Marie Curie-Sklodowska. Très grande scientifique et défenseur de la science
Comme très grande scientifique elle a su aller contre les idées reçues en chimie pour faire des découvertes très remarquables : les propriétés des rayons uraniques sont des propriétés physiques et non chimiques. Comme très grand défenseur de la science elle a su gagner en influence et a joué un rôle international dans la diffusion des sciences – ecrit Jean-Jacques SZCZECINIARZ
.Maria Curie-Skłodowska est un personnage qui possède toutes les dimensions humaines, femme mariée, puis veuve amoureuse, engagée pour défendre la cause des femmes, scientifique extraordinairement productrice, polonaise venue en France adoptée par celle-ci, engagée dans la guerre de 14 pour que ses découvertes facilitent la tâche des médecins, engagée dans la défense de la paix, contre l’injustice sociale, engagée dans la défense de la science et pour la construction de lieux de recherche et pour la recherche de financement nécessaire à la recherche, et ses actions dans tous ces domaines ont toutes été socialement reconnues. Elle repose au Panthéon depuis la décisions du président François Mitterrand en 1995, d’innombrables organismes, rues, lycées, universités, hôpitaux tant en France qu’en Pologne portent son nom. Elle a suscité des œuvres tant cinématographiques que théâtrales qui rapportent toutes certains aspects de sa vie.
Mais ce qui ajoute à la dimension de son personnage elle n’est absolument pas un personnage mythique ou d’une divinité parfaite qui l’éloignerait de sa profonde humanité. Elle a vécu des drames, a été attaquée, calomniée, a résisté courageusement sans céder sur l’essentiel, sa croyance en la force de la science et de la connaissance, Auguste Comte a été une de ses premières lectures, la force de son intelligence, l’affirmation de son existence de femme. Elle n’a jamais perdu le sens de son identité polonaise même dans l’adversité, ce qui a fait aussi sa force.
Née en Pologne le 7 novembre 1867 elle meurt le 4 juillet 1934 au sanatorium de Sancellemoz (Passy) (Haute Savoie).
Elle a reçu avec son époux Pierre un demi prix Nobel de Physique en 1903 pour leurs recherches sur les radiations, et en 1911 le prix Nobel de Chimie pour ses travaux sur le polonium et le radium. Elle est la première femme lauréate du prix Nobel et la seule femme à en avoir reçu deux.
Fille d’un père professeur de mathématique et de physique et d’une mère institutrice elle a quatre sœurs, la plus jeune mourra très tôt. Marie réussit difficilement car les femmes n’y ont pas accès, à faire des études supérieures par l’intermédiaire de l’Université volante, illégale et créée pour résister aux interdit de l’occupant russe, la Pologne étant alors une partie de l’Empire russe. Elle part pour Paris où elle étudie à la Faculté des sciences de Paris, obtient sa licence de physique, en étant première de sa promotion, puis un an plus tard de mathématique en étant seconde. Elle ne regagne pas la Pologne mais travaille dans le laboratoire du professeur G.Lippman qui lui fait rencontrer Pierre Curie avec qui elle collabore et qui réussit à la retenir. ils se marient à Sceaux en juillet 1895. Elle est reçue première à l’agrégation de mathématiques qui la mènerait vers l’enseignement, mais elle se consacre à la recherche.
Elle se consacre à l’étude des rayonnements de l’uranium que l’on croyait spécifiques à cet élément, à l’aide son mari Pierre et du frère de celui-ci, Jacques, elle parvient à fabriquer un instrument de mesure. Elle mesure l’effet du rayonnement sur l’ionisation de l’air et découvre que l’activité de l’uranium dépend de la proportion d’uranium que les métaux examinés contiennent. Elle est donc une propriété physique et non chimique. C’est l’aspect scientifique et épistémologique de sa découverte.
Pierre Curie en 1898 rejoint Marie pour travailler sur la radioactivité. Il découvre le polonium (nommé ainsi en l’honneur du pays de Marie). En juillet 1898 elle annonce la découverte du radium, faite dans des conditions artisanales. En poursuivant une carrière universitaire elle soutient sa thèse de physique et reçoit le prix Nobel de physique en 1903, avec son mari et Henri et Becquerel. C’est par hasard que son nom (celui d’une femme !) d’abord supprimé a été néanmoins ajouté aux deux autres noms d’hommes précédemment nommés.
Pierre est nommé à la chaire de professeur de la Faculté des Sciences de Paris avec Marie comme chef de travaux.
Après la mort accidentelle de Pierre dont elle a beaucoup souffert elle devient la première femme titulaire d’une chaire de physique à la Sorbonne. Le 1er mai 1906 est la date de l’inauguration, vue comme une victoire contre l’anti féminisme. Elle poursuit ses recherches et sa carrière ; isole un gramme de radium sous forme de métal pur Mais elle n’est pas élue à l’Institut de France, sans doute pour des raisons d’antiféminisme.
Elle participe, étant toujours la première femme au Congrès Solvay où elle rencontre Max Planck, Albert Einstein et Ernest Rutherford. Sa liaison avec Paul Langevin fait scandale et lui valent des attaques des bien pensants français. Mais en 1911 elle reçoit le prix Nobel de chimie.
Le professeur Roux propose alors la création d’un institut du radium chargé de la recherche sur le cancer. Le professeur Roux impose un partage directorial en faisant venir un de ses élèves Claude Rigaud, ce qui diminue sensiblement le rôle de Marie. L’institut de la rue d’Ulm réunit les deux compétences en deux laboratoires, physique et chimie, dirigé par Marie Curie et le laboratoire Pasteur fondé sur la radiothérapie.
Marie se mobilise lors de la Première Guerre mondiale, elle se fait accompagner sur le front par sa première fille Irène, et conçoit et fait construire les « petites Curie », véhicules équipés d’appareils Rœntgen et pouvant se rendre auprès des malades prendre des radiographies pour situer les éclats d’obus et les balles. Par ailleurs, l’institut du radium est transformé par Marie en école de formation de radiologistes.
A la fin de la guerre en 1918 elle s’occupe de son Institut, qui acquiert un grand renom et reçoit des étudiants étrangers. Elle contribue encore ainsi à l’émancipation féminine.
Elle peut se rendre en Amérique grâce à une collecte des femmes américaines pour acheter un gramme de radium puis encore grâce aux femmes américaines elle reçoit un gramme de radium dont elle fait don à l’Université de Varsovie.
Elle joue un rôle très important dans la collaboration scientifique internationale. Elle voyage énormément et s’engage aux côtés d’Einstein dans la Commission internationale de coopération intellectuelle.
Elle meurt victime d’une leucémie radio-induite, victime de sa passion et de so engagement pour la science .
.Comme très grande scientifique elle a su aller contre les idées reçues en chimie pour faire des découvertes très remarquables : les propriétés des rayons uraniques sont des propriétés physiques et non chimiques ; découvertes du radium et du polonium, atomes instables, contre l’idée des atomes insécables et éternels. Elle réussit à déterminer la masse atomique du radium.
Comme très grand défenseur de la science elle a su gagner en influence et a joué un rôle international dans la diffusion des sciences. Elle a su dans la tradition d’Auguste Comte allier la recherche scientifique avec son institutionnalisation, et l’institut qu’elle a créé est aujourd’hui l’Institut Curie.
Elle a obtenu outre les prix les plus célèbres d’innombrables récompenses. Elle est l’objet de nombreux hommages (2011 avait été déclarée l’année Curie) , un grand nombre de musées, des rues des établissements scolaires portent son nom, elle a été l’objet de films de romans qui chacun insiste sur un aspect de son personnage tant elle a suscité d’admiration voire de fascination.
Jean-Jacques Szczeciniarz