Prof. Andrzej ZYBERTOWICZ: Renforcement.  Sur la présence militaire des Américains en Pologne

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Sur la présence militaire des Américains en Pologne

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Prof. Andrzej ZYBERTOWICZ

Conseiller du Président de la République de Pologne, sociologue, professeur à l’Université Copernicus de Toruń, auteur de nombreuses publications scientifiques concernant la transformation systèmique en Pologne, en particulier les dimensions de la vie sociale et la sociologie du savoir. Il a récemment publié « Samobójstwo Oświecenia. Jak neuronauka i nowe technologie pustoszą ludzki świat » (« Un suicide des Lumières. Comment la neuroscience et les nouvelles technologies ravagent le monde des hommes »), aux éditions Kasper, Cracovie 2015.

Ryc.Fabien Clairefond

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La présence des troupes américaines en Pologne garantit définitivement qu’au cas où notre pays ou un des pays baltes serait agressé, les dispositions du Traité de l’Atlantique Nord seront remplies

La Pologne a tant de bonnes que de mauvaises expériences historiques avec ses alliés occidentaux. C’est pourquoi restent rationnelles les inquiétudes de savoir si, en cas d’un réel besoin – ce qui signifie dans la situation actuelle une attaque militaire classique de la part de la Russie – les autres membres de l’OTAN s’acquitteront de leurs obligations découlant du Traité. Bref, s’ils livreront bataille. La meilleure réponse à de telles inquiétudes est un renforcement pratique – ici, sur le territoire polonais – de notre potentiel commun de dissuasion. Et c’est ce qui se passe maintenant.

Le samedi 14 janvier 2017, à Żagań, a eu lieu une cérémonie solennelle de bienvenue en l’honneur des soldats américains arrivant en Pologne dans le cadre du renforcement des frontières orientales de l’OTAN. La forme concrète de cette opération avait été décidée à Varsovie, en juillet 2016, lors du sommet de l’Alliance de l’Atlantique Nord.

Et cela n’avait pas du tout été une tâche facile d’y parvenir. Les élites – politiques, économiques et culturelles – de nombreux pays de l’OTAN et de l’UE font preuve d’une grande sensibilité au sentiment de danger présent en Russie. Comme si ces élites ne comprenaient pas qu’un des moyens de discipliner les citoyens de ce pays par le pouvoir autoritaire, et ceci depuis déjà de nombreuses décénnies, est de faire peur, à tout bout de champ, avec une soi-disante politique agressive menée par les États-Unis et l’OTAN. L’Occident ne ferait qu’attendre de détruire la Russie. Chaque analyste sérieux sait pourtant que des inquiétudes profondément enracinées – même si elles sont irrationnelles – constituent un élément de poids de la réalité internationale.

Ainsi, l’OTAN avait opté pour une solution de compromis. Le nombre de troupes qui sont déployées aux frontières est de l’Alliance, certes ne garantit pas la défense du territoire en cas d’une agression de pleine envergure, mais il permet néanmoins – si le facteur même de dissuasion ne fonctionne pas – de ralentir l’agresseur tant que l’Occident n’aura pas apporté son aide à une échelle suffisante.

Tout porte à croire que c’est une bonne solution, mettant de l’équilibre entre le besoin de sécurité dans notre région et le fait d’aller au-devant des inquiétudes des Russes. Ceux d’entre eux qui sont raisonnables ne devraient pas se sentir inquiets par la présence des troupes états-uniennes en Pologne. Il n’y aura pas en Pologne de centaines ni voire de dizaines de milliers, mais quelques milliers de soldats américains uniquement. Ceci devrait calmer les Russes : de telles troupes n’ont pas de potentiel offensif, ne constituent pas de danger pour la sécurité de leur pays.

D’autre part – et c’est pour nous le plus important – la présence des troupes de l’OTAN (y compris d’une brigade blindée) sur notre territoire réduit considérablement la probabilité d’une guerre dans notre région.

L’agression de la Russie sur l’Ukraine avait à temps arraché l’OTAN de son sommeil. Ces dernières années, cette organisation se comportait (non sans concours de tels hommes et femmes politiques que les dirigeants de la Plateforme Citoyenne[PO]) comme si elle n’avait pas compris la nature du système de pouvoir régnant en Russie.

Et une chose encore : la présence des troupes de l’OTAN sur notre territoire non seulement stabilise la paix en Europe, elle stabilise la position de la Pologne ; en même temps, elle stabilise un peu plus le système politique en Pologne, y compris la position du camp gouvernemental actuel.

Après le succès du sommet de l’OTAN, et celui des Journées Mondiales de la Jeunesse, après de nouveaux investissements importants, ces derniers temps, de multinationales occidentales dans l’économie polonaise, après le maintien des notes favorables à notre pays par les agences de notation qui comptent, après l’annonce d’une visite actuellement planifiée de la chancelière Merkel en Pologne, on apperçoit de mieux en mieux le caractère utopique du désir du camp de la IIIe République et de ses alliés dans certaines institutions de l’UE, de considérer le gouvernement de Droit et Justice comme un pouvoir « purement provisoire ». Un pouvoir qui ne saurait même pas arriver au bout d’un seul mandat. Contre tous les espoirs des groupements d’opposition, les institutions internationales, importantes pour notre sécurité et le développement économique, considèrent le gouvernement actuel comme un partenaire naturel pour mener la politique internationale.

Andrzej Zybertowicz

15 janvier 2017 r.

 

 

 

 

œuvre protégée par droit d'auteur. Toute diffusion doit être autorisée par l'éditeur 16/01/2017
Fot. Shutterstock; Traduction : Andrzej Stańczyk