Entreprise d’Europe de l’Est, ambitions européennes
Przemysław KRAL
Alors que l’Europe est au bord de sa réglementation la plus complète à ce jour sur les cryptomonnaies, une tendance inattendue s’accentue : les entreprises de cryptomonnaies d’Europe de l’Est se positionnent de plus en plus comme des leaders dans le paysage en évolution des actifs numériques. Ce changement intervient alors que le règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets) se prépare à remodeler l’industrie des crypto-actifs du continent d’ici la fin de 2024.
.Seuls les plus grands passionnés et les personnes axées sur l’innovation s’attendaient à ce que le bitcoin atteigne sa valeur actuelle. Une poignée d’optimistes y ont cru, et aujourd’hui le bitcoin et les autres cryptomonnaies sont des éléments à part entière du marché financier. Et ils sont de plus en plus disposés à jouer des coudes sur le Vieux Continent.
Le marché européen des crypto-monnaies a longtemps été dominé par des acteurs d’Europe occidentale et internationaux. Cependant, les changements réglementaires imminents créent des opportunités pour les entreprises d’Europe de l’Est bien préparées de se développer vers l’Ouest. Parmi les exemples les plus notables, il faut citer zondacrypto, une bourse de crypto-monnaie d’origine polonaise qui a récemment fait des percées significatives sur les marchés d’Europe occidentale, comme en témoigne son partenariat avec des marques de sport de premier plan, telles que la Juventus FC, l’Atalanta Bergamo ou le Giro d’Italia.
Ce qui rend cette expansion centreuropéenne particulièrement intéressante, c’est la façon dont ces entreprises ont transformé leur expérience des réglementations strictes en un avantage concurrentiel. L’Estonie, par exemple, a mis en place l’un des régimes de licence crypto les plus stricts d’Europe des années avant même que MiCA ne soit conçu. Cela a entraîné une baisse massive du nombre d’entreprises agréées qui y opèrent, allant jusqu’à 90%. Zondacrypto faisait partie de quelques-unes qui se sont maintenues. Les entreprises qui ont survécu à cette baisse ont déjà construit l’infrastructure et les cadres de conformité nécessaires que d’autres s’efforcent maintenant de développer vu les exigences de MiCA.
La Connexion Monaco
.La Côte d’Azur, en particulier Monaco, est devenue une plaque tournante inattendue pour cette évolution crypto entre l’Est et l’Ouest. Ces derniers mois, l’activité s’est accrue dans la Principauté, traditionnellement connue pour ses secteurs de la banque privée et du luxe. Par exemple, zondacrypto a annoncé des collaborations avec des marques telles que Top Marques Monaco et la Fondation Princesse Charlène de Monaco, culminant avec un grand gala de jetons ZND pour célébrer le lancement du jeton natif de l’échange. Cela signale une acceptation croissante des actifs numériques dans les cercles financiers traditionnels.
Le marché français présente une opportunité d’expansion particulièrement intéressante. Des études récentes montrent que l’adoption des cryptomonnaies en France augmente à un rythme sans précédent, avec environ 12,5% de la population détenant désormais des actifs numériques, soit une augmentation remarquable de 28% d’une année sur l’autre. Ce qui rend le marché français particulièrement attractif, c’est sa combinaison unique de sophistication technologique et d’ouverture à l’innovation financière.
Les jeunes investisseurs français mènent la charge, les moins de 35 ans représentant 57% des détenteurs de cryptomonnaies, contre 50% l’année précédente. Cette évolution démographique signale une transformation plus large de la culture d’investissement, passant des instruments financiers traditionnels aux actifs numériques. Les données suggèrent que les investisseurs français ne se contentent pas de suivre les tendances mondiales, mais recherchent activement de nouvelles opportunités financières, 23 % envisageant d’acquérir des crypto-actifs dans un avenir proche. Malgré leur adoption croissante, il reste un écart important en matière d’éducation à combler : 48% des non-investisseurs citent le manque de connaissances comme principal obstacle à leur engagement, tandis que 30% expriment des inquiétudes quant au risque. Il s’agit à la fois d’un défi et d’une opportunité pour les plateformes de développer des initiatives éducatives complètes et des mesures de sécurité robustes.
MiCA : Un nouveau chapitre pour la crypto européenne
.La mise en œuvre de MiCA d’ici la fin de l’année 2024 représente le changement réglementaire le plus important dans le paysage crypto européen à ce jour. Les experts du secteur estiment que plus de 90% des plateformes de cryptomonnaies actuellement en activité pourraient devoir ajuster considérablement leurs opérations pour répondre aux nouvelles exigences. MiCA créera des conditions de concurrence véritablement équitables, car chaque entreprise devra répondre à certaines exigences de base. Et, malgré les perspectives optimistes, des défis subsistent. L’AMF a maintenu une position prudente à l’égard des crypto-actifs, tandis que d’autres régulateurs nationaux développent encore leurs approches du secteur.
Cependant, cette incertitude réglementaire n’a pas découragé les efforts d’expansion. La clé est d’opérer au niveau de conformité le plus élevé, quelles que soient les exigences actuelles.
Regard vers l’avenir
.Alors que l’Europe s’oriente vers un cadre unifié pour les crypto-actifs, le succès des plateformes d’Europe de l’Est à s’établir sur les marchés occidentaux pourrait signaler une tendance plus large. Nous assistons à une maturation de l’industrie de la cryptographie où la conformité réglementaire et la sophistication opérationnelle deviennent des facteurs de différenciation clés. Les prochains mois seront d’une importance cruciale et montreront qui survivra sur le marché des cryptomonnaies et gagnera la confiance des clients, et qui ne sera pas en mesure de faire face aux exigences réglementaires destinées à garantir la sécurité des clients. Si le règlement va sans aucun doute remodeler le paysage européen des cryptomonnaies, il pourrait également cimenter la position des entreprises qui ont eu la clairvoyance de se préparer à une surveillance plus stricte.
La réponse à cette question pourrait venir de plus en plus de l’Est, marquant un changement significatif dans le paysage financier européen.
