, idéologique et social a entraîné un arrêt brutal, ou du moins temporaire, de l’activité musicale dans le pays, ressenti de manière particulièrement aiguë du vivant du leader de la révolution et premier guide suprême de l’Iran, l’ayatollah Ruhollah Khomeini. Après la mort de ce dernier en 1989, un assouplissement progressif mais variable des restrictions a été observé, surtout sous la présidence relativement modérée de Muhammad Khatami (1997–2004). Du temps de Khatami, a eu lieu un retour contrôlé de la musique occidentale artistique et des échanges culturels. Outre la musique révolutionnaire et un répertoire soigneusement sélectionné de la musique traditionnelle persane, la musique occidentale a été l’un des genres qui sont progressivement revenus dans la sphère publique. Ce répertoire était rigoureusement contrôlé et chaque nouveau projet se heurtait à d’innombrables obstacles avant d’obtenir le permis indispensable du Ministère de la culture et de l’orientation islamique dit javaz. Le blocus sur les voix solistes féminines est toujours en vigueur, mais il n’affecte pas la musique de Chopin ni la musique instrumentale en général. Dans les premières années qui ont suivi la révolution, la ségrégation et la censure se sont étendues même aux femmes-solistes instrumentistes. Plus récemment, les pianistes femmes arrivent (mais pas toujours sans problème) à donner des concerts devant des publics mixtes, comme à l’occasion des célébrations Chopin 2010 ou lors d’un récital Chopin, également organisé en collaboration avec l’ambassade de Pologne pour l’anniversaire de Chopin en 2022. L’album Avec Chopin d’Alireza Mashayekhi contient un enregistrement de la pianiste Farima Ghavam-Sadri.
Bien que l’époque des tournées et des visites de musiciens de niveau mondial en Iran semble révolue, il arrive que des étrangers explorent le terrain, en particulier lors du festival annuel du Fajr (qui commémore la victoire de la révolution de 1979). Les titres d’articles de presse dans le genre Le pianiste hollandais amène Chopin en Iran, se référant au concert de Nicolas van Poucke durant le 37e Festival Fajr de 2023, indiquent clairement la position prestigieuse de la musique du compositeur polonais. Son magnétisme n’est pas non plus passé sans exercer un impact sur les musiciens locaux. Instagram, le réseau social le plus populaire du pays, regorge de clips de jeunes pianistes faisant montre de leurs prouesses musicales. Ils interprètent les morceaux les plus populaires auprès des Iraniens, comme l’Étude révolutionnaire et les valses de Chopin.
Il serait intéressant de citer deux exemples poignants de musique en tant que catalyseur de guérison et d’espoir, qui, bien que n’étant pas directement liés à Chopin, sont incontestablement placés sous les auspices de sa musique. Ainsi, depuis 17 ans, la pianiste iranienne Ailin Agahi utilise, entre autres, l’œuvre de Chopin pour combattre les idées reçues sur la neurodiversité. Elle travaille avec des jeunes atteints d’autisme et du syndrome de Down, leur apprenant à lire la musique et alimentant une plateforme qui leur permet d’être vus et entendus. Ailin Agahi apprend régulièrement à « ses enfants » des morceaux de Chopin, dont la Valse en si mineur (op. 69, n° 2) et la Valse en la mineur (op. posth.).
.En juin 2023 au festival de Sibiu en Roumanie, la musique de Chopin a servi de fond musical à une rencontre de grande importance. The Revolution Orchestra israélien y a interprété une pièce dramatique hybride intitulée Moods, incluant le Prélude en la mineur de Chopin. À cette occasion, les Israéliens se sont liés d’amitié avec la troupe de théâtre iranienne Saye (le mot signifie « ombre ») ; leurs leaders se sont serré la main, suscitant des applaudissements enthousiastes. « Nos pays sont ennemis, mais nous sommes amis » a dit Sara Rasoulinejad de la troupe Saye. Omer Lackner Reichental, directeur général du Revolution Orchestra a répondu: « En ce qui me concerne, nous pouvons signer la paix ». Comme on peut le constater, la musique continue d’unir, et Chopin et ses œuvres constituent une partie importante de ce pont transnational et interculturel.