Marguerite STERN: On doit se concentrer sur ce qui nous unit

fr Language Flag On doit se concentrer sur ce qui nous unit

Photo of Marguerite STERN

Marguerite STERN

Ancienne militante féministe française. Ancienne FEMEN.

La société dans laquelle on vit en France actuellement n’est, tout compte fait, pas si mauvaise que ça et il n’y a peut-être pas besoin d’un grand bouleversement civilisationnel comme ce que prône le transgenreisme. C’est un vrai projet de société  transhumaniste qui veut bouleverser nos fondations, qui veut effacer, par exemple, les différences entre les femmes et les hommes, qui ne respecte pas le vivant, qui ne respecte pas l’intégrité corporelle.

Nathaniel GARSTECKA: Votre engagement féministe s’est toujours démarqué du féminisme « mainstream ». Vous n’avez par exemple pas hésité à aller militer dans les pays du Maghreb. Quel était votre état d’esprit à l’époque ?

Marguerite STERN: A l’époque, j’étais activiste FEMEN. Ma première action au Maghreb, c’était en Tunisie, avec un contexte particulier : c’était pour défendre Amina Sboui, une fille tunisienne qui se réclamait du mouvement FEMEN et qui était avait été emprisonnée. On avait donc pris la décision d’y aller, avec une militante allemande et deux françaises, pour demander sa libération. Effectivement, on n’avait pas hésité parce que FEMEN était un mouvement qui se développait à l’international et il nous semblait impossible de laisser l’une des nôtres en prison, alors qu’elle n’avait rien fait de mal.

Alors oui, c’est un engagement qui demande beaucoup d’investissement personnel, c’est se mettre parfois en danger. C’est un mode de vie total, quand vous faites ça, ça impacte toutes les facettes de votre vie. Ce n’est pas comme organiser des conférences le samedi après-midi.

Si je n’ai pas hésité, c’est parce que j’étais très en colère à l’époque. J’étais très jeune aussi, j’avais 23 ans. J’ai réalisé ensuite une action au Maroc, cette fois-ci pour défendre deux homosexuels qui y étaient emprisonnés. On peut dire que j’étais dans un état d’esprit de révolte, principalement contre les traitements que l’on infligeait aux femmes et aux personnes homosexuelles. J’avais besoin d’exprimer cette révolte, de la faire entendre. Justement, ce que j’aimais avec FEMEN, c’était que quand on faisait des actions, en général, nous étions entendues, le message passait.

C’était souvent très difficile de mesurer l’impact de nos actes, parce que ce n’est pas comme quand vous faites une proposition de loi, puis la loi passe ou pas. C’était plutôt un travail d’influence, un travail culturel, un travail métapolitique, qui, selon moi, semblait porter ses fruits, parce que nous créions des débats importants au sein de la société. Je me sentais à ma place dans ce rôle-là, médiatique, où on n’apporte pas forcément toujours des solutions, mais, en tous les cas, où on met le doigt sur certains problèmes.

Vous avez provoqué un tremblement de terre associatif et médiatique après la publication, avec Dora Moutot, de votre livre « Transmania » et de vos excuses à l’Eglise catholique. Quel a été le cheminement qui vous a mené à rompre ainsi avec le milieu dans lequel vous évoluiez jusque-là ?

Il s’agit de deux cheminements différents. Tout d’abord par rapport à Transmania. C’est un livre qui dénonce les dérives de l’idéologie transgenre. En réalité, ça a été un cheminement très rapide. J’ai commencé à m’exprimer sur le sujet trans en janvier 2020, et c’était une période où j’étais en train de devenir une nouvelle égérie du féminisme en France. Je venais de lancer les « collages contre les féminicides » en 2019, qui m’avaient valu une forte médiatisation. C’était cependant un mouvement avec lequel j’avais décidé de prendre mes distances parce que, justement, je trouvais qu’on faisait trop de moi l’icône de ce mouvement. Même si c’était moi qui l’avait créé, impulsé et développé, j’estimais qu’il n’était pas juste qu’on ne donne la parole qu’à moi alors qu’il y avait des centaines de filles qui collaient.

Puis le sujet trans est arrivé dans les collages. Certaines filles ont commencé à utiliser mon image pour défendre le transgenrisme. Ca, pour moi, ce n’était pas possible. Je savais déjà à l’époque que penser de l’idéologie transgenre et j’étais consciente des divisions à l’intérieur du mouvement féministe, à la fois sur le sujet trans, mais aussi sur le sujet de la prostitution ou des religions. J’étais très au clair là-dessus. Ainsi, quand mon mouvement de collage a commencé à être détourné pour servir une idéologie avec laquelle je ne suis pas du tout d’accord, je n’ai pas pu faire autrement que d’exprimer mon opposition. On a été deux féministes, avec une certaine exposition, à dénoncer les dérives de ce mouvement en France. C’était moi et Dora Moutot, avec qui j’ai co-écrit Transmania.

Ensuite, pendant des années, avec Dora, nous avons été harcelées très gravement. J’ai à chaque fois du mal à décrire vraiment l’ampleur du harcèlement, car c’est allé vraiment très loin… Dans la sphère amicale, dans la sphère professionnelle aussi. J’ai par exemple perdu tous mes amis. Dora, qui gagnait très bien sa vie dans le milieu de l’influence, a perdu tous ses contrats. J’étais en discussion avec des boîtes de podcasts à l’époque, avec plusieurs maisons d’édition. Comme par hasard, quand j’ai commencé à m’exprimer sur ce sujet-là, les discussions se sont interrompues.

Et puis, ça a aussi été un harcèlement institutionnel, quelque part, parce que les médias se sont mis à nous diffamer, voire à nous insulter parfois. Dans certains médias, les médias de gauche en particulier, des députés sont allés jusqu’à nous traiter de transphobes. Jusque dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, même. On a créé autour de nous une atmosphère hostile et dégradante et cela a duré pendant des années.

Donc, avec Dora, on a estimé qu’on avait mis le doigt sur un véritable problème en France, un sujet qui apparemment dérangeait, puisqu’il y avait tant de réaction par rapport à ce que l’on expliquait. On s’est donc dit que ce serait important d’écrire un livre, parce qu’on avait peut-être, quelque part, une responsabilité due à notre compréhension de l’idéologie transgenre. C’était une idéologie qui était en train de prendre de plus en plus de place dans notre pays, d’affecter de plus en plus, voire de détruire une grosse partie de la jeunesse, et il était de notre devoir d’alerter dans un objet bien structuré, dans un livre. Se contenter de faire des stories Instagram et des tweets ne permet pas de délivrer un véritable message construit. C’était important pour nous de faire ce livre et de dire exactement ce qu’on avait à dire une bonne fois pour toutes.

Et par rapport à l’Eglise ?

C’est le second cheminement et il est un peu parallèle au précédent. Le sujet trans m’a en réalité fait évoluer sur beaucoup d’autres sujets. En fait, comme je le raconte souvent, c’est un sujet qui m’a rendue un peu conservatrice. Avant, j’étais une féministe radicale, j’étais même une féministe très anti-hommes, très progressiste . Et finalement, le sujet trans m’a fait me rendre compte du fait que conserver ce qu’on a déjà, c’est peut-être plus sain. Peut-être que rester à sa place de créature et non de créateur est plus sain aussi.

La société dans laquelle on vit en France actuellement n’est, tout compte fait, pas si mauvaise que ça et il n’y a peut-être pas besoin d’un grand bouleversement civilisationnel comme ce que prône le transgenreisme. C’est un vrai projet de société  transhumaniste qui veut bouleverser nos fondations, qui veut effacer, par exemple, les différences entre les femmes et les hommes, qui ne respecte pas le vivant, qui ne respecte pas l’intégrité corporelle.

C’est ce qui m’a fait devenir conservatrice et qui m’a fait me rendre compte aussi que quand vous êtes harcelée et que dans votre vie, il ne vous reste plus grand-chose… la seule chose qui reste est peut-être votre pays. À un moment, je me suis rendue compte que, peut-être que le plus structurant de ce qui me restait, c’est-à-dire mes racines, c’était la France. J’avais donc besoin que la France reste la France.

Je me suis aussi rendue compte qu’à force de se moquer des catholiques, à force de les dénigrer, à force de dire que la France n’est pas un pays catholique, finalement, on abîmait peut-être un peu notre pays et que c’est ce que j’ai fait pendant des années. Finalement, j’ai commencé à ressentir une forme de malaise. Jusqu’au point où ma pensée a été suffisamment structurée sur ce sujet pour que je ressente le besoin de faire des excuses publiques en bonne et due forme à l’Eglise.

Vous expliquez qu’une « femme trans » reste nécessairement un homme. Pourquoi cette affirmation choque-t-elle autant ?

Je pense que dans le fond, tout le monde sait très bien qu’une femme trans est un homme. Ce n’est pas très difficile à comprendre. C’est une simple question de biologie. Instinctivement, on le sait. On sait le reconnaître en une demi-seconde, on est programmé comme ça. On cite, dans notre livre Transmania, des études qui montrent que le fonctionnement de notre cerveau nous permet de distinguer en moins d’une seconde le visage d’un homme du visage d’une femme. C’est même un mécanisme de protection chez les femmes.

Pourquoi donc cette affirmation choque-t-elle autant ? Parce qu’il y a eu un gros travail de lobbying de la part des milieux transgenristes. Un lobbying mené à plusieurs niveaux différents, à la fois dans l’Education nationale, dans les médias, dans les universités, dans l’institutionnel, dans quasiment tous les milieux, pour faire accepter cette idéologie. On vous met en tête, par un système de propagande, de manipulations et d’affirmations basées sur des inversions que si vous affirmez que les hommes sont des hommes, vous êtes une affreuse personne et que vous allez choquer des sensibilités individuelles.

Alors ça, c’est quelque chose, en France, qui est devenu quasiment impossible, le fait de pouvoir choquer et parfois blesser certaines personnes. Moi, évidemment, je ne fais pas ça pour blesser les personnes trans, je fais ça pour les femmes d’abord, les femmes et les enfants. Et puis aussi pour mon pays tout court. Mais il faut que certaines de ces personnes acceptent qu’il n’est pas interdit de blesser. Toute la rhétorique des idéologues trans est basée sur le fait de dire: « Si vous me mégenrez, alors c’est extrêmement violent pour moi ». Et donc, il ne faut pas le faire. Pour ces gens, il faut privilégier le sentiment, le ressenti, par opposition au bien commun, à la cohésion et à une certaine forme d’attache scientifique aussi.

Si cette affirmation choque donc autant, c’est à cause de toute cette forme de manipulation et de propagande qui nous désigne parfois même comme des nazies, comme des femmes violentes d’extrême droite. Il y a toute une image, tout un narratif qui s’est construit autour des personnes qui continuent à dire que les femmes trans sont des hommes. Il y a aussi une autre raison : quand vous êtes dans une atmosphère où plus personne n’ose affirmer une simple vérité, dès qu’il y a quelques personnes qui se lèvent pour affirmer cette vérité justement, alors tout le monde est stupéfait et choqué qu’elles osent encore le faire. Désolée, mais je continuerai à affirmer cette vérité.

L’un des concepts défendu par la gauche est celui  de « convergence de lutte », devant agréger les combats de toutes les minorités religieuses, ethniques, sexuelles et idéologiques contre le « patriarcat blanc chrétien et occidental ». Vous êtes accusée de saboter ce concept et donc de porter atteinte à l’émancipation des minorités.

Je ne suis pas contre l’émancipation des minorités, pas du tout. Je suis pour que les personnes trans et d’autres personnes issues de minorités puissent avoir une vie digne, comme tout le monde. C’est quelque chose que l’on répète en plus beaucoup dans notre livre Transmania. On est conscient du fait que les personnes trans subissent encore des violences, des discriminations et que ce n’est pas normal. Jamais de ma vie j’ai tenu des propos violents contre les personnes trans, je n’ai jamais appelé à la violence contre ces personnes, à la haine ou à la discrimination.

Je ne suis donc pas contre l’émancipation des minorités. Seulement, j’ai  actuellement l’impression que beaucoup de théories politiques, notamment à gauche, se basent sur l’expression des minorités. Et il me semble que la politique, pour moi, doit avant tout se soucier du bien commun, de ce qui nous rassemble et pas de ce qui nous divise, et surtout pas des particularités de chacun. On ne peut pas analyser le monde, on ne peut pas construire une politique en se basant uniquement sur des différences et sur ce qui divise, sur ce qui sépare. On doit se concentrer sur ce qui nous unit.

Par ailleurs, ce concept de convergence des luttes n’a plus vraiment beaucoup de sens pour moi. C’est-à-dire qu’à partir du moment où l’un des symboles de la convergence des luttes est le mouvement « Queers for Palestine », ça n’a plus aucun sens. N’importe quelle personne trans qui irait en Palestine se ferait égorger ou jeter du toit d’un immeuble en moins de deux secondes. De quelle convergence des luttes est-ce qu’on parle ? J’ai envie de dire à ces « Queers for Palestine », que ça ressemble à un syndrome de Stockholm. Finalement, vous défendez vos agresseurs. Il me semble que pour les personnes queers, trans, homosexuelles, c’est quand même dans les théocraties islamiques qu’il est le plus difficile de vivre.

L’Europe centrale, jusque-là préservée du progressisme commence à être touchée par ces idées venues de l’Ouest via les associations, les réseaux sociaux et les partis politiques de gauche. On voit déjà apparaître chez nous des idées « de genre ». Quelle argumentaire faut-il développer pour s’y opposer de manière efficace ?

C’est effectivement la grande question. C’est ce que j’essaie de faire tous les jours, de développer un argumentaire pour m’opposer de façon efficace à la propagation de ces idées. Je ne suis pas certaine de réussir mais j’essaie de m’y atteler comme je le peux.

Je pense qu’il faut agir à différents niveaux. Au niveau institutionnel, au niveau militant, et chacun à son niveau individuel. En termes d’argumentaire, ça me semble important d’essayer de ramener les gens sur terre, c’est-à-dire de parler de science, de parler de biologie, de parler de rapport au réel, de ce qui existe et de ce qui n’existe pas, de rappeler que l’idéologie transgenre est basée sur des croyances et que les gens ont le droit de croire. Je ne critique pas le fait que des gens aient des croyances, mais simplement on ne peut pas baser une politique commune sur des croyances comme celle-là.

Par contre, des notions de biologie, des notions scientifiques qui par essence, par nature, sont prouvables, mesurables, quantifiables, observables et doivent créer un consensus… C’est ce sur quoi on peut se mettre d’accord. Il me semble vraiment très important de remettre au cœur même des enseignements à l’école les notions scientifiques.

Pour s’opposer de manière efficace à l’idéologie transgenre il faut aussi simplement en montrer les dérives, les dégâts qu’elle crée. Je pense que la prise de conscience générale viendra beaucoup des personnes qui ont détransitionné et qui montrent aujourd’hui que l’idéologie transgenre a eu des impacts absolument terribles sur leur vie.

Un autre élément crucial dans notre argumentaire est de parler des enfants. Il est dramatique de voir que l’on détruit la santé des enfants qu’on fait transitionner avec les bloqueurs de puberté. Comment est-ce qu’on ne peut pas se mettre d’accord sur le fait qu’on ne touche pas aux enfants ? Néanmoins, ce sont des choses dont je parle depuis des années et j’ai quand même l’impression que l’idéologie transgenre progresse de plus en plus.

J’ai le sentiment que beaucoup de personnes qui adhèrent à cette idéologie sont dans une forme d’emprise sectaire et que de toute façon, comme pour toutes les personnes qui sont sous emprise sectaire, vous avez beau développer des arguments logiques et rationnels, elles ne vous entendent pas. Parce que c’est le propre de l’emprise.

Pour s’être opposé à l’importation de certains concepts comme l’acceptation des revendications transgenres, le gouvernement conservateur polonais avait été accusé d’homophobie, de transphobie et avait été la cible de résolutions hostiles de la part du Parlement européen. Est-ce un combat qu’il faut mener au niveau international ?

Je ne connais pas très bien la situation en  Europe centrale, mais je serais bien entendue ravie si ces pays mettent un frein à l’idéologie transgenre importée des Etats-Unis et empêchent l’implantation des opérations de transition.

Il y a des médias qui colportent le transgenrisme en permanence, ce qui participe à la contagion à l’échelle mondiale. C’est donc évidemment un combat qu’il faut  mener au niveau international.

Vous évoquez Parlement européen. Dans notre livre Transmania, on décrit, avec Dora Moutot, comment la législation sur le sujet trans a évolué et il se trouve que cela vient aussi beaucoup de l’Europe. L’Union européenne a dicté à la France une grande partie de sa législation en la matière. Il ne faut donc pas s’étonner que les institutions européennes attaquent les pays qui s’opposent au transgenrisme.

Vous vous êtes rapprochée de partis politiques de droite, notamment de Reconquête d’Éric Zemmour. La droite porte-t-elle mieux aujourd’hui les valeurs féministes?

On ne peut pas dire que je me rapproche de partis politiques. Je me considère certes de droite, mais je dialogue avec tous les partis. Même avec ceux de gauche s’ils acceptent de dialoguer avec moi, mais ce n’est malheureusement pas le cas.

Simplement, oui, je suis allée à l’université d’été de Reconquête parce que j’y ai été invitée. Si j’avais été invitée à l’université d’été d’un autre parti, j’y serais allée aussi. Il y a cependant des personnalités politiques pour lesquelles j’ai de la sympathie, qui s’expriment avec panache et avec lesquelles je suis d’accord sur certains sujets. Bruno Retailleau par exemple. J’estime qu’il ferait un bon premier ministre.

Quant aux valeurs féministes ? Oui, j’estime que la droite les porte mieux.

Le rejet de l’idéologie transgenre n’est-il pas au final la remise en cause d’un certain hyper-individualisme, incitant chacun d’entre nous à choisir sa particularité identitaire et sexuelle afin de se démarquer des autres, de personnaliser son existence ? N’est-ce pas une forme de réponse à la perte de repères de nos sociétés occidentales post-modernes ?

Je suis complètement d’accord avec ce constat, mais j’y apporterais une nuance. Oui, il y a une forme d’hyper-individualisme à vouloir, par exemple, défendre en permanence la notion d’autodétermination. Je ne pense pas qu’on puisse s’autodéterminer, puisque nous nous définissons aussi à travers le regard des autres, qui est souvent plus objectif que le nôtre.

Il y a aussi une forme d’hyper-individualisme dans le sens où on veut absolument faire reconnaître sa petite identité, ses petites particularités, sa petite existence propre. Et en même temps, le transgenrisme crée des communautés et c’est ce qui attire beaucoup les gens. Les personnes qui tombent dedans sont souvent des personnes qui ont des problèmes psychologiques ou qui sont traumatisées, ou qui se trouvent dans une forme d’isolement social.

On a par exemple relevé qu’il y avait une surreprésentation des autistes parmi les transgenres. Il y a beaucoup de personnes autistes à l’intérieur de la communauté trans. Et les personnes autistes sont des personnes qui, en général, ont du mal à s’intégrer socialement, à trouver un cercle d’amis, à être reconnues.

Ce sont donc des gens comme ça qui viennent chercher dans la communauté trans une forme, justement, de vivre ensemble et de nouvelles communautés, et donc sortir de leur solitude et de leur individualité. Il y a ainsi une espèce de double mouvement à l’intérieur du mouvement transgenre.

Je suis aussi assez d’accord avec votre analyse du fait qu’il y a un manque de repères, aujourd’hui, dans nos sociétés occidentales postmodernes. Selon moi, la montée de l’islam, et des conversions de Français à l’islam, n’est pas du tout étrangère à cela. Ca a aussi un lien avec ce que je pense de la place que devrait avoir l’Église catholique en France. Je considère que c’est beaucoup plus sain de se rattacher à cette tradition culturelle-là plutôt qu’à toutes ces nouvelles communautés qui, au final, détruisent.

Je pense que ça fait partie de la nature de l’être humain d’avoir besoin de rites pour se rassembler. C’est l’instinct grégaire. Et donc, quand on perd ses rites, quand on perd ses repères, évidemment on va en chercher d’autres ailleurs. Ce n’est en soi peut-être pas toujours mauvais, sauf que je considère que les repères et les rites proposés par, à la fois, l’islam ou bien le transgenreisme, sont absolument malsains et détruisent beaucoup plus qu’ils ne construisent.

Nathaniel Garstecka

œuvre protégée par droit d'auteur. Toute diffusion doit être autorisée par l'éditeur 14/12/2024
Fot. Philippe Wojazer / Reuters / Forum