Michał KŁOSOWSKI: L’Église au temps de la répression

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Michał KŁOSOWSKI

vice-rédacteur en chef de « Wszystko Co Najważniejsze », chef du département des projets spéciaux à l’Institut des Nouveaux Médias.

Ryc.Fabien Clairefond

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Durant la Seconde Guerre mondiale, un prêtre polonais sur cinq a été assassiné – écrit Michał KŁOSOWSKI

.Les Polonais connaissent le prix de la liberté, ils savent combien de sang coûte l’indépendance et combien elle manque quand on la perd. Ils connaissent le prix du sacrifice au nom de la liberté et du refus de la barbarie. Comme le franciscain saint Maximilien Kolbe, qui s’est offert à mourir, dans le camp allemand nazi d’Auschwitz, à la place d’un autre prisonnier qui grâce à cet acte a survécu à la guerre. Kolbe est un symbole, mais les ecclésiastiques morts durant la guerre se comptent par milliers. Car sur le territoire de la Pologne, la Seconde Guerre mondiale a aussi été une guerre contre la religion.

La religion plus que d’autres facteurs avait contribué à sauver l’identité polonaise à travers les siècles. Dans les plans d’Hitler et de Staline, l’écrasement de la nation polonaise devait donc passer par l’extermination du clergé. Un prêtre polonais sur cinq a été assasiné. Quatre évêques polonais sont morts dans les camps. La mort a touché plusieurs milliers de moines et de nonnes. 

Les Allemands considéraient le clergé catholique polonais comme faisant partie des élites intellectuelles, d’où la brutalité des persécutions. Citons l’Intelligenzaktion visant l’anéantissement des élites polonaises ou l’action AB, qui prévoyait la dissolution des organisations catholiques et la fermeture des instituts éducatifs et de bonnes œuvres. Bon nombre de professeurs et enseignants catholiques se sont retrouvés au bord de la misère ou ont été envoyé dans les camps. Dans les territoires incorporés au Reich, surtout à Poznań, le clergé catholique a été emprisonné et les messes en polonais interdites. 

Malgré cela, les gens continuaient à se rassembler dans les églises. Adam Sapieha, l’archevêque de Cracovie, a même ouvert les portes de son palais aux habitants de la ville. L’Église polonaise prouvait sa proximité avec la population, en organisant dans la clandestinité des activités sociales et culturelles. 

Les ecclésiastiques polonais cachaient les nécessiteux indépendamment de leur religion ou nationalité. Les prêtres Mikołaj Ferenc, Antoni Kania, Jan Raczkowski et les sœurs Adela Rosolińska et Kornelia Jankowska ont été décorés à titre posthume par Yad Vashem de la médaille de Juste parmi les nations.

Le clergé polonais soutenait les actions de l’État clandestin, aidait à garder le moral, se rangeait du côté de ceux qui avaient besoin d’aide, qui combattaient, en défendant les plus faibles au nom de la liberté et du salut.

.Quand les ecclésiastiques des autres pays recevaient  des honneurs, les prêtres polonais mouraient assassinés par les nazis ou conduits comme du bétail à travers les neiges de la Sibérie. Ceux qui ont survécu à la répression continuaient à s’occuper des fidèles, vivants ou morts. C’étaient eux qui plantaient de simples croix en bois sur leurs tombes, symboles du plus grand sacrifice. C’est peut-être pour cette raison qu’au-dessus des tombes des soldats qui ont rompu la défense allemande au mont Cassin dominent l’aigle polonais et la croix catholique. Sous ses symboles, reposent des soldats polonais de différentes nationalités et confessions qui ont fait le don de leur vie pour leur liberté et celle de l’Europe. Ils méritent le souvenir, surtout quand on pense aux suites du 1er septembre 1939.

Michał Kłosowski

œuvre protégée par droit d'auteur. Toute diffusion doit être autorisée par l'éditeur 29/08/2019