La chimie de Wrocław. L’année de l’anniversaire de Marie Curie-Skłodowska
Le potentiel scientifique réuni de la chimie de Wrocław est énorme, et les résultats – mesurés par la quantité et la qualité des publications scientifiques et des brevets – sont impressionnants. Les instituts chimiques de Wrocław ont obtenu les plus hautes classifications ministérielles A ou A+ et jouissent d’une visibilité non seulement en Pologne mais dans le monde entier. Cette année, l’Université de Wrocław s’est retrouvée, parmi trois universités polonaises, sur la liste Top 500 du classement mondial ARWU Chemistry, conjointement avec l’Université de Varsovie et l’Université Jagellon – écrivent les professeurs Jacek GLIŃSKI et Kazimierz ORZECHOWSKI
.La chimie universitaire dans la capitale de la Basse-Silésie a une longue histoire et de grandes réalisations à son actif. D’abord, c’était des découvertes pionnières de scientifiques allemands, dont trois couronnés d’un Prix Nobel en chimie (Eduard Buchner, Fritz Haber et Friedrich Bergius). Après la Deuxième Guerre mondiale, l’histoire de la chimie a désormais été l’œuvre de Polonais. La chimie de Wrocław d’après-guerre a commencé en 1945, quand on a créé à Wrocław une université et une école polytechnique. En 1951, l’université et l’école polytechnique se sont séparées, et pendant une courte période l’université n’a plus proposé d’études en chimie. Elles ont été réactivées en 1954, et en 1969 les deux chaires, jusqu’alors indépendantes, ont été réunies créant ainsi l’Institut de Chimie de l’Université de Wrocław, attaché au Département Mathématiques, Physique et Chimie.
C’est la professeur Bogusława Jeżowska-Trzebiatowska, éminente scientifique dotée d’un exceptionnel talent de manager, qui en est devenue la première directrice. En 1995, l’Institut de Chimie s’est détaché du Département Mathématiques, Physique et Chimie pour devenir l’Institut de Chimie de l’Université de Wrocław. Il compte aujourd’hui 22 équipes de recherche.
L’histoire de la chimie à l’École polytechnique de Wrocław n’en est pas moins riche. Entre 1910 et 1945 a fonctionné Königliche Technische Hochschule Breslau et parmi ses trois départements se trouvait celui de Chimie et de Sidérurgie. Tout juste après la Première Guerre mondiale, l’École a pris le nom de Technische Hochschule. En 1945, la TH comportait quatre départements, dont celui des Sciences générales, englobant les sciences chimiques. Après la séparation de l’École polytechnique de l’Université en 1954, le Département de Chimie de l’École polytechnique de Wrocław a obtenu (en 1957) son nom actuel. Dans sa structure, il y a 16 chaires et unités dont la moitié englobe ce qu’on appelle la chimie « pure », et les autres les technologies et le génie chimique. L’activité scientifique concerne pratiquement tous les secteurs de la chimie contemporaine.
La chimie de Wrocław, ce sont non seulement l’Université et l’École polytechnique. En 1954, est née l’unité de Chimie des corps solides de l’Académie Polonaise des Sciences. Elle porte aujourd’hui le nom de l’Institut des Basses Températures et de Recherche structurale Włodzimierz Trzebiatowski. Se nom lui vient de son créateur et le premier directeur le professeur Włodzimierz Trzebiatowski. Les réalisations extraordinaires de cet institut sont également dues à l’interdisciplinarité de la recherche, car y sont développées, à côté de la chimie, aussi la physique et les mathématiques. Y ont travaillé d’aussi grands chercheurs que le professeur Roman Ingarden, le professeur Józef Mazur, le professeur Kazimierz Łukasiewicz et beaucoup d’autres. Ces dernières années, l’Institut a réalisé des succès dans les domaines tels que la chimie et les applications du graphène, les applications médicales des hydroxyapatites, les nouveaux antibiotiques etc.
À côté des noms cités ci-dessus, il existe à Wrocław d’autres groupes de recherche en chimie, plus petits, mais très dynamiques, ayant à leur actif d’excellentes réalisations. C’est entre autres l’Institut de Chimie et de Technologies de l’Alimentation fonctionnant dans le cadre de l’Université économique, la Chaire de Chimie du Département de Biotechnologies et Sciences de l’alimentation de l’Université des Sciences de la vie, mais aussi les chaires de chimie fonctionnant dans le cadre de l’Université de médecine : la Chaire et l’Unité de Chimie et d’Immunochimie du Département de médecine, la Chaire et l’Unité de Chimie organique du Département de pharmaceutique avec sa division d’Analytique médicale.
Il n’est pas facile d’énumérer tous les acquis de la chimie de Wrocław, et même en choisir les plus importants devient une tâche difficile. La plus forte a été et l’est sans doute toujours la chimie des composés de coordination dont la professeur Bogusława Jeżowska-Trzebiatowska, mentionnée ci-dessus, a été la pionnière. Se développent très vite les disciplines à la croisée de la chimie et de la biologie. Les travaux de Ignacy Siemion et Zbigniew Szewczuk, professeurs à l’Université de Wrocław, sur les peptides et les protéines, ainsi que ceux du professeur Paweł Kafarski de l’École polytechnique de Wrocław, se spécialisant dans la recherche bioorganique, sont connus et très souvent cités. De plus en plus vite se développe la chimie bioinorganique – une nouvelle discipline dont les leaders sont le professeur Henryk Kozłowski (Université de Wrocław) et la professeur Danuta Michalska-Fąk (École polytechnique). De très intéressants résultats sont obtenus par le professeur Cyryl Lechosław Latos-Grażyński (Université de Wrocław), qui, avec son équipe, étudie les porphyrines et les métalloporphyrines. Le professeur Marcin Drąg et le docteur Marcin Poręba (École polytechnique) ont publié le protocole permettant d’établir rapidement et avec précision la spécificité de substrat des enzymes protéolytiques. La docteure ingénieure Paulina Kasperkiewicz (École polytechnique) mène des recherches à caractère unique sur l’activité des enzymes. Les recherches structurelles du professeur Tadeusz Lis (Université de Wrocław) ont apporté la découverte d’une nouvelle classe de matériau magnétique moléculaire. Tout aussi intéressants et ayant des chances de trouver des applications pratiques sont les recherches concernant de nouveaux catalyseurs – la discipline des professeurs Anna Trzeciak (Université de Wrocław), Jerzy Walendzikowski (École polytechnique) et autres. La conception et l’étude de nouveaux matériaux luminescents pouvant trouver leurs applications dans l’optoélectronique, la photonique ou bien la télécommunication sont le domaine, entre autres, des professeurs Eugeniusz Zych (Université de Wrocław), Witold Ryba-Romanowski et Wiesław Stręk (Institut des Basses Températures et de Recherche structurale). Le professeur Marek Samoć (École polytechnique) a fait des découvertes pionnières dans le domaine de l’optique non-linéaire. La chimie théorique qui se développe très rapidement est le domaine des professeurs Zdzisław Latajka (Université de Wrocław), Szczepan Roszak (École polytechnique) et autres. Il serait impossible de ne pas mentionner ce qu’on appelle l’école de la liaison hydrogène de Wrocław, reconnue dans le monde entier, créée par le professeur Lucjan Sobczyk (Université de Wrocław).
La position exceptionnelle de la chimie de Wrocław en Pologne est confirmée par l’attribution, pour la période 2014-2018, du statut KNOW (Centre national dominant de la recherche scientifique) au consortium composé de deux départements universitaires (biotechnologie et chimie), du Département de Chimie de l’École polytechnique de Wrocław, de l’Institut d’Immunologie et de Thérapies expérimentales de l’Académie Polonaise des Sciences, de trois départements de l’Université des Sciences de la vie (ceux de Médecine vétérinaire, de Biologie et d’Élevage des Animaux, et des Sciences de l’Alimentation) ainsi que du Centre hospitalier régional. Le financement dans le cadre de KNOW permet de mener des recherches approfondies dans les domaines de biotechnologie, chimie, immunologie et biomédecine, médecine, médecine vétérinaire ainsi que sciences des aliments et de l’alimentation. La coopération des partenaires permet de créer de nouvelles technologies et – non moins important – rend possible le transfert du savoir de l’université vers l’industrie.
Dans la lumière de ce qui précède on ne devrait pas s’étonner du fait que dans le milieu des chimistes de Wrocław fonctionne activement l’unité locale de l’Association chimique polonaise, créée en juin 1946. Son premier président a été le professeur Włodzimierz Trzebiatowski qui trouve sa successeure aujourd’hui en la personne de la docteure ingénieure habilitée Elżbieta Wojaczyńska.
En reconnaissance des mérites du milieu des chimistes de Wrocław, on lui attribue l’organisation d’assemblées annuelles de l’Association chimique polonaises. Du 17 au 21 septembre 2017, l’assemblée de l’Association chimique polonaise s’est tenue à Wrocław déjà pour la sixième fois. Elle a été coorganisée par l’École polytechnique de Wrocław, l’Université de Wrocław, l’Université des Sciences de la vie et l’Université de médecine. L’assemblé de cette année a revêtu un caractère de jubilé, car elle s’est tenue pour la soixantième fois, mais aussi dans le contexte du 150e anniversaire de Marie Curie-Skłodowska. Y ont participé plus de 800 personnes, on a donné 16 conférences plénières, 103 conférences de section, on a présenté 242 communiqués et 565 posters.
Ce type d’assemblée est une opportunité de présenter les résultats de ses recherches, la possibilité de débattre et d’échanger des idées. De l’envergure et de la diversité des sujets traités témoigne le fait que l’assemblée s’est déroulée dans 16 sections thématiques parallèles. La plus populaire, vu le nombre de participants, a été la section de Chimie organique et bioorganique, mais aussi celle de Chimie physique et Électrochimie. L’assemblée annuelle de l’Association chimique polonaise est aussi une occasion d’honorer des réalisations exceptionnelles de scientifiques polonais et étrangers. Les médailles de l’Association chimique polonaise ont été attribuées aux scientifiques suivants : la médaille de Marie Curie-Skłodowska – au professeur Krzysztof Palczewski (Case Western Reserve University, USA), la médaille de Jędrzej Śniadecki – au professeur Bogusław Buszewski (Université Nicolas-Copernic de Toruń), la médaille de Wiktor Kemula – au professeur Henryk Matusiewicz (École polytechnique de Poznań), la médaille de Jan Zawidzki – au professeur Marek Samoć (École polytechnique de Wrocław), la médaille de Stanisław Kostanecki – au professeur de Piotr Kiełbasiński (Centre de recherches moléculaires et macromoléculaires de l’Académie Polonaise des Sciences, Łódź). Cette année, pour la première fois, a été attribuée la médaille de Bogusława et Włodzimierz Trzebiatowski pour honorer les recherches dans le domaine de la chimie inorganique. La récompense a été décernée au professeur Henryk Kozłowski de l’Université de Wrocław. Sont devenus membres honoraires de l’Association chimique polonaise les professeurs Jack Lipkowski (University of Guelph, Canada) et le professeur Hans-Ulrich Reissig (Freie Universität Berlin, Allemagne).
Pendant l’assemblée, se sont tenues deux sessions spéciales consacrées aux grands noms de la chimie polonaise fêtant des jubilés. Dans le cadre de la Section de Chimie physique et Électrochimie s’est tenu un cycle de conférences liées au 90e anniversaire du professeur Lucjan Sobczyk, et deux sessions de la Section de Chimie organique et bioorganique ont été consacrées au 80e anniversaire des professeurs Marian Mikołajczyk et Jacek Młochowski.
Jacek Gliński
Kazimierz Orzechowski