Notre rôle, le rôle de l’Europe centrale, est d’unir
Nous, en Europe Centrale, nous sommes marqués par un antivirus installé dans nos têtes à l’époque communiste. Ce logiciel nous avertit de tous les dangers bien avant ceux qui ont vécu dans une réalité différente de la nôtre– écrit Anna ZÁBORSKÁ
Quand, en 2004, nous avons fait notre entrée dans l’Union européenne, un changement s’est opéré. Entre les anciens et les nouveaux pays membres persistaient de grandes différences. Nos collègues du Danemark, de France, d’Allemagne ou d’Italie nous disaient : „Dieu merci, vous avez rejoint l’UE en apportant une perspective différente. Vous êtes beaucoup plus courageux, vous n’êtes pas politiquement corrects comme nos autres collègues. Vous avez apporté de nouvelles idées, et vous nous avez montré aussi qu’il ne faut pas avoir peur d’exprimer ses propres convictions”.
Peut-être, après 50 ans de communisme, avions-nous l’impression que dans l’Union européenne on peut s’exprimer librement et dire ce qu’on pense vraiment. Depuis quelque temps, nous n’avons de cesse de répéter qu’il nous faut retourner aux racines, aux valeurs européennes. Les pays de l’Europe centrale et orientale ont une culture différente. Nous sommes marqués par un antivirus installé dans nos têtes à l’époque communiste. Il nous avertit de tous les dangers bien avant ceux qui ont vécu dans une réalité différente de la nôtre. Si nous voulons donc retourner aux valeurs anciennes, nous devons décider quelles valeurs il faut choisir.
Dans le projet de Constitution nous avons rejeté les valeurs chrétiennes. À l’époque, Marcelo Pelevin, un agnostique à la tête du Parlement européen, un non-croyant, a dit être sûr que l’Union européenne reposait sur les valeurs chrétiennes : « J’en avais la certitude jusque-là. Mais maintenant je ne sais plus sur quelles valeurs repose l’Union, je ne sais pas non plus sur quelles valeurs elle bâtira son avenir”.
Dans les pays d’Europe centrale nous avons nos propres constitutions. Nous y faisons référence aux valeurs chrétiennes, à Cyrille et Méthode, nous évoquons nos racines. C’est comme les mathématiques. Ce qui se trouve entre parenthèses est à multiplier ensemble. Les valeurs chrétiennes mentionnées dans les constitutions, c’est quelque chose de naturel. Ce sont des repères auxquels s’ajustent nos façons d’agir et qui permettent de comprendre si on agit bien ou mal. Comprendre si, par exemple, la liberté est reliée à la responsabilité.
.Ce qui est important, c’est que dans les pays d’Europe centrale nous sachions toujours relier, du moins la majorité d’entre nous, la liberté à la responsabilité. Et c’est ce que nous pouvons apporter à l’Europe. Car je vois que les gens ressentent un manque. Ils savent qu’on peut facilement perdre confiance envers l’Union européenne. Pour éviter un tel scénario, il faut se rassembler autour de quelque chose qui soit bien défini. L’Europe centrale y a, à mon sens, un grand rôle à jouer.
Le discours prononcé lors du Congrès Pologne Grand Projet 2018. Wszystko co Najważniejsze a été le partenaire média de cet événement.
Anna ZÁBORSKÁ