Réussir le pari du développement à long terme
La Pologne fonde sa compétitivité sur autre chose qu’une main-d’œuvre bon marché – écrit Aleksander SURDEJ
La Pologne fait partie des rares économies mondiales à connaître, depuis plus de quinze ans, une suite ininterrompue de croissance. Son économie a fait preuve de résistance face à la crise mondiale de 2008-2009, pour ensuite, en période de faible croissance, entre 2010 et 2018, maintenir un taux moyen au-dessus de 3,5%. Grâce à cette série impressionnante, le niveau de vie s’est considérablement amélioré : entre 1990 et 2018, le pays a réussi à réduire d’environ un tiers l’écart du PIB per capita par rapport à la moyenne de l’OCDE.
Cette croissance s’est traduite par des progrès sociaux concrets. Le pays a enregistré des avancées en matière d’état de santé, l’espérance de vie étant passée de 71 ans en 1990 à plus de 77 ans en 2017. Le taux de pauvreté a baissé pour être aujourd’hui inférieur à la moyenne de l’OCDE (10,5% de la population avaient un revenu au-dessous de 50% de la médiane nationale en 2013 contre 11,1% dans l’OCDE). Les inégalités économiques non plus n’ont pas augmenté – en 2013, le revenu moyen des premiers 10% de la population était 7,5 fois plus important que le revenu des derniers 10%, tandis que dans l’OCDE il est presque dix fois plus important.
Instaurée en 2016, l’allocation familiale 500+ (environ 115 euros), pour chaque enfant à partir du deuxième, a permis de réduire sensiblement la pauvreté chez les enfants et concourt à la croissance de la fécondité.
Ce développement est servi par une très stricte discipline macroéconomique. La dette publique, selon les critères de Maastricht, s’élève à 52%, l’inflation oscille autour des objectifs fixés par la Banque nationale (environ 2%), et la balance commerciale et celle des paiements restent équilibrées.
Dans une économie de marché ouverte – la part des exportations des biens et services dans le PIB polonais est passée de 46,3% en 2013 à 52,3% en 2016, leur structure régionale et celle des produits revêtant un caractère de plus en plus diversifié – la stabilité de la croissance dépend de la solidité des bases microéconomiques.
La première est la quantité et la qualité de l’éducation. Le pourcentage des travailleurs diplômés a plus que doublé depuis le début des années 1990 (13% en 1992 contre 31% en 2015). Les résultats des élèves polonais de 15 ans étaient en 2000 au-dessous de la moyenne de l’OCDE, tandis que maintenant ils la dépassent considérablement.
La deuxième base est l’esprit d’entreprise et le développement du secteur privé. Entre 2010 et 2014, 9,9% des adultes ont créé une entreprise – un taux largement au-dessus de la moyenne de l’UE qui est de 6,5%. Il y a de plus en plus de solides entreprises de taille moyenne. Fondées et développées par la première génération d’entrepreneurs, elles grandissent organiquement et se développent harmonieusement en tant qu’entreprises familiales, orientées vers le long terme et déterminées à durer.
Ainsi, la Pologne peut fonder sa compétitivité sur autre chose qu’une main-d’œuvre bon marché : s’y installent en effet des investisseurs en quête de travailleurs qualifiés et les entreprises polonaises vendent des produits innovants à l’étranger, également dans les industries de nouvelles technologies.
La Pologne continue de compléter ses réseaux de routes et de télécommunications en vue de faciliter le fonctionnement des entreprises et de relier le pays à d’autres marchés.
Le gouvernement actuel, tout comme l’ont fait les gouvernements précédents, améliore la qualité de l’environnement d’affaires. La Pologne a gagné treize places parmi les pays de l’OCDE dans le classement Doing Business de la Banque mondiale, en passant de la 31e position en 2010 à la 18e position en 2016. Un autre indice, celui de (sur)réglementation des marchés de produits, a baissé lui aussi, ce qui signifie une meilleure exécution de la législation antimonopoles et un recours de plus en plus rare à des politiques discrétionnaires de type « injonction et contrôle »
.La Pologne non seulement accélère le développement des sources d’énergies renouvelables, mais elle agit aussi en faveur de sa sécurité énergétique en jugeant réalistes les perspectives pour l’énergie nucléaire. Réussir le pari de poursuivre le développement de la Pologne sera plus facile lorsque les autres pays de l’Union européenne sauront maintenir la dynamique de leurs économies, tout en coopérant dans la réduction des coûts des changements climatiques et dans l’atténuation des coûts de la transition vers les nouvelles sources d’énergie, renouvelables et fiables.
Aleksander Surdej